Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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ont continué à développer les connaissances sur les conséquences neurobiologiques des expériences dyadiques précoces (Balbernie, 2001 ; Siegel, 1999 ; Schore, 2003, 2010) chez les enfants avec et sans antécédents traumatiques précoces. Le message clé des études neuroscientifiques sur le développement du cerveau précise que « les connexions humaines façonnent les connexions neuronales à partir desquelles l'esprit émerge » (Siegel, 1999, p. 2) 52 . Au cours des trois premières années de la vie, trois circuits cortico-limbiques de base destinés à l'autorégulation des affects sont activés et façonnés en fonction de l'interaction avec les figures parentales, posant ainsi les bases de la manière dont les émotions significatives futures seront ressenties et gérées. Dans ce contexte, Schore (2003) a également étudié les corrélats neurobiologiques de l'apparition précoce de la dissociation chez les nourrissons dont on a observé qu'ils correspondaient à la structure rythmique des états dérégulés de leur mère, à savoir l'hyperexcitation et l'hypoexcitation dissociative. Les travaux d'Allan Schore (2001) sur la régulation des affects fournie par la relation dyadique sont très proches du concept de contenance. Bien qu'il n'utilise jamais ce terme spécifique, il consacre beaucoup de réflexion à la question de l'identification projective en tant que communication inconsciente entre les hémisphères droits de la mère et de l'enfant (ou du patient et de l'analyste), de manière à décrire un processus dont l'intériorisation conduira éventuellement à une aptitude à la régulation émotionnelle, qui semble être la base de la contenance. À cet égard, il est intéressant de noter la proximité entre les concepts de contenance et de régulation émotionnelle, comme l'exprime Anne Alvarez (2016) : « On s'intéresse beaucoup aujourd'hui en Amérique à l'autorégulation, et en Grande-Bretagne à la contenance, mais quelles en sont les composantes ? » 53 . Cette question révèle que des termes tels que l'autorégulation et la contenance présentent une superposition conceptuelle et clinique qui mérite d'être explorée et intégrée davantage. Le concept neurobiologique du « réseau du mode par défaut » (RMD), défini par Raichle (2001), a favorisé plusieurs développements dans le domaine des neurosciences et des disciplines apparentées. Le RMD, réseau opérationnel dans la mentalisation spontanée qui survient dans environ 50 % de la vie quotidienne, est une passerelle riche en interconnexions qui relie les centres de la cognition sociale et de la mémoire, et qui implique les perspectives entre soi et l'autre, la rêverie, le sens de soi, l'exploration de l'avenir entre autres. À noter qu'il atteint sa forme définitive au terme de l'enfance et qu'il est absent ou altéré chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer comme chez les personnes atteintes d'autisme. Si l'on considère que de telles structures du RMD englobent plusieurs expériences relatives au sentiment de soi, on peut se demander si elles ne pourraient pas être considérées comme une expression matérielle, en termes de réseaux cérébraux, de ce que la psychanalyse définit par la fonction de contenance (Fonseca, 2019). Nous devons à Serge Lecour et Marc-André Bouchard (1998) une tentative d'intégration des sciences cognitives et de la pensée clinique et métapsychologique psychanalytique de divers réseaux conceptuels, y compris celle de Freud et de la psychologie

52 Citation traduite pour cette édition, N.d.T. 53 Citation traduite pour cette édition, N.d.T.

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