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profonde régression, dans laquelle le cadre analytique et la présence vivante de l'analyste créent un environnement facilitateur nécessaire pour que le développement sain du (véritable) moi puisse émerger : de différer les interprétations précoces fait partie des adaptations que l'analyste doit effectuer. Melanie Klein (1952, p. 55) considère dans ses écrits que l'espace thérapeutique est dominé par le transfert, une ‘situation totale’ de l'interaction entre l'analyste et l'analysant, où l'interprétation est considérée être l'outil principal de l'analyste pour interagir avec le patient. Klein aspirait à créer, en accord avec Freud, un espace objectif où les projections d'objets internes mauvais ou bons, ainsi que les parties du moi, sont libres d'émerger dans l'espace analytique. Winnicott a précisé un cadre différent de celui que Klein a construit. Alors que Klein recherche l' objectivité dans l'espace thérapeutique, Winnicott vise un espace tout à fait différent, dans lequel la ‘fiabilité’ créé un climat qui facilite la subjectivité de l'analysant, subjectivité dans le sens où l'espace est conforme au sens d’être soi-même du patient et ne cherche pas à l'empiéter. « La situation analytique reproduit les techniques de maternage primitives, les toutes premières. Elle invite à la régression en raison de sa stabilité » 14 (Winnicott 1954, p, 286). La thèse de Winnicott stipule que chez certains patients il existe un état primitif de non-intégration qui nécessite une régression aux tout premiers stades du développement. Par cette régression, l'analysant peut se confronter à ses propres distorsions et fixations développementales, afin d'en trouver d'autres solutions, avec le concours de l'analyste, dans l'environnement sécure et sensible qu'il apporte. Il s'agirait donc de fournir un cadre professionnel qui donne confiance à l'analysant, lui permettant « la régression à la dépendance » (Winnicott, 1954, p. 287), une dépendance saine susceptible de réinitialiser les premiers processus développementaux. Une parallèle intéressante pourrait être faite avec le concept de transfert ‘en creux’ de Laplanche, lequel régresse également aux origines, c'est-à- dire aux désirs énigmatiques des figures parentales précoces (Laplanche, 1997, 2010). D'autres analystes, tels que Etchegoyen (1986), pensent que le cadre n’est pas conçu pour créer une régression, mais pour le découvrir et le contenir. Dans la métapsychologie kleinienne, la régression est plutôt considérée comme une ‘retraite psychique’ (Steiner, 1993) ; la régression n'est pas l'aboutissement du cadre, mais la pathologie du patient mise en évidence, dans des conditions de travail spécifiques que le cadre analytique procure.
V. CADRE ET PARAMÈTRES
Cette entrée présente le cadre standard nécessaire pour faciliter un processus psychanalytique. Il existe des controverses en rapport à d'autres éléments du cadre. En général,
14 Ndt : version française, Chapitre 10 « Les aspects métapsychologiques et cliniques de la régression au sein de la situation analytique » (1954), in : « De la pédiatrie à la psychanalyse »
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