Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

Retour vers le menu

ont été approfondies, spécialement par les idées de Bion en termes de rêverie . Selon Bion, la rêverie est « un état d’esprit ouvert et réceptif à tout ce qui provient de l'objet aimé, et donc réceptif aux identifications projectives de l’enfant [patient], qu'elles soient ressenties comme bonnes ou mauvaises par l'enfant [le patient]. » (Bion, 1962, p. 36). D'autres composants importants du cadre interne sont la neutralité et l'abstinence. La définition de la neutralité , selon Laplanche et Pontalis est une attitude de l'analyste par laquelle il doit rester « neutre quant aux valeurs religieuses, morales et sociales […], neutre au regard des manifestations transférentielles, […] neutre enfin quant au discours de l'analysé, c'est-à-dire ne pas privilégier a priori, en fonction de préjugés théoriques, tel fragment ou tel type de significations. »" (Laplanche, Pontalis, 1973 p. 271). Anna Freud a défini la neutralité en termes selon lesquels l'analyse a besoin de rester à équidistance du moi, du surmoi et du ça du patient (1936). Pour Laplanche et Pontalis, l' abstinence signifie que l'analyste devrait « se refuser à satisfaire les demandes du patient et à remplir effectivement les rôles que [le patient] tend à lui imposer. » « (1973, p. 2). Freud a relevé les dangers du zèle thérapeutique dans ses articles sur la technique (1912-1914) et a donné la description célèbre de l'analyste agissant tel un chirurgien. Cette dernière comparaison a donné lieu à de mauvaises interprétations et critiques si elle est prise littéralement (comme dans l'idée de l'analyste silencieux). Rycroft (1985) a souligné le fait que l'analyste ne doit pas uniquement donner des interprétations ‘correctes’, mais qu'il lui sera important de faire en sorte que sa relation avec ses patients permette qu'un processus analytique puisse s'y développer. Aron (2001) confirme que l'interaction en analyse est asymétrique. Pour l'une de ces asymétries, bien que les deux participants ne seront pas en mesure de maintenir le cadre simple ou ‘frame’, il en revient à la responsabilité de l'analyste à restaurer le cadre par le biais de l'analyse. C'est une question aussi bien éthique que métapsychologique, liée au devoir et à la fonction de l'analyste. La neutralité et l'abstinence forment également la base de la dimension éthique de l'attitude de l'analyste envers son/sa patient(e) et son travail. Sans une internalisation authentique de ces capacités, les besoins narcissiques de l'analyste pourraient mener à une exploitation de la vulnérabilité du patient. L'étude des violations éthiques (Gabbard et Celenza, 2003) a révélé l'importance et la signification de l'abstinence analytique et de la nécessité constante que l'analyste surveille son propre contre-transfert. Bien que le cadre interne se réfère habituellement à l'analyste, il n'y a cependant aucune raison que cela ne soit pas également pris en compte en ce qui concerne le patient également . La spécificité de la situation analytique se situe dans la volonté du patient à permettre la libre expression de ses affects, conflits et fantasmes inconscients, et la réactivité de l'analyste à l'appréhender. Pour que le patient soit capable d'exprimer ses fantasmes inconscients, il lui sera nécessaire d'être dans un état psychique particulier, pas facile à réaliser, lui permettant d'accepter l'implication qui consiste à essayer de se conformer à la libre association. Selon Freud, cette règle

21

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker