Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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du développement, dont les fixations orales précoces et tardives : « Le confit émotionnel qui se produit en liaison avec les relations d’objet au cours du stade oral précoce prend la forme de l’alternative « sucer ou ne pas sucer » c’est-à-dire ‘aimer ou ne pas aimer’[…] le confit qui caractérise le stade sadique oral se résout par l'alternative « sucer ou mordre », c'est-à-dire aimer ou haïr » (1941 : 49). Le premier caractérise l'état schizoïde ; le second l'état dépressif. Le problème déterminant pour l'individu est comment aimer sans détruire respectivement par le biais de l'amour ou de la haine. Le dilemme schizoïde est caractérisé par la futilité ; l'enfant éprouve que son amour est fautif. En revanche, le dépressif est mené par son ambivalence et sa culpabilité, par le ressenti que ce qui est à blâmer, c’est la haine. La psychopathologie, ainsi qu'elle a été revisitée à partir de 1941, souligne que la typologie est fondée sur quatre ‘techniques’ et qu'elles seraient des manières de manipuler les objets ‘acceptés’ ou ‘rejetés’ formés lors de la position schizoïde. La nature des relations d'objet qui se sont instaurées pendant le stade de dépendance infantile détermine laquelle des quatre techniques sont employées, ou à quel degré, pendant le stade transitionnel entre la dépendance infantile et la dépendance mature. La typologie comprend : (i) la névrose obsessionnelle, dans laquelle l'objet accepté et l'objet rejeté sont internalisés ; (ii) la technique paranoïde, dans laquelle l'objet accepté est internalisé et l'objet rejeté est externalisé ; (iii) la défense hystérique, dans laquelle l'objet accepté est externalisé et l'objet rejeté est internalisé ; et (iv) la position phobique, dans laquelle les objets acceptés et rejetés sont externalisés (1941 : 46). Le clivage du Moi serait le facteur sous-jacent de toute psychopathologie. Ainsi, la distinction étiologique fondée sur les défenses contre les désirs instinctuels (téter, mordre) laisse la place à une théorie approfondie des relations d'objet de la psychopathologie. L'accent théorique et clinique que pose le modèle révisé de la psychanalyse de Fairbairn est avant tout évident en ce qu'il affirme que les patients diagnostiqués de trouble ‘dépressif’ sont souvent ‘schizoïdes’ ; le phénomène dissocié de l'hystérie, par exemple, implique un clivage du Moi qui est fondamentalement identique à ce qui confère au terme ‘schizoïde’ son sens étymologique (1944 : 92). La généralisation du diagnostic s'étend également jusqu'au ‘normal’ ainsi qu'au pathologique au motif que les mauvais objets internalisés sont présents dans l'esprit de chacun d'entre nous à des niveaux plus profonds (1943 : 64-5). Fairbairn (1952) a émis une critique envers Klein pour n'avoir jamais expliqué de manière satisfaisante comment les fantasmes d'incorporation orale des objets peuvent donner lieu à la mise en place de structures endopsychiques internes. Si, selon lui, aucune explication ne peut clarifier ce point, il n'est donc pas possible de considérer que les objets internes sont des structures, mais qu'elles restent bien le fruit de fantasmes. Il fit la tentative de relier les mécanismes de Klein au modèle structurel. Son analyse du clivage, qu'il a observé chez des patients schizoïdes, garde toujours sa pertinence clinique et a apporté une base fertile pour comprendre ensuite les modèles structurels de l'internalisation des relations d'objets (Kernberg, 1977). Alors que

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