FNH N° 1094

E CONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 2 FÉVRIER 2023

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Hausse des prix

◆ L’inflation est un impôt pour les pauvres et une prime pour les riches. Cette célèbre citation, souvent attribuée à François Mitterrand, sous-entend que la hausse des prix touche davantage les revenus modestes. ◆ Des travaux du FMI confirment le caractère progressif de l’inflation au Maroc. Elle peut atteindre et dépasser les 10% pour les plus pauvres. L’inflation fait des ravages parmi les plus pauvres

à «l'utilisation de véhicules personnels» dans le panier de consommation des ménages à revenu élevé, dont le prix intérieur a reflété les effets de transmission de la hausse des prix internationaux du pétrole.

vent des frustrations chez les citoyens, qui vont rapidement rechercher des explications dans des théories à la marge. En réalité, c’est la notion même de panier qui cause cette asy- métrie d’interprétations. Au-delà des interprétations, cette étude vient confirmer le constat de propagation de l’in- flation aux biens non importés que redoute Bank Al-Maghrib. Tout comme la Banque cen- trale, l’institution de Bretton Woods estime qu’il faudra res- ter sévère en matière de poli- tique monétaire. Selon les services du FMI, «ramener l'inflation à environ 2% d'ici fin 2024 (comme prévu actuellement dans le scénario central) nécessitera de nouvelles augmentations du taux direc- teur, rapprochant ainsi le taux directeur réel ex-ante (actuelle- ment à des valeurs négatives) du taux d'intérêt réel neutre (estimé entre 1 et 2%)». ◆

Inflation et inflation ressentie

Cette étude vient nous rap- peler que l'augmentation de l'indice global des prix à la consommation peut ne pas refléter avec précision les effets de l'inflation sur tous les ménages marocains. Les paniers de consommation varient d'un pays à l'autre, en grande partie en fonction de leurs revenus. Étant donné que les taux d'inflation varient considérablement d'un élément à l'autre des paniers, différents ménages peuvent être touchés très différemment. C’est d’ail- leurs pour cela que les chiffres de l’inflation provoquent sou-

Cette étude vient nous rappeler que l'aug- mentation de l'IPC peut ne pas refléter avec précision les effets de l'inflation sur tous les ménages marocains.

pauvres, qu'en septembre 2022, le taux d'inflation annuel effectif pour les trois quintiles de revenu inférieurs était d'en- viron 2 à 3% supérieur à celui du quintile supérieur. Par ailleurs, la différenciation des catégories entre alimen- taire et non-alimentaire révèle des hétérogénéités impor- tantes : le taux effectif d'in- flation alimentaire décroît de manière linéaire avec le revenu, reflétant la part relativement plus élevée des aliments (en particulier les légumes) dans le panier de consommation des ménages à faible revenu. En moyenne, l'inflation alimentaire effective pour les trois quin- tiles inférieurs était supérieure d'environ 5% à celle du quintile supérieur. En revanche, le taux d'inflation effectif non alimentaire aug- mente de manière linéaire avec le revenu. Cela reflète princi- palement la part relativement plus élevée des dépenses liées

L e FMI confirme ce constat pour le Maroc dans son dernier rap- port relatif aux travaux du livre IV publié cette semaine : «l'inflation annuelle effective moyenne pour les cinq quintiles de revenu inférieurs était d'environ 10,4% par rap- port à l'augmentation de 8,3% de l'indice global des prix à la consommation». Pour arriver à ce constat inédit, les économistes du Fonds ont analysé l'impact de l'inflation sur les ménages marocains à l'aide de l'enquête auprès des ménages du Maroc de 2019 - élaborée par l'Observatoire national du développement humain (ONDH) du Maroc - et des indices détaillés des prix à la consommation à 4 chiffres construits par le HCP. Les résultats montrent, en plus du chiffre de l’inflation annuelle à plus de 10% pour les plus Par A. Hlimi

L'inflation annuelle effective moyenne pour les cinq quintiles de revenu infé- rieurs était d'environ 10,4%.

Méthodologie

Pour mener son étude, le FMI a procédé en trois étapes. Premièrement, les données sur le revenu de l'enquête du HCP sont utilisées pour classer chaque ménage dans dif- férents quintiles selon leurs revenus. Deuxièmement, les données détaillées de l'enquête sur les dépenses d'environ 1.300 articles de consommation, regroupées en 27 catégories de dépenses, 11 aliments et 16 non alimentaires, sont utilisées pour calculer les parts des dépenses sur différents articles de consommation par quintile de revenus. Troisièmement, les 27 catégories de dépenses sont mises en correspondance avec les indices des prix à la consom- mation à 4 chiffres.

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