JEUDI 4 AVRIL 2024 18 FOCUS STRESS HYDRIQUE
FINANCES NEWS HEBDO
les schémas météorologiques tradi- tionnels, entraînant des sécheresses prolongées dans certaines régions et des précipitations extrêmes dans d'autres. D’ailleurs, lors d’une récente sortie médiatique, le président du Conseil économique, social et envi- ronnemental (CESE), Ahmed Réda Chami, citant une étude parue dans la revue «Nature», a relevé que des chercheurs australiens ont affirmé que le Maroc figure parmi cinq pays au monde qui seront touchés par le phénomène de raréfaction des pré- cipitations de manière forte et mesu- rable durant les cinquante prochaines années. Ce qui risque d’aggraver le recul des ressources hydriques, sur- tout que durant ces dernières années les importations d’eau ont baissé à 14 milliards de m 3 , selon le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka. Rappelons, à ce titre, que la quantité moyenne d’eau par habi- tant a chuté de manière drastique au Maroc, passant de 2.560 mètres cubes dans les années soixante à une estimation actuelle de 620 mètres cubes. En 2030, il est attendu une réduction supplémentaire à 560 mètres cubes en raison de la crois- sance démographique continue. A l’évidence, les conditions météo- rologiques imprévisibles rendent la gestion de l'eau plus difficile. C’est pourquoi de nombreuses régions du monde font face à un stress hydrique croissant, où la demande en eau dépasse l'offre disponible. Ainsi, un pays comme le Yémen risque de voir ses ressources en eau épuisées à l’horizon 2023. «Dans tout le Yémen, les eaux souterraines sont épuisées deux fois plus vite qu’elles ne sont renouvelées et, au rythme d'extrac- tion actuel, les bassins hydrauliques du pays seront épuisés d’ici 2030», a averti l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agricul- ture (FAO) dans un récent rapport. Selon la même source, au Yémen, la part d'eau par habitant ne dépasse pas 83 m 3 par an, par rapport à la limite supérieure de 500 m 3 . Aujourd’hui, plus que jamais, les changements climatiques imposent de revoir en profondeur notre rapport à l’eau. Qui est désormais le miroir de nos choix collectifs, de nos poli- tiques publiques et environnemen- tales, ainsi que de notre capacité à la préserver. ◆
systèmes hydrauliques, à l’instar du raccordement des bassins de Sebou et de Bouregreg, outre le déploie- ment d’une feuille de route pour le dessalement de l’eau de mer, lequel permet d’ouvrir de nouvelles pers- pectives pour diversifier les sources d’eau et garantir une réponse flexible aux fluctuations climatiques. Parallèlement, à une échelle plus réduite, des mesures visant à mieux rationaliser l’utilisation de l’eau ont été adoptées. Cela va du rationne- ment du débit en eau dans cer- tains quartiers (modulation de pres- sion ou coupure totale pendant certaines plages horaires) à la lutte contre la déperdition des ressources hydriques, en passant par la répres- sion des cas de fraude à l'exploita- tion des ressources hydriques (rac- cordements anarchiques, piquage au niveau des canalisations et conduites d'eau…) et l’interdiction absolue de certaines activités (arrosage de tous les espaces verts et jardins publics, nettoiement des voies et des places publiques par l'usage d'eau, remplis- sage des piscines publiques et pri- vées plus d'une fois par an, cultures aquavores). Météo capricieuse Malgré ces efforts louables, ces mesures seront-elles suffisantes pour faire face à la raréfaction des ressources en eau ? Pas sûr, au regard notamment des épisodes de sécheresse devenus plus fréquents et plus sévères en raison du chan- gement climatique. Lequel perturbe
Situation hydrique Gouttes d’espoir
Les récentes pluies de mars ont apporté un souffle d'espoir aux agriculteurs. Il faudra néanmoins trouver la réponse appropriée afin de pouvoir s’accommoder d’un stress hydrique devenu structurel. Par D. William
L
es lueurs d'espoir apportées par les pluies récentes du mois de mars ont éclairci l'atmosphère pesante qui enveloppait le Royaume, et plus par- ticulièrement les campagnes maro- caines. Ces précipitations bienvenues ont contribué à une hausse, certes modeste, du taux de remplissage des barrages, grimpant à 31,79% au 3 avril 2024, soit 5,1 milliards de mètres cubes. Cependant, comparée à la même période de l'année précé- dente, où le taux se situait à 34,53%, la situation demeure précaire. De ces précipitations, il faut faire deux lectures : Primo : Ces pluies ont certes ravivé l'espoir des Marocains, notamment des agriculteurs, mais elles n'ont pas suffi à sauver une campagne agricole assez mauvaise, Bank Al-Maghrib tablant sur une production céréalière aux alentours de 25 millions de quin- taux contre 55,1 millions une année auparavant.
Secundo : Elles n’effacent pas le problème de fond, à savoir le stress hydrique structurel auquel est confronté le Maroc, et qui exige une stratégie cohérente à long terme, couplée à des initiatives urgentes et ponctuelles pour parer à la situation délicate actuelle. D’où la raison d’être du Programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation (PNAEPI) 2020-2027, avec des investisse- ments massifs qui devraient atteindre quelque 150 Mds de DH. Le PNAEPI se présente comme un cadre straté- gique pour relever les défis urgents et futurs liés à la gestion des ressources en eau. La sécurité hydrique passe ainsi par le développement des barrages. Le gouvernement en a fait l’un des piliers de sa stratégie : le Maroc dispose de 153 grands barrages d’une capacité totale de plus de 19,9 milliards de mètres cubes. De même, le Maroc parie sur l’interconnexion entre les
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