FNH N° 1053

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 3 FÉVRIER 2022

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travers des douleurs au niveau de la tête et du ventre), soit par le comportement qui se manifeste par un isolement, des troubles de la communication et de l’apprentissage, une hyperactivité, une encoprésie (déféca- tion «involontaire» ou délibérée dans des endroits non appropriés), des blessures à répétition, des préoccupations exagérées pour la mort, ou encore une tendance à tenir la place de souffre-douleur des autres. Lorsque des idées ou des conduites sui- cidaires sont mises en avant par une per- sonne, l’environnement familial, social et soignant doit se mobiliser afin de fournir une écoute et une reconnaissance de la souffrance psychique de la personne en détresse. Il ne faut surtout pas la juger et l’aide d’un professionnel de la santé mentale est fortement recommandée. F.N.H. : Face à ce fléau, ne faut-il pas penser à une réelle stratégie nationale de prévention et de lutte contre le suicide ? H. A. : Vu le contexte actuel, une stratégie nationale pour la lutte contre les comporte- ments suicidaires est devenue une priorité. Les stratégies nationales proposent géné- ralement toute une série d’activités préven- tives, comme la surveillance, la limitation de l’accès aux moyens de suicide, les directives relatives aux médias, la réduction de la stig- matisation, la sensibilisation du public et la formation des professionnels de santé, les éducateurs et la police. La stratégie doit être adaptée au contexte culturel et social de notre pays en faisant de la prévention une priorité multisectorielle impliquant non seulement le secteur de la santé, mais éga- lement ceux de l’éducation, de l’emploi, de la protection sociale et de la justice, entre autres. Selon l’Organisation mondiale de la santé, seuls trente-huit pays à travers le monde sont dotés d’une stratégie de prévention du suicide et le Maroc n’en fait malheureu- sement pas encore partie. Un projet est en cours d’élaboration depuis 2018, mais il n’a pas encore abouti. A ce juste titre, l’absence d’une stratégie nationale globale concluante (aboutie) dans notre pays ne doit pas nous empêcher de mettre en œuvre des pro- grammes ciblés de prévention du suicide, susceptibles de contribuer à une action nationale. En effet, ce genre de programme permettra d’identifier les groupes vulnérables au risque du suicide et d’améliorer l’accès desdits groupes aux services et ressources dont ils ont besoin. ◆

Les statistiques en volume et en valeur de la consommation des antidépresseurs, des antipsychotiques, des tranquillisants et des somnifères entre 2019 et 2021

% Evolution 2019-2020

% Evolution 2020-2021

2019

2020

2021

Total Psychotropes

866,0

964,1

991,9

11%

3%

Antipsychotiques

306,8

346,5

359,6

13%

4%

435,9

481,3

500,4

10%

4%

Antidépresseurs

Tranquillisants

101,4

112,6

111,1

11%

-1%

Hypnotiques (Somnifères)

21,9

23,7

20,8

8%

-12%

de santé mentale ou à leur consommation abusive de substances psychoactives. Les facteurs de risque liés à la communauté et aux relations incluent la guerre et les catas- trophes naturelles, le stress provoqué par l’acculturation (parmi les peuples autoch- tones ou les réfugiés), la discrimination, le sentiment d’isolement, la maltraitance, la violence et les relations conflictuelles. Il y a aussi les facteurs de risque au niveau indivi- duel, à savoir les antécédents de tentative de suicide, les troubles mentaux, la consomma- tion nocive d’alcool, les pertes financières, la douleur chronique et les antécédents familiaux de suicide. Il ne faut pas oublier de mentionner qu’il y a aussi des facteurs protecteurs contre le suicide, telles que la confiance en soi, les compétences sociales, les relations constructives, les perspectives personnelles et professionnelles, la spiritualité, etc. La promotion des facteurs de protection contre le suicide est une étape essentielle à la pré- vention du suicide. En effet, ils permettent de réduire ou de neutraliser l'impact des autres facteurs, en augmentant la capacité de la personne à trouver des solutions de rechange à la situation potentiellement dan- gereuse. F.N.H. : La dépression amène forcé- ment des idées noires et peut être un signe révélateur de mal-être. Le rôle de l’entourage familial est primordial pour détecter les signes avant-coureurs. Qu’en est-il ? H. A. : La survenue d’une tentative de suicide représente une menace pour l’équilibre des interactions familiales, lesquelles se trouvent confrontées à une éventuelle contrainte de changement. Lorsqu’un proche a fait une tentative de

suicide, ce n’est pas seulement lui qui est en souffrance, mais tous ceux qui l’entourent. Et face à ce choc, les réactions de l’entou- rage peuvent être exprimées par la tristesse ou la colère contre l’auteur de la tentative de suicide. Certains réagissent de manière violente en rejetant la personne, et de ce fait, vont la faire souffrir davantage. L’entourage ne comprend pas toujours la raison de l’acte. Cette crise psychique est caractérisée par un état de grande vulnérabilité. L’individu se sent comme dans une impasse, ressent l’incapacité de faire face aux événements de sa vie. Il entend ainsi être délivré de sa souf- france et voit le suicide comme l’occasion de fuir sa vie et ses innombrables problèmes. C’est également un manque d’amour et d’attention, d’où l’importance pour la famille d'être présente et bienveillante. Le signe d’alerte global est d’avoir l’impression de ne plus reconnaître la personne. L’isolement social, les troubles du sommeil, la perte d’intérêt, le changement d’humeur, la perte ou l’augmentation d’appétit, les phrases alarmantes telles : «j’ai envie de dormir et ne pas me réveiller, c’est trop dur je ne m’en sortirai jamais». En effet, pour une personne qui souffre de pensées suicidaires, il est souvent très diffi- cile d’oser les exprimer par peur d’être jugée ou incomprise. C’est pourquoi elle va par- fois communiquer de manière détournée ou indirecte. Si quelqu’un dit de telles phrases, il est important de ne pas les ignorer et d’ou- vrir la discussion avec lui, pour qu’il puisse se libérer et vider son cœur. Je tiens à souligner que les tendances suici- daires sont beaucoup plus difficiles à détec- ter chez l’enfant. En effet, l’expression claire de souffrance psychologique ou d’idées sui- cidaires est rare chez l’enfant. Elle s’exprime de façon plus indirecte, soit par le corps (à

Selon l’OMS, seuls trente- huit pays dans le monde sont dotés d’une stratégie de prévention du suicide; le Maroc n’en fait malheu-

reusement pas encore partie.

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