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petite enfance mais qui n'a pas été vécu ou éprouvé. Pendant la période de la prime enfance, lorsque la psyché et le soma sont encore indissociables l'un de l'autre, les 'happenings' (évènements) (Bion, 1962) sont enregistrés dans le corps et sont maintenus de façon corporelle jusqu'à ce que la représentation psychique est rendue possible. Lorsque l'analyste fait bon usage des énactions, le corps reçoit une seconde chance de représentation symbolique alors qu'il entre dans des relations significatives avec d'autres représentations psychiques. Du point de vue de Mitrani, un tel ‘ évènement non-mentalisé ’ de douleur ressentie mais non soufferte, enregistré à un niveau sensuel ou corporel, en attente d'être assignée à une signification symbolique, pourrait bien être à la source de nombreuses énactions en analyse. La perspective neurobiologique sur le rôle du corps dans l'énaction, par des souvenirs somatiques, a fait l'objet de recherches, ainsi que de révisions, par, entre autres, Van der Kolk and Van der Hart (1991). Leurs débats couvrent les idées neurobiologiques initiales de Janet et Freud jusqu'aux hypothèses actuelles de l'encodage somatique dans le cerveau des souvenirs traumatiques. Pour l'école relationnelle, l'énaction est un concept central dans la théorie de la psyché et pour la compréhension de l'action thérapeutique en analyse clinique. Active aux USA depuis les années 1980, les théoriciens de la relation d’objet, tels que Anthony Bass, décrivent leur approche ainsi : « Les approches relationnelles contemporaines sont en grande mesure définies.... par leur accent sur les avantages de la participation commune : l'interaction, l'intersubjectivité et l'impact mutuel qui résultent de l'interaction constructive mutuelle complémentaire du transfert et du contre-transfert. Ces phénomènes peuvent se manifester remarquablement (avec tout le pouvoir de leur emprise sur l'inconscient) dans la négociation du processus de ce qui peut ressembler souvent aux champs de mine de l'énaction. » (Bass, 2003, p. 658). Irwin Hoffman (1994) précise la pensée dialectique que contient cette approche et examine, par exemple, les implications techniques de l'autorité chez l'analyste, la réciprocité et l'authenticité de la capacité unique du patient pour les interactions inconscientes. Pour Bromberg (1998, 2006), l'esprit est le paysage de multiples états du moi en mouvement. L'énaction dans la situation de traitement est le moyen d'accès aux contenus d'états du moi séquestrés, auparavant inaccessibles. Selon Bromberg (2006), Bass (2003), Hoffman (1994) et Mitchell (1997), c'est en restant conforme à la relation traditionnelle que les analystes consultent leurs propres états du moi en mouvement perpétuel, pour y trouver des indices de ce qui est à l'œuvre chez leurs patients. L'énaction est également à l'épicentre de l'approche des systèmes intersubjectifs. Cette approche a été développée par Robert Stolorow et autres en fin des années 1980, et fait la lumière sur les aspects interpersonnels de l'approche relationnelle au traitement. Dans l'approche intersubjective, les énactions sont considérées évoluer à partir d'états relationnels dissociés, représentant la communication interpersonnelle à partir des expériences et traumatismes neuronaux précoces encodés du patient. L'école intersubjective est inspirée de
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