Retour vers le menu
« Nous nous trouvons ici devant le cas où un souvenir éveille un affect qu’il n'avait pas éveillé en tant qu'évènement parce qu'entre-temps le changement de la puberté a rendu possible une autre compréhension de ce qui est remémoré. […] Dans tous les cas il se trouve qu'un souvenir est refoulé qui n’est devenu un trauma qu' après-coup . La cause de cet état des choses est le retard de la puberté par rapport aux autres aspects du développement de l'individu. » (Freud, 1895b, p. 356 ; italiques de l’auteur). Dans cet énoncé, Nachträglichkeit existe dans la relation entre les termes souvenir- refoulement-trauma. La citation complète constitue la définition du concept dont la dynamique découle de l'interaction entre les trois termes et leur ordre déterminant entre eux : en relation avec ce qui est refoulé, comment ce l'est, comment cela se résulte en un trauma, comment la remémoration parvient à la signification. Ce fut déjà Jean-Martin Charcot qui décrivit l'organisation chronologique des symptômes de l'hystérie en deux temps avec un troisième, appelé période d'incubation ou d’élaboration psychique, situé entre l'évènement traumatique (le choc) et l’après manifeste (le symptôme). En qualité d'élève de Charcot (Freud était son traducteur allemand), et soucieux de libérer les symptômes psychiques de l'impasse étiologique de la théorie de la dégénérescence, Freud prit au sérieux les repères temporels de la conception du Maître de la Salpêtrière. Il focalisa par conséquent son attention sur l'entre-deux-temps, et le travail psychique inapparent qui s'y déroule. II. D. La période de latence et le travail psychique du refoulement « L'interprétation du rêve » (1900a, b) était le résultat de l'attention que Freud avait portée au travail psychique spécifique qui eut lieu pendant le temps intermédiaire que Charcot avait qualifié de période d'incubation psychique ou d'élaboration psychique, et que Freud renomma période de latence. Cela permit à Freud de prendre en compte une nouvelle opération psychique quotidienne, la mise en latence. Une période de latence s'observe facilement au sein du développement de la sexualité humaine et ses deux phases, bien qu'elle soit également constatée dans un fonctionnement mental ordinaire. La mise en latence est une opération impliquée dans la théorie du rêve, dans l'oscillation entre le jour et la nuit. Elle s'observe particulièrement par ses effets après coup pendant les séances d'hypnose et d'analyse. Les entre-deux qui sont la nuit et la séance d'analyse, constituent des périodes de latence occupées par un travail psychique spécifique inconscient. Le travail de rêve et ses résultats, la régénération libidinale au réveil, le souvenir et le récit du rêve, deviennent des prototypes des activités psychiques régressives accomplies dans la passivité de la latence (Chervet, 2009). La logique de la régression temporelle associative, scène I (récente) – scène II (antérieure) fait partie du processus de remémoration qui suit la voie régrédiente. Pour Freud, seule l'expression manifeste du symptôme est sur la voie progrédiente.
368
Made with FlippingBook - Online Brochure Maker