FNH N° 1053

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 3 FÉVRIER 2022

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La Chine en Afrique : Sauveur ou prédateur ? L a presse financière anglo- saxonne accuse de nou- veau la Chine de pratiquer en Afrique un financement prédateur, qui vise à profi- Par Omar Fassal *

nus pour assurer le remboursement. Et là, les critiques ont partiellement raison. Pour assurer le service de la dette, on a souvent recours à des comptes de provisionnement (Debt Service Reserve Account ou DSRA). Quel est le principe ? L’emprunteur doit alimenter ce compte jusqu’à ce qu’il contienne 6 à 12 mois de traites du crédit. Ainsi, si le client éprouve des difficultés à rembourser, ce compte servira à assurer le remboursement et éviter le défaut, le temps que sa situation s’améliore. Si le niveau de fonds contenu dans le compte baisse en dessous de 6 mois par exemple, il faudra l’alimenter de nouveau jusqu’à ce qu’il contienne le minimum requis. La Chine a commencé par financer des pays qui ont beaucoup de ressources naturelles - Angola, Congo - et a cau- tionné ces prêts par du pétrole ou des ressources minières. Lorsque la Chine a commencé à financer des pays qui ne disposaient pas de ces ressources naturelles (Kenya, Ethiopie, Ouganda), elle a opté pour ces DSRA comme cautionnement du prêt. Aujourd’hui, 30% des prêts chinois comportent ces clauses, contre 7% des prêts de l’OCDE. Ces DSRA sont très usités en financement de projets, mais rarement lorsque l’emprunteur est un souverain. Au fond, l’usage de ces DSRA peut être perçu comme une forme d’innovation financière, qui a permis de réaliser des financements autrement impossibles. Il est donc injuste de les critiquer. Ce qu’il faut critiquer par contre, c’est l’obligation faite de placer tous les revenus de l’emprunteur sur ces comptes. En effet, sur les prêts chinois qui comportent ces clauses, il s’avère que dans 70% d’entre eux, l’emprun- teur est obligé de déposer la totalité de ses revenus sur ces comptes, ce qui offre un droit de regard du créancier sur tous les budgets et les investisse- ments. Cette clause est trop extrême, et ne devrait pas l’être. Un minimum de 6 à 12 mois est amplement suf- fisant dans la pratique. Un exemple nous vient de l’Ouganda, où la Chine a financé le développement controversé

ter du continent. La presse chinoise réagit, en expliquant que tout cela n’est qu’une simple propagande amé- ricaine, car la Chine rivalise désormais sur le continent avec les anciennes puissances coloniales. Comme tou- jours, cette discussion qui pourrait être purement technique, est noyée par le politique, rendant impossible le débat entre les deux superpuissances mondiales. Attelons-nous ici au diffi- cile exercice du funambule : celui de marcher sur une ligne sans pencher, ni d’un côté ni de l’autre. Commençons par la fin ! Que reproche- t-on au juste à la Chine ? D’abord, d’avoir largement étendu son influence économique sur le continent. Les banques chinoises représentent désormais 20% du financement exté- rieur que reçoit l’Afrique. En réalité, la Chine, en tant que nouvelle puissance, a augmenté son aide au dévelop- pement non seulement en Afrique, mais partout dans le monde. Sur les deux dernières décennies, la Chine est devenue le premier fournisseur mon- dial d’aide au développement avec plus de 800 milliards de dollars. Les Etats-Unis sont relégués à la seconde place avec près de 600 milliards, puis viennent le Japon (~400 milliards), l’Al- lemagne (~300 milliards), la France et le Royaume-Uni (avec près de 180 milliards chacun), le Canada (~100 milliards), et l’Italie (~90 milliards). Par ailleurs, quel mal y aurait-il si la hausse du financement avait été uniquement concentrée sur l’Afrique – là où un besoin pressant se fait sentir ? La Chine a mis en place un forum trien- nal au plus haut niveau de coopéra- tion sino-africaine, pour marquer son engagement envers le continent. Ce premier reproche ne tient donc pas. Deuxièmement, on reproche à la Chine d’être trop secrète sur les modali-

tés de ses financements. Une étude publiée par AIData explique qu’avant 2015, le tiers des prêts chinois com- portait des clauses de confidentialité. Depuis, tous les prêts chinois com- portent ces clauses. L’étude compare ce chiffre avec 20% pour les contrats de l’Agence française de développe- ment (AFD), 100% des contrats de la Banque Islamique de développe- ment, et 33% des contrats de banques londoniennes. En toute objectivité, cette analyse ne tient pas la route, car l’échantillon considéré n’est pas représentatif. L’étude a recensé 100 contrats de prêts chinois (ce qui est une performance en soit), mais ce qui peut encore rester non représentatif. Puis, surtout, l’étude a considéré seulement 20 contrats dans son échantillon sur la Banque islamique de développement, et 10 contrats pour l’Agence française de développement, ce qui est insigni- fiant. Difficile d’en conclure avec certi- tude, que les banques chinoises sont plus secrètes que les autres… Ensuite, on reproche au financement chinois de mettre en caution les reve-

La Chine a contribué à la construction de 13.000 kilomètres de routes

et de voies ferrées, 80

installations électriques et plus de 170 écoles.

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