Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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la pensée de Freud. C'est à cette époque que sa pensée se tourne à l'élaboration de son concept de narcissisme (Freud, 1914), l'un des points de départ de nombreuses théories de la relation à l'objet. Le conflit dans ce cas prend la forme d'une lutte entre l'investissement du Moi par rapport à l'investissement de l'objet, ou bien comme il le décrit, entre le narcissisme et le choix d'objet. Cette question devint particulièrement importante dans le travail de Freud sur la perte, l'identification et l'élaboration ultérieure des conflits du Moi dans « Deuil et mélancolie » (Freud, 1917). Freud remarque que l'esprit ne peut supporter la perte d'une chose précieuse et nécessaire, par conséquent lorsqu'il y a perte dans le monde externe, cet objet est incorporé en fantasme afin que l'objet puisse désormais exister dans le monder interne : une façon de nier son absence dans le monde externe. Il précise que : « Le conflit dans le moi, contre lequel la mélancolie a échangé le combat pour l’objet, agit nécessairement comme une blessure douloureuse. » (Freud, 1917, p. 258). D'un autre point de vue, cela pourrait s'expliquer comme une lutte pour intégrer l'absence, ce qui deviendra plus tard une dimension importante dans la pensée de Lacan. La période suivante dans sa pensée sur la théorie topographique débute avec « Au-delà du principe de plaisir » (1920). Ainsi la pulsion d'agression a été ajoutée à la pulsion sexuelle, la conception du conflit devient une pulsion instinctive vs. défense/refoulement (Freud, 1920). Les défenses de types différents étaient associées à des différents stades du développement de la personnalité. L'angoisse était toujours considérée provenir du refoulement (première théorie de l'angoisse). Généralement, le terme refoulement était alors utilisé comme synonyme à la notion de défense. Dans « Au-delà du principe de plaisir » Freud (1920) propose la notion de conflit primaire de l'esprit, qu'il situe entre la vie et la mort, sous forme d'instincts qui cherchent à renouveler la vie et d'instincts qui cherchent à répéter les traumatismes, un conflit entre l'élan vers un degré supérieur et le retour à la matière inorganique. Sur la question des détours développementaux que sa théorie des instincts a connus au fil des années, Freud souligne clairement sa perspective fondamentale sur le conflit : « Notre conception était dualiste dès le début … » (p. 53). Sur ce point, pour Freud, le développement de l'esprit est la conséquence du conflit. Lorsqu'il fait référence à la tendance, inhérente à l’homme, « à la perfection » il explicite que « S'ajoutant aux effets du refoulement, ces efforts [d’Eros, tendant à réunir les unités organiques] seraient peut-être de nature à nous fournir une explication des phénomènes qu'on se plaît généralement à attribuer à la tendance en question.» (Freud, 1920, p. 43). Le conflit entre Eros et le refoulement d'Eros engendre le désir de perfectionnement lequel augmente la capacité de sublimation, ce que Freud avait déjà souligné dans son article sur Léonard de Vinci (Freud, 1910), lequel a inauguré la psychanalyse appliquée. Freud est revenu sur cette vision vers la fin de sa vie, et en a amplifié l'importance. Il considère ensuite que la notion de conflit, qui se situe entre les instincts de vie et de mort, est fondamentale pour conceptualiser l'ensemble du

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