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(ibid., p 285). Pour réussir, le refoulement exige une charge constante de force. Les symptômes sont issus de l'échec du refoulement, c'est-à-dire le retour du refoulé. Simultanément, l'affect extirpé de la représentation refoulée se convertit en ‘innervation somatique’ (ibid., p 285), qui apparaît comme une conversion hystérique en un symptôme corporel. La méthode psychanalytique innovante de libre association est apparue de par le constat qu’il n'y a aucune chance d'avancer ( vorzudringen ) directement au noyau de l'organisation pathogène (ibid., p 292) puisque les strates internes de l'organisation pathogène sont de plus en plus étrangères au Moi (ibid., p 290). Toutes les expériences de la petite enfance ne font pas l'objet de refoulement. La théorie freudienne a stipulé que les contenus de l'inconscient consistent en des fixations de désirs chez l'enfant, marqués par la sexualité infantile. Dans cette période initiale, ainsi que sa correspondance avec Fliess l'atteste (Freud, 1892-1899), Freud développait ce qui plus tard a été connu sous le terme de théorie de la séduction : l'enfant a été séduit par un adulte, cette relation dépose des traces troublantes qui apparaissent plus tard à la conscience, de manière déplacée et déformée, par des forces s'opposant à ce qu'elles deviennent conscientes. La théorie de la séduction était essentiellement une théorie du traumatisme sexuel pathogène pré-adulte, déterminant unique de psychopathologie ultérieure. L'expérience traumatique pendant l'enfance peut avoir été oubliée, dissociée ou refoulée, pour ensuite être réactivée, ou exercer un effet traumatique en différé dans la période adolescente, après la puberté. Un héritage persistant de l'aspect dynamique de l'inconscient concerne la notion des forces associées en opposition dynamique, menant à de nouvelles formations psychiques. Pendant les années 1893- 1895, Freud avait évoqué l'opposition entre les affects associés aux évènements traumatiques et les prohibitions morales de la société. Pendant son auto-analyse entre 1895 et 1900, Freud vint à considérer de plus en plus les forces opposées comme étant internes : pendant cette époque, la construction de sa conception initiale de l'appareil mental, organisé par deux forces associées en opposition dynamique, le désir inconscient et la prohibition orientée par la réalité, suivait son cheminement. A cette époque, lorsque la théorie de l'inconscient n'était pas encore systématisée, Freud avait été frappé par l'idée que le matériel psychique est de temps en temps sujet à un réaménagement , une transcription . Dans sa correspondance privée avec Wilheim Fliess, datée du 6 décembre 1896, Freud (1892-1899) disait à Fliess qu'il travaillait sur la base du postulat selon lequel le ‘mécanisme psychique ’ a lieu sous forme de traces mnémoniques . Celles-ci ont lieu par un processus de stratification, réaménagées selon la manière dont elles sont perçues, et sont de nouveau subordonnées à la transcription. Ce qui est évoqué ici signifie que la transcription des scènes entendues et vues, mais pas encore suffisamment comprises, ont lieu constamment dans l'appareil psychique. C'est la première indication du concept de Nachträglichkeit . Dans son esquisse du Projet (1895) , jamais publiée à son époque, Freud a explicité l'hystérie en termes de Nachträglichkeit : « ... un souvenir refoulé ne s’est transformé qu’après coup en traumatisme [Nachträglichkeit] » en vertu de son action différée (Freud, 1895, p.365). De ce point de vue, l'inconscient contient des traces mnésiques déformées de scènes provenant de la petite enfance, qu'il a été impossible de traduire parce que l'enfant n'a pas encore acquis le langage ou parce qu'il était impossible pour l'enfant à ce moment-là de
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