Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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L'objet d'amour primaire « n'est lié à aucune zone érogène ; ce n’est pas de l’amour oral, oral-de-succion, anal, génital, etc., mais quelque chose de particulier. » (1937 : 101). En tant que tel, Balint (1951 : 156) a cherché à étendre l'éventail expérientiel de la vie humaine primitive précoce, en supplément de la ‘sphère orale’. Ce qui, par contre, n'a pas occasionné de rupture de la théorie classique des pulsions. A contrario de Fairbairn, Balint maintient que la libido est autant en quête de plaisir que d'objet. L'hypothèse de la ‘libido en quête d'objet’ est donc revue dans ce sens : en plus de la qualité de la libido jusque-là bien étudiée, c'est-à- dire sa tendance à la quête du plaisir, les observations cliniques, selon lui, ont prouvé sans le moindre doute que cette tendance à la quête de l'objet est au moins aussi importante (1956 : 291). 2. L'amour d'objet actif et mature, ainsi que Balint le décrit, implique la récapitulation de la satisfaction primordiale d'un besoin par de nombreux sentiers et déviations développementaux : les étapes successives du développement, des relations d'objet anales-sadiques, phalliques et finalement génitales ont un fondement non pas biologique mais culturel (1935 : 63). De même, le phénomène primaire de la théorie de la pulsion freudienne est considéré sous l'angle de l'échec environnemental à un stade précoce, qui donne lieu à un ‘défaut fondamental’. Notamment, l'agression est généralement conçue comme une réaction à la frustration, plutôt qu'un but en soi, et plus particulièrement pour Balint (1951) qui considère que la haine est toujours un phénomène réactif, secondaire et non pas l'une des pulsions primaires fondamentales de la personne. De même, la définition du narcissisme primaire est revue en termes d'un investissement libidinal dans l'auto-érotisme, exactement là où l'enfant n'a pas reçu suffisamment de soins, dès le début. 3. La distinction entre les types de régression ‘bénins’ et ‘malins’ (1968 : 146) pourrait correspondre à un ‘modèle mixte’. Ainsi, le premier type serait manifeste dans la relation thérapeutique sur la base des besoins relationnels primaires et le second sur la base du plaisir instinctuel infantile. Par conséquent, Balint traitait les aspects thérapeutiques de la régression dans le contexte de sa psychopathologie des relations d'objets révisée (Voir l'entrée RÉGRESSION). Le modèle freudien classique, fondé sur l'interprétation de la résistance pour déclencher l'insight, présuppose que les patients peuvent assimiler ou ‘prendre en soi’ ce qui est disponible dans la relation analytique ; que les interprétations sont vécues comme des interprétations et pas autre chose et que le Moi est adapté au travail d’élaboration. Le modèle révisé est requis dans les cas de patients fortement narcissiques, borderline et psychotiques, c'est-à-dire où la centralité du complexe d'Œdipe ne peut être assumée ; mais aussi dans les cas où l'interprétation immédiate des états préœdipiens primitifs prend le risque de générer une réaction thérapeutique négative ou d'entraîner une posture docile chez le patient. La contribution de Balint est majeure dans ce sens, selon la tradition de Ferenczi et de l'école de Budapest, pour la compréhension de la relation thérapeutique dans les cas de régression chez les patients. La vision relationnelle de la nature humaine est ainsi associée à une vision de la motivation humaine orientée vers le plaisir, sur la base des pulsions, une combinaison que Balint considère irréductible du point de vue théorique et clinique.

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