Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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droit entre la mère et l'enfant (Schore, 1994). Dans la littérature neurobiologique actuelle, l'hémisphère droit du cerveau est dominant pour les « expériences émotionnelles subjectives » (Wittling and Roschmann, 1993). « Le transfert de l'affect interactif entre les cerveaux droit de la dyade mère-enfant et thérapeutique se décrit mieux par le terme d'’intersubjectivité’ [...] Les études récentes de l'hémisphère droit précisent donc la neurobiologie de la neurosubjectivité . » (Schore 1999, p.52). Schore propose que tout comme le cerveau gauche communique son état à d'autres cerveaux gauches, par des comportements linguistiques conscients, le cerveau droit communique par prosodie, par des mouvements délicats des muscles du visage, des mouvements oculaires rapides, par la gesticulation corporelle, etc., ses états inconscients aux cerveaux droits qui sont ajustés pour recevoir ces communications. L'hémisphère droit visuo-spatial est non-linéaire, mieux équipé pour la réflexion et communiquer les états émotionnels des flux de pulsation d'énergie non-linéaire entre les composants d'un système autoorganisé esprit-corps dynamique de l'hémisphère droit. Dans ce contexte, Schore (1994) et Shevrin (2010) argumentent en faveur des modèles économiques de Freud, considérés obsolètes depuis longtemps et nécessitant d'être modernisés et réintégrés en psychanalyse. A l'opposé de l'analyse de l'information linéaire consécutive de l'hémisphère gauche, l'hémisphère droit est fortement sensible aux conditions initiales et aux perturbations, une propriété des systèmes chaotiques (Ramachandran et al. 1996). L'hémisphère droit utilise la pensée par image, une stratégie globale synthétique qui s'adapte quand l'information est « complexe, contradictoire au niveau interne et globalement irréductible à un contexte non-ambigu » (Rotenberg, 1994, p. 489). Ces caractéristiques s'appliquent également au processus primaire de mentation , une fonction de l'hémisphère droit (Galin, 1974 ; Joseph, 1996) de l'esprit inconscient. Efrat Ginot (2007) a examiné comment les styles implicites d'attachement, dans leur encodage neuronal, trouvent leur expression répétée tout au long de la vie et se réalisent par l'énaction. Elle postule que les énactions ( enactments) sont des manifestations intersubjectives de schémas d'attachement neuronalement encodés, acquis dans le contexte des relations primaires. Ceci est un exemple pour illustrer comment les zones apparemment non connectées, et dans ce cas l'intersubjectivité, l'attachement et la neuroscience, s'entrecroisent inévitablement et s'illuminent les uns les autres. Rassembler les études neurobiologiques développementales et les études psychanalytiques développementales, a permis à Otto Kernberg (2015) de mettre en relief la complexité dynamique des premières semaines et premiers mois de la vie, dans lesquels les affects « affiliatifs » et les pulsions liés à l'attachement, le lien par le jeu (play-bonding ) et la stimulation érotique, nourrissent l'attention intense portée à l'autre. L'une des conclusions potentielles pointent sur des volontés non-linéaires bidirectionnelles d'unité (double) symbiotique et de différentiation de soi et de l'autre, qui débutent pendant les premières semaines de la vie .

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