FNH N° 1053

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 3 FÉVRIER 2022

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mises en avant par un expert marocain (A. Benaiche) indiquent que la consommation de psychotropes, dont les antidépresseurs, a connu une augmentation de 11% entre 2019 et 2020. Vous pouvez imaginer l’am- pleur de la souffrance psychique de la popu- lation, qui est en partie liée au sentiment de solitude et de mal-être, causés par les confi- nements, les couvre-feux, les fermetures

des restaurants et des salles de sport. L’épidémie de la Covid-19 a perturbé la vie sociale de mil- lions de personnes, qui peuvent souffrir moyennement ou forte- ment de cet isolement, selon leur prédisposition. Ce phénomène est expliqué par le dérèglement des horloges biologiques et le manque d’activité physique induit par

Les idées ou les com- portements liés au suicide sont causés par une combinaison de facteurs person- nels, sociaux et cultu- rels.

la sédentarité durant le confinement, qui augmente le risque de troubles anxieux et dépressifs. La crise sanitaire de la Covid-19 a révé- lé la vulnérabilité psychique de nombreux Marocains. En effet, l’épidémie de la Covid- 19 entraîne beaucoup de contraintes, d’in- certitudes et de bouleversements dans nos vies depuis le début de l’année 2020. L’anxiété, la tris- tesse ou l’inquiétude pour le futur sont des sentiments répandus. Nous réagissons ainsi car nous traversons une période qui est difficile pour toutes et tous, quel que soit notre âge ou notre situation. Nous n’avons pas à nous blâmer pour nos moments de doute, notre manque d’entrain ou notre état de fatigue. Ces manifestations peuvent nous surprendre ou nous déranger. Cependant, elles sont adaptées aux événements que nous vivons. Cela ne remet pas en cause notre valeur. Nous restons, tout ce temps, des personnes estimables. Pour surmonter cela, nous devons nous rappeler comment nous avons surmonté nos difficultés dans le passé, garder en tête que cette période éprouvante aura une fin, cultiver la bienveillance envers nous-mêmes et envers les autres. Prêter attention à notre sommeil (se coucher et se lever chaque jour à la même heure, se déconnecter des écrans 1 à 2 heures avant le coucher, baisser la tem- pérature dans la chambre, instaurer un rituel personnalisé pour se préparer au sommeil : par exemple, fermer les volets de la maison, boire une tisane, lire quelques pages d’un livre). S’activer tous les jours, car ça été démontré que la pratique régulière d’une activité physique améliore notre santé men-

tale. Installer d’autres routines, réaménager son chez soi, faire des choses qui nous font du bien, garder le contact avec la nature. Il faut oser parler de son mal-être, notamment lorsque l’on se sent triste, anxieux ou vulné- rable et que cela dure dans le temps, c’est peut-être un signe que l’on a besoin d’aide. Parfois, on se dit que nos proches devraient s’apercevoir seuls de notre mal-être rongeur et, pourtant, ils ne peuvent pas deviner nos pensées. Si nous ne nous sentons pas bien, nous pouvons le dire à des personnes de confiance de notre entourage ou avoir recours à un professionnel de la santé men- tale. F.N.H. : Une étude marocaine effec- tuée conjointement par le ministère de la Santé et le CHU Ibn Rochd en 2007 sur un échantillon de 5.600 personnes a révélé que 16% des Marocains ont des tendances sui- cidaires. Le constat est que les femmes passent à l’acte plus que les hommes. Pourquoi ? H. A. : Un modèle «vulnérabilité stress» du processus suicidaire explique que parmi les sujets souffrant d’une affection psychia- trique ou soumis à des stress environnemen- taux, seuls ceux qui portent une vulnérabilité spécifique font des conduites suicidaires. Le sexe de l’individu pourrait avoir un impact variable sur certains facteurs de vulnérabi-

lité comme les traumatismes précoces et certains traits de personnalité, la dépression étant la cause la plus fréquente de tentative de suicide, et la prévalence de dépression étant plus importante chez les femmes. Il est possible qu’un taux plus important de tentatives de suicide chez la femme soit en partie lié à ce déséquilibre de fréquence de dépression selon le sexe. F.N.H. : Quels sont les facteurs de risque déterminants qui peuvent pousser directement l’individu au passage à l’acte ? H. A. : Aucune cause unique ne peut expli- quer ou prédire un suicide. Les idées ou les comportements liés au suicide sont causés par une combinaison de facteurs person- nels, sociaux et culturels. Il est vrai qu’un cumul de plusieurs facteurs de risque vient accentuer la vulnérabilité d’une personne aux comportements suicidaires. Parmi les facteurs de risque liés au système de santé et à la société en général, figurent les dif- ficultés d’accès aux soins de santé et à la prise en charge requise. Également, l’accès facile aux moyens de suicide, les descrip- tions inappropriées ou sensationnalistes du suicide dans les médias qui ne font qu’ac- croître le risque du suicide mimétique. Sans oublier la stigmatisation des personnes qui recherchent de l’aide pour faire face à leur comportement suicidaire, à leurs troubles

Une straté- gie natio- nale pour la lutte contre les com- portements suicidaires est devenue une priorité. Elle doit être adaptée au contexte culturel et social de notre pays.

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