Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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la recherche neuroscientifique, ainsi que des recherches effectuées sur la communication non- verbale pendant la petite enfance, l'enfance et chez leurs parents, par exemple celle effectuée par Beatrice Beebe et Frank M. Lachmann (2002). Ilany Kogan (2002), analyste israélien, membre éminent de l'équipe de recherche sur les traumatismes de Yale (Yale Trauma Research Team), aux USA, a exploré l'énaction chez les enfants qui ont survécu à l'Holocauste. Elle pose la définition du terme en « la compulsion à recréer les expériences vécues par leurs parents dans leur propre vie, par des actes concrets » (2002, p. 251). C'est une démonstration clinique importante qui démontre précisément comment les récits émotionnels du monde interne du sujet peuvent être dissimulés de la conscience. La transmission intergénérationnelle du traumatisme y est impliquée, ainsi que la théorie de la communication inconsciente interpersonnelle de Freud, mais aussi, bien qu'elle n'en fasse pas état, l'idée de Hans Loewald (1975) selon laquelle l'analyse est analogue à la mimésis en art dramatique, dans ce cas-ci la tragédie. Kogan fait ici une distinction au sujet de l'utilisation qu'elle emprunte du terme 'énaction', vis à vis d'autres auteurs, en précisant que, au contraire de Jacobs (1986) par exemple, elle n'est pas focalisée spécifiquement sur l'immédiateté interactive entre le patient et l'analyste. Son concept est davantage similaire à un amalgame de ‘l'acting-out’ et ‘l'acting-in’ de Freud et de l'actualisation de Sandler (1978) et Eshel (1998). Elle emploie le terme conjointement avec ‘un trou noir’ (p. 255), un écart dans l'information consciente au sein de la psyché, néanmoins non vide (voir ‘le cercle vide’ de holocauste, de Auerbach et Laub et autres auteurs, sur le traumatisme sévère). Selon Loewald (1975), l'absence psychique est inhérente à l'énaction, elle se découvre en analyse, et développe la différentiation, la croissance et l'autonomie. Sur ce point, Kogan est semblable à Loewald. Kogan illustre sa pensée par des exemples cliniques, tels que : Une femme, qui, dans sa jeunesse, était anorexique (une énaction de la famine parentale), dont le père avait dissimulé l'existence d'une première femme et d'un enfant perdus pendant la Shoah, s'était mariée, à l'âge de 31 ans, à un homme qui avait abandonné sa femme et son enfant. Bien qu'elle n'en ait aucune idée, son mariage à cet homme était une énaction de la situation paternelle. Pendant son analyse, elle a, pendant toute une journée, par inadvertance déserté un chaton adoré, qui est mort, laissé dans une salle de bains surchauffée. Plus tard elle s'est elle-même endormie dans une chambre où s'est produite une fuite de gaz. Elle n'avait aucune connaissance consciente des expériences de son père à cette époque. Cela a nécessité un travail sur le transfert, afin de détecter les différentes identifications victime-persécuteur inconscientes et sur les variantes autopunitives qui entrent en jeu. Le récit familial peut être éventuellement mis en parole. IV. C. Développements européens et pertinence clinique Les analystes européens utilisent le terme d'énaction et d'autres termes connexes, tels que le contre-transfert et l'acting-out, lorsqu'ils traitent les phénomènes cliniques impliqués dans le concept. Généralement, ils se limitent spécifiquement à la situation analytique. En fait, de nombreux analystes européens parlent de l'acting-out ou de l'énaction en référence à un même fait clinique, les deux termes en synonymes. Pour d'autres analystes,

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