Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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Les idées et les pulsions illusoires qui rentrent en conflit avec d'autres valeurs peuvent engendrer des symptômes si elles sont refoulées. C'est en 1894 que Freud a formulé un premier modèle du conflit par la formation de symptômes de conversion à l'œuvre dans l'hystérie, dans la névrose obsessionnelle et dans les phobies, qu'il a résumé par le terme psychonévroses de défense (Freud 1894a, b). En contraste à la formation du conflit, dans les psychonévroses de défense, Freud considère alors que les symptômes des névroses elles-mêmes, dont les névroses de l'angoisse et la neurasthénie (Freud 1894c ; Freud 1898), représentent non pas un fonctionnement normal des processus mentaux mais une transformation libidinale toxique occasionnée par une énergie sexuelle mal déchargée. De plus, il comprit clairement que « Chez les personnes du sexe féminin, de telles représentations inconciliables croissent le plus souvent sur le terrain de l'expérience de vie et de la sensibilité sexuelles » (Freud 1894a, p. 47). De plus, Freud relève que ces idées sont liées à des expériences pendant la petite enfance, ce qui le conduit à induire que ses patients avaient probablement subi une séduction de la part d'un adulte (Freud 1896, p.203). Par conséquent, les symptômes hystériques sont des descendants directs des mémoires opérationnelles de ces expériences, lesquelles réapparaissent rétroactivement et deviennent pleinement effectives lorsqu'elles sont déclenchées par des évènements actuels. Il précisa de surcroit que l'effet pathogénique de ces évènements pendant l'enfance reste actif à condition qu'ils restent inconscients (ibid, 211). Mais dans sa célèbre lettre adressée à Wilhelm Fliess, en septembre 21, 1897, il lui confia que : « Je ne crois plus à ma neurotica [théorie des névroses] » (Freud, 1897, p. 259). Car « il n'existe aucun indice de réalité dans l'inconscient de telle sorte qu'il est impossible de distinguer la vérité et la fiction investie d'affect. » (ibid, p. 260) a conduit Freud à douter de sa théorie de la séduction. Par l'analyse de ses propres rêves, Freud a formulé, en date du 15 octobre 1897, un insight crucial : « Il ne m’est venu à l’esprit qu’une seule idée ayant une valeur générale. J'ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d'amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants, même quand leur apparition n’est pas aussi précoce que chez les enfants rendus hystériques. […] Chaque auditeur fut un jour en germe, en imagination, un Œdipe et s'épouvante devant la réalisation de son rêve transposé dans la réalité, il frémit suivant toute la mesure du refoulement qui sépare son état infantile de son état actuel. » (ibid, p. 265). Mais peu après, il présenta de nouveau des cas traumatiques d'abus sexuel et dans une lettre adressée à Fliess, il proclama, en citant Mignon de Goethe, « un nouveau motto : Que vous a-t-on fait, pauvre enfant ? » (Freud 1897, p. 289; Goethe 1795/96). Sans jamais abandonner complètement l'étiologie du traumatisme, il hésita dans les deux sens, bien que malgré tous ses doutes au regard des conséquences psychiques des séductions traumatiques remémorées, il rejoignit une idée, en 1897, selon laquelle les « symptômes névrotiques ne se reliaient pas directement à des événements réels, mais à des fantasmes de désir ; pour la névrose la réalité psychique

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