FNH N° 1085

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 17 NOVEMBRE 2022

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L’inflation portée par le vent du resserrement monétaire de BAM

de cause à effet s’avère plau- sible dans la réalité virtuelle que produit le modèle, il en est autrement dans la foule des réalités profondes et com- plexes qu’il s’efforce de repro- duire. Des réalités qui entrent en résonance avec les sin- gularités du contexte actuel et les comportements propres aux opérateurs économiques marocains.

À cet égard, l’allonge- ment des délais de paie- ment interentreprises et le besoin en fonds de roulement qui s’en est suivi, ont créé une forte dépendance de l’activité économique aux crédits de trésorerie. Cela se reflète de prime abord

Bank Al-Maghrib a jugé opportun de revoir à la hausse le taux de refinance- ment des banques, et ce dans le but de renchérir le cout des crédits.

demande agrégée. L’objectif de la Banque centrale étant de ralentir l’activité économique, en vue d’atténuer les tensions inflationnistes dues à un éven- tuel excès de demande. N’oublions pas que le taux d’inflation s’est élevé à 8,3% en septembre 2022, soit le taux le plus élevé depuis février 1992, sachant que l’in- flation sous-jacente, qui fait exclusion des biens à prix volatils et à prix réglementés, a affiché un taux de 7,4% durant ce même mois. À présent que les mécanismes de cette politique monétaire sont mis en branle, la demande agrégée devrait fléchir vers le bas et l’excès d’offre qui en résulte devrait décélérer le taux d’inflation. Et ce, via des canaux de transmission qui vont du canal du taux d’inté- rêt au canal crédit bancaire, en passant par le canal de

l’effet de richesse qu’exerce la baisse des prix des actifs sur la consommation. Il va sans dire que l’imbrica- tion de ces canaux de trans- mission de la politique moné- taire se réfère aux préceptes du modèle nouveau-keyné- sien. Ce dernier demeure le cadre analytique résolument adopté par Bank Al-Maghrib et légèrement adapté aux spécificités de l’économie marocaine. La simulation des effets de la politique moné- taire, rendue possible grâce à la transcription mathématisée et informatisée de ce modèle, a pour particularité de mettre l’accent sur les pressions inflationnistes intrinsèques à la demande agrégée. Dans cet ordre d’idées, réduire l’inflation revient à réduire la demande par une hausse du taux d’intérêt. Néanmoins, si cette relation

dans la tendance haussière de l’encours des prêts de fonds de roulement, et qui s’est soldée par un taux de crois- sance en glissement annuel de 18% à fin septembre 2022. Occupant environ le tiers du total des crédits octroyés au Maroc, la part relative des crédits de trésorerie dépasse de loin celle des prêts immo- biliers et des crédits à la consommation. Ensuite, la ventilation de cette catégorie de crédits par secteurs institu- tionnels et par branches d’ac- tivité montre que 83% de leur encours sont accordés à des sociétés non financières pri- vées opérant dans le secteur industriel et tertiaire, selon les derniers chiffres publiés par Bank Al-Maghrib. Par ailleurs, les structures par terme et par risque des taux d’intérêt font que le taux débi- teur appliqué à ces crédits de

L a remontée du taux directeur, déci- dée lors du dernier conseil de Bank Al-Maghrib, est l’opérationnalisation d’une contraction monétaire qui se profile à l’horizon. Une telle décision devrait entrainer une hausse conséquente des taux débiteurs afférents aux crédits bancaires, doublée d’une aug- mentation des taux créditeurs servant à calculer la rémuné- ration des dépôts. Compte tenu d’un délai de transmission vers la sphère réelle, et par un effet de subs- titution, ce resserrement des conditions financières devrait décourager la consommation et l’investissement, encoura- ger l’épargne et réduire ainsi la Par Hachimi Alaoui, Professeur d'économie monétaire et directeur d'équipe de recherche

Une grande incertitude plane sur les tenants et aboutissants de la politique monétaire actuellement en vigueur au Maroc, du fait que la hausse du taux direc- teur peut à la fois ralentir l’activité éco- nomique et augmenter les prix.

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