Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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présageait déjà ce développement selon lequel le contre-transfert de l'analyste est déterminant pour interagir avec le transfert de l'analysant. Les réactions affectives de toutes sortes, même l'amour ressenti envers un patient traumatisé, étaient pour Ferenczi des moteurs de changement psychique potentiels. Sa position analytique de « l'observateur participant » et sa « technique élastique » (Ferenczi 1928) pouvaient bien être considérés comme étant les précurseurs de tous les points de vue ultérieurs du contre-transfert en termes de co-construction et de co-création, et une considération de l'expérience subjective de l'analyste, participant majeur dans un traitement analytique de multiples façons. La perspective reconnue de Ferenczi sur le contre-transfert, mais aussi sur la pratique de la technique élastique, d'une rare créativité, continuellement influente, surtout en ce qui concerne le travail analytique avec les patients souffrant de traumatismes (Papiasvili 2014), a cependant été controversée et considérée excessive depuis le début, telle que Balint l'a favorablement, bien que rigoureusement, passée en revue. Les éléments plus radicaux de cette perspective ont fait surface plus tard par le biais de l'analyste Nord-américain Harold Searles (1959, 1979), qui a insisté que même un contre-transfert érotique [l'analyste qui développe un intérêt érotique pour l'analysant] peut susciter un puissant changement psychique chez le patient. C'est par Heimann, en 1950, que l'idée, selon laquelle le transfert pouvait être considéré comme un outil thérapeutique précieux, est devenue explicite. Tout en mettant l'accent sur le sentiment de l'analyste envers le patient, Heimann expliquait, au sujet du contre-transfert, que « notre postulat de base est que l’inconscient de l’analyste comprend (understands) 50 celui de son patient. Ce rapport à un niveau profond émerge à la surface sous la forme de sentiments dont l'analyste tient compte dans sa réponse au patient, dans son ‘contre-transfert’ 51 ». (Heimann 1950, p. 82). L'analyste doit utiliser sa réaction émotionnelle au patient, le contre-transfert, comme une clef qui donnerait l'ouverture aux sens cachés ; il ou elle doit être capable de « soutenir les sentiments qui sont éveillés en lui, en tant que cela s’oppose au fait de les exprimer (ce que fait le patient), afin de les subordonner au travail analytique dans lequel il fonctionne comme miroir réfléchissant du patient. » (1950, p 81-82). Ainsi, le contre-transfert de l'analyste est, pour Heimann un instrument de recherche à l’intérieur de l’inconscient du patient , l'un des outils les plus importants pour le travail analytique : la condition de son usage analytique est cependant qu'il soit reconnu comme tel et non pas de le mettre en acte. Les idées de Heimann (1960, 1982) ont ainsi dominé et informé les écrits sur le contre-transfert dans un large éventail de cultures psychanalytiques. Sa perspective a été qualifiée de vision du transfert selon le modèle « à deux personnes » (‘two- person’) , qui appelle à reconnaitre que le contre-transfert est en partie une création de l'interaction entre l'analyste et l'analysant, ainsi que l'action du transfert de l'analyste

50 Ndt. De l’anglais « understand »” signifiant le verbe comprendre, et non contenir 51 Ndt. Edition française : Paula Heimann, « A propos du contre-transfert » (1950), in « Le contre- transfert ». Paula Heimann, Margaret Little, Lucia Tower, Annie Reich

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