Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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Fairbairn remplace le double aspect de l’instinct par une théorie radicale des relations d'objet lorsqu'il précise que les pulsions représentent l'aspect dynamique des structures du Moi, et impliquent forcément les relations d'objets (1951 : 167), la place de l'échec décisif fondamental venant de l'environnement reste ouverte, et son ‘objet excitant-Moi libidinal’, son ‘objet rejetant-Moi antilibidinal’ ; et son ‘objet idéal-Moi central’ sont des structures qui ont reçu ultérieurement des critiques pour leur caractère hypersimplifié. Par contre, ses études cliniques, qui ont démontré que la pathologie du développement sexuel est intimement liée aux schémas évolutifs du développement intrapsychique et interpersonnel, ont été globalement reconnues et constituent une contribution pérenne. III. D. Ferenczi et Balint : L'amour d'objet primaire et la théorie de la technique clinique La tradition de la pensée des relations d'objet dans l'école de Budapest, et plus particulièrement le travail de Ferenczi, intègre l'école britannique de psychanalyse par le biais de la contribution de Balint. Les pulsions et les relations seraient tout autant significatives au début, et bien que Balint ne se détourne pas de la théorie classique des pulsions, comme l'ont fait Fairbairn et d'autres dans la tradition indépendante, il avance néanmoins plusieurs propositions relationnelles importantes. Plus particulièrement, il propose que (i) la relation à l'environnement existe sous une forme primitive dès le début (1968 : 63) et qu'elle est une condition nécessaire au développement émotionnel ; (ii) les relations d'objet primitives se caractérisent pas des formes passives d'amour d’objet (1937 : 98; cf. Ferenczi, 1924), mais aussi par une quête active de contact avec l'environnement (1968 : 135) ; et (iii) que l'expérience ‘d'amour primaire’ (1937; 1968, ch. 12) est un jalon pour la relation d'objet. 1. La théorie de l'amour primaire et l'usage concomitant de la régression comme agent thérapeutique constitue la base de la pensée psychanalytique de Balint. Pour Balint (1937 : 101), « les vestiges et reliquats de l'amour d'objet primaire sont manifestes dans toutes les phases ultérieures de la vie psychique ». L'expérience de l'amour primaire se décrit en termes des tentatives, de la part de l'enfant, à reproduire la situation libidinale de la vie fœtale, avec l'investissement intense du monde environnant. Selon Balint, ce dernier est probablement indifférencié ; d'une part, il ne contient pas d'objet et d'autre part il n'a presque pas de structure, en particulier aucune limite claire vis-à-vis de l'individu ; l'environnement et l'individu s’interpénètrent, ils existent ensemble dans un ‘mélange harmonieux’ (1968 : 66). Balint considère que la naissance suspend l'état ‘d'équilibre’, et qu'ainsi il précipite ou accélère la séparation de l'être humain et de son environnement. En écho direct avec Rank (1924), le traumatisme de la naissance occasionne les relations d'objet : les objets, dont le Moi, commencent à émerger à partir d'un mélange de substances et de la rupture de l'harmonie des espaces sans limite (1968 : 67). Ainsi, le

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