Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

Retour vers le menu

ne pas avoir pleinement profité dans le passé de sa nourricière allaiteuse, alors que – à l’âge adulte – il observait une autre jolie nourricière entrain d'allaiter un autre nourrisson. A partir de ce moment-là, le phénomène perd sa spécificité dans le champ de la pathogénèse des psychonévroses et devient ainsi partie prenante de la pensée quotidienne, dont l'humour et la dérision. Dans « Le Petit Hans » (1909b), ses interprétations suivent les logiques de l'après-coup, sans qu'il soit pour autant nommé ainsi. Ce n'était pas le cas en ce qui concerne le texte sur L'homme aux loups (1918c) dans lequel il attribue au concept une plus grande complexité lorsqu'il considère que les séances elles-mêmes et le transfert sont des après-coups nécessaires au but de la cure. Le célèbre rêve des loups et la phobie des guêpes étaient tous deux le premier et le second après-coups de la scène primitive qui a eu lieu auparavant et qui n'avaient pas été assimilés à ce moment-là. Dans ce texte, la notion du temps devient très importante pour Freud, qui tente de situer chacun des évènements dans le temps. Étonnamment, le terme Nachträglichkeit disparait (sauf quelques exceptions) de ses écrits à partir de 1917, alors que l'implication du processus à double sens devient plus fréquente. Freud crée ce concept alors que sa recherche était dominée par ses préoccupations étiologiques . Ces dernières devinrent isomorphes avec la tendance déjà observée par Breuer, à la remémoration selon un cheminement temporel à rebours . Breuer avait décrit une rétrogression (c'est-à-dire, le fait de reprendre l’histoire à partir d'un point précis du passé et de la répéter, dans l'objectif de la reconstruire et de s'en libérer), qui lui avait permis de concevoir la méthode cathartique (Freud et Breuer, 1895a). Freud poursuivit la voie de cette régression temporelle et lui a ajouté une obligation de s'exprimer par le biais de la verbalisation, donc par la production d’après-coup verbaux. Il s'est servi de cette tendance à la régression, associée à la contrainte de soutenir un lien verbal avec la conscience, au service du but thérapeutique. Ainsi, il promut une nouvelle méthode, la cure psycho- analytique définie par son protocole , sa règle fondamentale , laquelle requiert la libre association verbale, et un travail psychique spécifique, le travail de l’après-coup . Lors de son observation d’Emma, dans « Esquisse d’une psychologie scientifique », partie II, chapitre 4, « Le proton pseudos hystérique » (1895b, p. 352), Freud donne une description précise de l’après-coup ( Nachträglichkeit ) en se focalisant sur la régression temporelle dans les séances. Il décompose alors le temps 1, celui du coup , en deux scènes rétrogrades, desquelles l'une (scène I, au sujet des deux employées de magasin qui se moquent de sa robe quand Emma a 12 ans) est récente et re-mémorable, et l'autre (scène II, le souvenir refoulé d’avoir subi d'un épicier des attouchements sexuels à travers ses vêtements quand elle avait 8 ans) est plus ancienne et inconsciente dans le sens strict du terme. Il fonde sa pensée sur la théorie du traumatisme de Charcot qu'il avait déjà exposée dans l'ouvrage « Etudes sur l'hystérie » (Freud et Breuer, 1893-1895), avec la formation diachronique des

381

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker