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III A. Le rôle du conflit dans le développement : Les déficits développementaux et la psychose Le débat ‘ conflit vs. traumatisme’ s'est développé sur le modèle de déficit structurel. Ici, les hypothèses sur la pathogénique ne font pas le postulat de conflits mobilisés par l'activation pulsionnelle : elles travaillent davantage sur l'idée d'un Moi à priori affaibli (en raison d'influences environnementales traumatiques ou d'une prédisposition). Des termes connexes, tels que le « défaut fondamental » (Balint 1968), les « troubles précoces de la personnalité » et les « perturbations structurelles du moi » (Fürstenau 1977). Les partisans de l'hypothèse de l'existence du déficit, fondée sur la supposition d'évènements traumatiques sévères ayant lieu lors de la petite enfance (dont certains ne sont pas évidents et bien plus souvent occasionnés par des déficits provenant des figures parentales) stipulent qu'à la suite de l'apparition de la psychose, le traumatisme remplit la fonction de déficit. Cela implique que les patients sont soumis à des évènements, qu'ils sont victimes de leurs circonstances et qu'ils n'ont pas eu eux-mêmes les capacités nécessaires à influer ces processus. En conséquence, l'objectif du traitement vise à la substitution et à l'influence psycho-éducationnelle. En faisant opposition à cette conceptualisation du conflit développemental , d'autres considérations présupposent que même les processus psychotiques sont provoqués par des conflits intrapsychiques. Les dilemmes internes fondamentaux, bien au-delà du conflit névrotique, qui ont lieu entre deux tendances mutuellement exclusives, engendrent des processus de clivage, de dé-symbolisation et d'action concrète. Dans nombreux de ces cas, des traumatismes vécus dans la petite enfance sont signalés (Kapfhammer 2012a, 2012b). Le modèle du conflit ne considère pas que le traumatisme en lui-même soit la cause des psychoses, mais il entend que le fonctionnement psychotique est l'aboutissement d'un processus, dans lequel l'appareil psychique tend à trouver une solution, en recourant au clivage psychique excessif, pour traiter les incompatibilités internes menaçantes pour la survie, qui ont été engendrées par des évènements traumatiques. Par conséquent, les moyens de façonner activement le développement du symptôme sont attribués au patient par le biais des processus du traitement psychanalytique et l'immersion dans un langage et dans une réalité partagés pendant ce processus, en support à la ré-symbolisation et à l'intégration de ce qui était antérieurement impensable. Au début, la psychanalyse était une théorie du conflit psychique, un aspect universel et constant de la condition humaine et en quelque sorte moteur pour le développement psychique. Conçue comme principale focalisation d'un domaine destiné à déraciner et résoudre les conflits inconscients, ce concept nucléaire, qui fut pris comme une évidence, est devenu implicite dans une perspective psychanalytique au point de ne pas nécessiter quelqu'une définition spécifique. En raison de l'approfondissement des recherches dans le monde psychique et du développement ultérieur de nouveaux moyens de comprendre la vie psychique inconsciente, le rôle du conflit dans la dynamique psychique a été amoindri : bien que le conflit soit toujours une préoccupation majeure en psychanalyse, la focalisation s'est déplacée sur d'autres problématiques pour prendre en compte les différents modèles théoriques et cliniques. L'intérêt de la théorie et de la pratique psychanalytique s'est développé au-delà de la théorie du conflit, suite aux changements importants qui ont eu lieu dans la vision du rôle du conflit, d'après la
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