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Cette notion forme le conflit primaire dans le développement mental. C'est ainsi que de nombreux Kleiniens considèrent ce postulat tacite être la clef de voute de la pensée de Klein : que la haine est plus facile que l'amour. Imaginons un bâtiment. Bâtir une structure peut prendre des années, mais elle peut être détruite en une minute. Construire est complexe, détruire est simple. Aimer un objet frustrant exige un développement compliqué ; haïr un objet frustrant n'exige aucun développement. A partir de là, la théorie de Klein reconnait que dans la psyché non-développée où l'amour existe depuis le début, la haine, quand elle émerge, domine l'amour. En contraste, lorsque l'esprit se développe au-delà de l'état instinctif, l'amour a le potentiel de dominer la haine. Klein dénomme ces trois configurations psychiques-affectives les positions paranoïde-schizoïde et dépressive respectivement, où la position paranoïde-schizoïde a lieu en premier et la position dépressive qui évolue ensuite. L'élément de définition essentiel qui sert à distinguer les deux positions se trouve dans la façon de conceptualiser et d'interagir avec ses propres objets. Dans la position paranoïde, le sujet se concerne de sa propre survie : celui-ci considère que ses propres objets coopèrent à, ou menacent, sa survie. Pour cette raison, Klein considère que la position paranoïde est la position narcissique. Dans la position dépressive, la définition de la relation d’objet postule que la survie de l'objet devient plus importante, ou égale, à la survie du Moi, parce que l'on comprend qu'il est impossible de survivre sans la relation à une autre personne. Le terme utilisé pour chaque position reflète la nature des défenses qui sont impliquées. L'identification projective est également un principe d'organisation parce qu'elle place géographiquement des objets très différents à des endroits différents, afin d'éviter un conflit entre eux. L'essence des défenses paranoïde-schizoïdes est qu'elles sont invoquées par un sens d'omnipotence, comme le déni omnipotent de la réalité et particulièrement la réalité affective de la relation d'objet. La position dépressive concerne son propre sens du conflit. Dans ce cas, le conflit entre l'amour et l'objet commence à se résoudre du côté de l'amour pour l'objet. Le fantasme fonctionne de manière omnipotente en ce qui concerne la réalité jusqu'à ce qu'une relation entre les deux soit établie, ce qui peut avoir lieu dans la créativité où les fantasmes qui ne communiquent pas avec la réalité de l'expérience de l'autre produisent souvent des formes ratées d'expressions artistiques. Dans la position dépressive, l'omnipotence doit être abandonnée afin de permettre la reconnaissance de la réalité, la nature séparée et la nature unique de l'objet. Cela présuppose de pouvoir tolérer la culpabilité, car la culpabilité est l'émotion prééminente du conflit. La culpabilité survient au point d'intersection où le désir et la réalité s'entrechoquent. La culpabilité est la reconnaissance de l'irrationalité et anti-sociabilité de ses propres désirs primitifs. Elle représente le moment de reconnaissance de l'importance de l'objet, distincte de ses propres désirs. La culpabilité est médiatrice du conflit entre le narcissisme et la réalité, autant interne qu'externe. Lorsque l'amour et la culpabilité envers ses propres objets sont intolérables, Klein théorise une troisième position psychique : la position maniaque. Celle-ci est en conflit avec la position dépressive en ce qu'elle est méprisante de l'objet, fait des tentatives de contrôle sur l'objet et vise à triompher face à l'objet convoité en niant son importance. Dans un état de conflit par rapport à l'état d'esprit dépressif en faveur de l'amour
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