Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

Retour vers le menu

l'œuvre dans l'identification projective. Le modèle Contenant-Contenu est aujourd'hui largement accepté ou accueilli par la communauté scientifique avec un vif intérêt, non seulement au sein du groupe kleinien, mais aussi en dehors de celui-ci. Arnold Modell (1989) a parmi d'autres souligné la fonction contenante du cadre psychanalytique global et Judith Mitrani (1999, 2001) a élaboré l'importance de la fonction contenante de l'analyste dans le cadre des paradigmes de transfert-contretransfert, pour des cas divers de conditions développementales et psychosomatiques. Le modèle contemporain franco-canadien de Louis Brunet (2010), lequel est un exemple d'une synthèse de la pensée « bionienne tardive » (« late Bionien » ; Grotstein, 2005) et française (De M’Uzan, 1994) à ce sujet, apporte une construction clinique spécifique de ce concept. Ainsi, la contenance présente aussi bien des aspects « fantasmatiques » que « réels » qui doivent être compris conjointement. Il y a des aspects intrapsychiques et « fantasmatiques » dans la psyché du patient ainsi que celle de l'analyste, et une « réelle » réponse de l'analyste ou de l'objet. La taxonomie abrégée des cinq étapes menant à une réponse contenante adéquate est explicitée comme suit : 1- le point de départ peut consister en l'identification projective du patient (contenus affligeants évacués/projetés sur l'analyste) associée au fantasme inconscient du patient de l'existence d'un objet potentiellement destructeur qui serait capable de "contenir" ces projections dangereuses et rendre à l'enfant (le patient) une version « tolérable », « intégrable » de ce contenu ; 2- à la suite de ce premier mouvement « intrapsychique », le patient, ou enfant, y ajoute des communications verbales et infraverbales, des attitudes et des comportements, lesquels agissent en « inductions émotionnelles » envers le sujet (analyste, parent). Ces inductions sont des tentatives de « toucher l'analyste » pour le mener à ressentir et prendre en lui ce qui est projetté. (Voir Grotstein, 2005). 3- L'objet « réel » (la mère, l'analyste) doit être disposé à être touché, impressionné, ému, agressé, utilisé, en fait, de tous les moyens nécessaires par le transfert d'éléments archaïques du patient ou de l'enfant. 4- La mère, l'analyste - éprouve des émotions, certaines consciemment, mais principalement inconsciemment, par les identifications. L'adjuvant de telles identifications, ainsi que les propres angoisses et conflits déclenchés de l'analyste/la mère, créent un objet-soi amalgamé. De M'Uzan (1994) a étudié cet aspect par le concept de « la chimère ». 5- Cette chimère doit être « comprise et transformée » par l'analyste. Ce travail peut être conçu comme une « digestion psychique » tout aussi bien des projections du patient/enfant que des conflits et affects de l'analyste/mère mobilisés par la projection. Il doit ensuite restituer un « contenu digeste », avec le danger d'envoyer au patient une identification contre-projective. En Amérique Latine , Roosevelt Cassorla (2013) a approfondi le thème de la fonction symbolisante contenante de l'analyste, dans le contexte d’une ‘mise en acte chronique’ (voir l'entrée distincte ÉNACTION). Il décrit la capacité à symboliser en conséquence de l'action contenante de la fonction α symbolisante implicite, que l'analyste utilise pendant les énactions (mise en actes) chroniques. Dans ce contexte, la fonction α implicite de l'analyste est la capacité

103

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker