Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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entre eux est la relation du sujet par rapport à la douleur. Le principe du plaisir se comprend mieux comme le principe de haine de la douleur, lequel recherche le plaisir pour occulter et réduire la douleur. Pour réduire la douleur, l'esprit fantasme ou hallucine la satisfaction lorsqu'aucune n'existe. Lorsque l'esprit réalise que les hallucinations ne créent pas de réelles satisfactions, il apprend à concilier la réalité, même si elle comprend de la douleur : « C’est seulement le défaut persistant de la satisfaction attendue, la déception qui a entraîné l’abandon de cette tentative de satisfaction par le moyen de l’hallucination. A sa place, l’appareil psychique dut se résoudre à se représenter l’état réel du monde extérieur et à rechercher une modification réelle. Par là un nouveau principe de l’activité psychique était introduit : ce qui était représenté, ce n’était plus ce qui était agréable, mais ce qui était réel, même si cela devait être désagréable. Ce développement du principe de réalité s'est avéré être une étape capitale. » (Freud, 1911a, p. 219). L'assertion de Freud selon laquelle l'esprit décide de former une conception de la réalité sera pour Bion le point de départ de ses théories. L'on rencontre un changement subtil de terminologie dans cet article, lorsque Freud fait pour la première fois référence au conflit qui a lieu entre le plaisir et la réalité en tant que principes, puis les qualifie de différents aspects du Moi. L'accent posé sur le Moi et son clivage entre deux différentes orientations vis à vis du monde définit le début de ce qu'il vient à appeler sa ‘psychologie du Moi’, en présage à la théorie structurale de 1923. Ce que le Moi ne juge pas acceptable, il le refoule, ce qui endommage la capacité de la conscience à être en contact avec la réalité. Dans le cas de L'Homme aux rats, Freud (1909a) résume sa psychopathologie : Tout au long de sa vie.... il fut nul doute victime d'un conflit entre l'amour et la haine, au regard de sa dame mais aussi de son père. (1909a). Quatre années plus tard, dans « Totem et Tabou » (1912-13), Freud le qualifiera de conflit d'ambivalence émotionnelle, lorsqu'il en parle en termes d'interdits tabous : « Le principal trait caractéristique de la constellation psychologique ainsi fixée consiste en ce qu'on pourrait appeler l'attitude ambivalente de l'individu à l'égard d'un objet lui appartenant, à l'égard de l'une de ses propres actions. Il est toujours tenté d'accomplir cette action - l'attouchement -, mais-il en est chaque fois retenu par l'horreur qu'elle lui inspire. L'opposition entre les deux courants n'est pas facile à aplanir, car (et c'est tout ce que nous pouvons dire) leur localisation dans la vie psychique est telle qu'une rencontre, une collision entre eux est impossible. » (Freud, 1913, p. 29). Freud démontre là l'idée que, outre les conflits entre les idées et les affects, il existe également un conflit au sein des émotions elles-mêmes. L'idée d'ambivalence émotionnelle présentée ici peut être considérée avoir lieu dans un contexte de relation d'objet rudimentaire, laquelle représente cette période de

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