Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

Retour vers le menu

niveaux les plus archaïques de la psyché du patient par le détour de l'é naction (enactment), développée des années plus tard (Jacobs 1986 ; Godfrind-Haber et Haber 2002 ; Mancia 2006 ; Sapisochin 2013 ; Cassorla 2013). À partir de la fin des années 1950, Bion (1959) et Rosenfeld (1962) ont développé le concept dans l'idée que l'identification projective est une communication inconsciente de la part de l'analysant. Bion (1959) a tracé une parallèle entre l'interaction thérapeutique et le mode par lequel l'enfant souffrant projette son désarroi dans la mère qui le 'contient' et peut ensuite y répondre de manière appropriée. L'analyste a la même fonction (contenante/'alpha') : 'contenant' les projections du patient dans un état de 'rêverie', les 'digérant' et réagissant par des interprétations appropriées. Dans cet esprit, le contre-transfert est conçu non seulement comme un instrument par lequel l'analyste peut accéder au monde inconscient du patient, mais aussi un support par lequel les expériences intolérables du patient peuvent être traitées : ce n'est pas uniquement un instrument de recherche, mais aussi un support pour la cure. Le développement par Bion des notions de contenance et de fonction alpha chez l'analyste ont conduit à une forte appréciation de l'infusion de l'esprit de l'analyste, ses affects et même son moi corporel avec les processus inconscients et préconscients de l'analysant. (Voir aussi l'entrée CONTENANCE : CONTENANT-CONTENU) Dans son développement ultérieur, le concept d'identification projective a continué d'occuper un rôle significatif dans la théorie kleinienne, bionienne et néo-bionienne et dans de nombreuses perspectives intersubjectives et interpersonnelles. Prolongée à partir de la théorie du fantasme et de la défense primitifs vers la théorie de la communication et la pensée archaïque, la complexité de la relation et de la différentiation entre l'identification projective et le propre contre-transfert de l'analyste est devenue considérable (Grotstein 1994). La construction de la signification réciproque et créative dans les travaux de Bion, Rosenfeld, et ensuite leur descendance Mawson (2010), dans le cadre des échanges transféro- contretransférentiels, représentent un processus complexe où l'analyste doit élaborer les états d'affects induits afin d'y entrevoir leur aspect communicatif. Ce type de projection peut, pour l'analyste, éclaircir, par le biais de son contre-transfert, les états d'affect où le patient s’affronte et communique. Dans les travaux d'Alvarez (1992), cette perspective se développe davantage sur une vision de l'ensemble du processus analytique comme étant co- construit. La riche compréhension du pouvoir des processus intersubjectifs sur l'analyste, l'analysant et le traitement est profondément redevable à l'évolution de la pensée kleinienne en Grande Bretagne, à partir de Klein, par Bion, (1959) et Rosenfeld, (1962, 1969, 1987), et l'école d'Argentine de Racker (1957, 1968) et Grinberg (1956, 1968). Des développements variés de cette perspective continuent dans les travaux de Segal, (1983), Joseph (1985), Spillius, (1994) et O’Shaughnessy (1990), Steiner (1994), Feldman (1993) et Britton (2004; Segal & Britton 1981) en Grande Bretagne, et ceux de Grotstein (1994), Mitrani (1997, 2001) et d'autres aux USA. Depuis les premiers écrits de Ferenczi, ses travaux sur le contre-transfert ont continué leur influence directement ou indirectement. L'une des principales sources des idées de Ferenczi sur le contre-transfert, Michael Balint, l'auteur du concept du « défaut fondamental » (Balint,

132

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker