Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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l’enfant de rester vivant ... « [C]'est le soi (‘self’) qui doit précéder l'utilisation que le soi fait de l'instinct » (1967 : 116). Il y aurait, pour Winnicott, une expérience initiale d'omnipotence dans laquelle la potentialité est vécue comme une illusion. « L’adaptation de la mère aux besoins du petit enfant, quand la mère est suffisamment bonne, donne à celui-ci l’illusion qu’une réalité extérieure existe, qui correspond à sa propre capacité de créer... le sein est créé et sans cesse recréé par l’enfant à partir de sa capacité d’aimer ou, pourrait-on dire, à partir de son besoin. » (1951 : 12-4). La correspondance ou la superposition incarnée dans l'illusion (cf. Milner 1952 ; 1977), le sentiment de l'enfant que ce qu'il créé existe vraiment, (comme un ‘objet subjectif’ plutôt qu'un objet ‘objectivement perçu’) soutient la continuité d'être vitale et à son tour constitue le domaine de l'expérience auquel les ‘objets transitionnels’ et les ‘phénomènes transitionnels’ appartiennent. L'illusion fait partie d'un processus émotionnel, qui comprend le retrait progressif de l'illusion ; et de ce fait, le processus unitaire de l'illusion-désillusion. La sensibilité accrue de la mère (‘préoccupation maternelle primaire’) à la volonté d'exister initiale de l'enfant laisse place à l'échec progressif de l'adaptation, une condition supplémentaire au développement. L'échec d'adaptation à ce stade n'est pas autant un échec de fiabilité que l'expression d'une mère suffisamment bonne faillible, qui est engagée dans le processus de désillusion en présentant à son enfant le monde- objet en petites doses gérables. Ce processus permet la séparation du monde-objet du sentiment de soi émergent de l'enfant : « Partant de l'état où il est confondu avec la mère, le bébé est à un stade où il sépare la mère du soi et où la mère diminue son degré d'adaptation aux besoins du bébé » (1971 : 126). 2. Comme Balint, Winnicott traitait les aspects thérapeutiques de la régression dans le contexte d'une psychopathologie des relations d'objet révisée, en insistant que les « enfants sont malades très précocement ». La maladie psychologique serait ainsi une expression d'un échec environnemental, qui, selon Winnicott, peut être ‘gravement invalidante’ et qui comprend la schizophrénie infantile ou l'autisme ; la schizophrénie latente ; les défenses du faux-self et la personnalité schizoïde (1962a : 58-59). A la suite d'empiètements traumatiques et d'échecs de dispositions maternelles de base au début de la vie, les angoisses psychotiques (ou ‘agonies primitives’ ainsi qu'elles ont été nommées ultérieurement) engagent une série de manœuvres défensives (‘réactions’) où l'enfant cherche à protéger le noyau même du soi. Winnicott (1963c) a développé la notion des états primitifs dans son article publié à titre posthume « Fear of Breakdown » (« La crainte de l’effondrement ») comme suit : 1. le retour à un état non intégré (défense : la désintégration) ; 2. ne pas cesser de tomber (défense : l’auto-maintien [le ‘self-holding’]) ; 3. la perte de la collusion psychosomatique, la faillite de la résidence dans le corps (‘ indwelling ’) (défense : la dépersonnalisation) ; 4. la perte du sens du réel (défense : l’exploitation du narcissisme primaire) ; 5. la perte de la capacite d’établir une relation aux objets (défense : les états autistiques, l’établissement de relations uniquement avec des phénomènes issus de soi). Plus

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