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De rassembler les études développementales et neurobiologiques, et les études développementales psychanalytiques, a permis à Kernberg (2015) de souligner la complexité dynamique des premières semaines et des premiers mois de la vie humaine. Déjà, pendant la ‘phase symbiotique’ de la fusion ‘somato-psychique délirante’ marquée par l'absence de limite entre le soi et l'autre (Fonagy, 2001), lorsque le bébé et la mère sont une ‘unité opérationnelle’, les affects primaires majeurs, ainsi que les premières aspirations à la différentiation de soi par rapport à l'autre (un prérequis dans la théorie de l'esprit) et les rudiments de l'empathie y émergent. Pendant les 6 à 8 premières semaines de la vie (Gergely & Unoka, 2011 ; Roth, 2009), les infans affichent différentes réactions aux visages animés et aux schémas inanimés ; ils sont capables de différencier la voix de leur mère d'autres voix, de répondre par un sourire à des expériences interactionnelles ‘non-moi’ et sont capables de transfert multimodal, d'identifier visuellement un objet spécifique en termes de sa forme quand l'infans l'a tenu dans sa bouche. Ces premières indications de la capacité à différencier des expériences, qui émanent du soi, par rapport aux expériences externes, se développent de façon spectaculaire pendant les premiers mois de l'ère ‘symbiotique’. La capacité d'empathie pour l'autre émerge également pendant les premières semaines de la vie. Médiée de façon neurobiologique par des fonctions variées du cerveau pendant les deux premières semaines de la vie, une ‘contagion’ de sentiments entre enfants est observable, pouvant concerner un ancien système subcortical phylogénétique. De plus, la ‘fonction de portillonage’ ( ‘gating function’ ) par laquelle les affects affiliatifs liés à l'attachement, au ‘ play-bonding ’, ou lien par le jeu, et la stimulation érotique entretiennent une attention intense envers l'autre, peut y jouer un rôle. Enfin, l'empathie est fortement influencée par les systèmes de neurones miroir : en premier lieu le système cortical primordial, puis les fonctions miroir largement distribuées qui impliquent le lobe de l'insula ainsi que les zones frontale et pariétale du cortex, contribuent à un ‘système général de reconnaissance cognitivo-émotionnelle’ (Bråten 2011 ; Richter, 2012 ; Roth et Dicke 2006 ; Zikles 2006 ; Kernberg 2015). Les structures cérébrales affectivement suscitées, telles que le tronc cérébral et les régions du système limbique subcorticales sont impliquées en premier lieu mais, progressivement, les structures cognitives, telles que le cortex orbitofrontal, participent de manière prédominante. Il semblerait que ces nouvelles observations soutiennent l'hypothèse d'une dialectique non linéaire d'incitations simultanées envers une unité symbiotique double , ainsi qu'à une différenciation entre le soi et l'autre , lesquelles émergent à l'aube du développement. Cette constatation corrobore ainsi les affirmations antérieures (Stern, 1985; Blum, 2004b) en ce qui concerne la différentiation, plus précoce que Mahler ne le supposait, quoique l'apparition de la différenciation élémentaire aurait en fait lieu encore plus tôt. A quel point est-il envisageable que ces observations puissent être théorisées en tant que fondement neurodéveloppemental pour expliquer les mouvements contradictoires, observées dans la situation clinique de l’adulte, vers la ré-union et la fusion inconscientes avec l'objet d'une part, et la séparation interne, d'autre part, constitue un domaine d'études multidisciplinaire qui serait probablement voué à la controverse, mais certainement passionnant et enrichissant.
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