JEUDI 4 AVRIL 2024 20 FOCUS STRESS HYDRIQUE Stress hydrique «Plusieurs périmètres souffrent aujourd’hui d’un déficit structurel»
FINANCES NEWS HEBDO
La situation critique que vit le Maroc justifie largement la mise en place de la Stratégie nationale de l'eau. Les dernières précipitations sont de bon augure, mais ne résorbent pas le déficit hydrique devenu structurel. Entretien avec Asmae Khamlichi, ingénieur d’Etat en génie rural et CEO du cabinet conseil Aqualtis.
Par Ibtissam Z.
de surface. Ces nappes sont à différencier des nappes fos- siles, qui sont également des ressources souterraines mais non renouvelables ou dont le renouvellement se fait sur une très longue durée. Les ressources en eau renouve- lables sont appréciées à travers le volume des apports annuels nets moyens. Ces apports varient en fonction de la série d’observation considérée : si nous prenons la série datant de 1945 à 2023, l’apport moyen annuel serait d’environ 11,5 mil- liards de m 3 (MMm 3 ). Par contre, ce même apport ne serait que de 7,2 MMm 3 si la série se limite aux 10 dernières années et sa valeur chuterait encore à 5,2 MMm 3 pour la série plus réduite des 5 dernières années. Il est également très intéressant de souligner le critère variable de ces apports, qui se carac- térisent par une grande dispa- rité territoriale, avec plus de 70% des apports concentrés sur moins de 15% du territoire. Pour mobiliser les ressources superficielles, le Maroc dispose de 153 grands barrages dont la capacité globale de stoc- kage atteint les 20 MMm 3 et de 141 barrages collinaires répartis
sur tout le Royaume, dont la capacité globale de stockage avoisine les 100 millions de m 3 (Mm 3 ). Cependant, le taux de rem- plissage des barrages n’est que de 31,79%. Les bassins les plus touchés sont ceux de la Moulouya, de Bouregreg- Chaouia, d’Oum Errabii, de Souss-Massa, de Draa- Oued Noun et de Ghir-Ziz-Ghris, avec un taux de remplissage moyen ne dépassent pas les 25%. S’agissant des ressources sou- terraines, le Maroc dispose de 132 nappes, dont 32 pro- fondes. Les nappes phréa- tiques connaissent un rabat- tement important d’année en année, en témoigne une baisse de 5 m en une année dans la nappe de Tadla par exemple. L’état des ressources hydriques pâtit également d’une demande conséquente estimée à 16 MMm 3 , dont 14 MMm 3 pour les besoins d’irrigation, 1.7 MMm 3 destinée à l’alimentation en eau potable, et quelque 300 Mm 3 pour les besoins industriels. Il y a lieu de signaler dans ce cadre que les besoins en eau potable sont satisfaits à hau- teur de 98,5%, dont 1 MMm 3 à partir des ressources de sur-
Finances News Hebdo : Tout d’abord, dressez- nous la situation hydrique au Maroc ? Asmae Khamlichi : Nous vivons au Maroc une situation de stress hydrique structurel causée par la succession de plusieurs années de sèche- resse. Au-delà d’être un simple constat climatologique, cette situation implique de lourdes répercussions à la fois écono- miques, sociales et environne- mentales. Certes, la sécheresse au Maroc ne date pas d’hier, les premiers épisodes enregistrés remontent aux années 50. Mais ce qui change aujourd’hui, c’est la fré- quence d’apparition de ces épi- sodes, dans un contexte mar- qué par une évolution exponen- tielle de la demande en eau. Et ce, suite à la croissance démo- graphique et au développement économique. Les ressources en eaux dispo- nibles peuvent être réparties en deux catégories : les ressources de surface mobilisables à partir de cours d’eau, de lacs natu- rels ou de barrages et les res- sources souterraines que sont les nappes phréatiques alimen- tées à partir des écoulements
face et le reste à partir des eaux souterraines. Quant au secteur agricole, il reste de loin le plus touché par la pénurie d’eau avec une dotation annuelle ne dépassant pas le 1 MMm 3 l’année passée à partir des eaux de surface. Notons que pour les besoins industriels, des efforts consi- dérables sont déployés pour satisfaire les besoins des opé- rateurs à partir des eaux non conventionnelles (dessalement et réutilisation des eaux usées épurées). A titre d’exemple, le groupe OCP assure ses besoins en eau en circuit fermé et assure même l’approvisionne- ment en eau potable des villes de Safi et d’El Jadida à partir des eaux dessalées des sta- tions de Safi et de Jorf Lasfar. L’autre exemple est celui du groupe Managem qui est en train d’exécuter la plus longue
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