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D EVELOPPEMENT DURABLE

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JEUDI 14 JANVIER 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Ressources en eau

◆ La disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables au Maroc est passée de 2.560 m 3 / habitant/an en 1960 à près de 650 m 3 / habitant/an en 2019. ◆ La dotation en eau pourrait chuter en dessous du seuil de pénurie situé à 500 m 3 à l’horizon 2030. Ces nouveaux chiffres inquiétants !

P lusieurs données officielles confortent le fait que le Maroc est sous la pression d’un contexte hydrique en proie à une tendance accélérée de tarissement des ressources en eau. A cette donne, s’ajoutent des périodes de sécheresse plus longues et fréquentes et des besoins en eau croissants. Il res- sort du document publié en décembre Par M. Diao

2020 par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) intitulé : «Le Maroc à l’épreuve du changement climatique : situation, impacts et politiques de réponse dans les secteurs de l’eau et de l’agriculture» , une chute drastique de la quantité d’eau prête à être uti- lisée au cours des dernières décen- nies. Concrètement, la disponibi-

Pour ce qui est de la valorisation des eaux usées, un potentiel de 325 millions de m 3 à l’horizon 2030 a été défini.

lité par habitant des ressources en eau renouvelables au Maroc est passée de 2.560 m 3 / habitant/an en 1960 à près de 700 m 3 /habitant/an en 2010, pour tomber à 650 m 3 / habitant/an en 2019. Ce recul pour le moins inquiétant représente une baisse substantielle de 74,6%. Pire, le document récent alerte sur l’hypothèse selon laquelle la dotation en eau pourrait chuter en dessous du seuil de pénurie situé à 500 m3 à l’horizon 2030. Et ce, sous la pression démographique, conjuguée à l’impact du changement cli- matique sur les ressources en eau. La surexploitation doigtée du doigt En plus de la raréfaction des ressources hydriques, les auteurs de l’étude sou- lignent que la situation du secteur de l’eau au Maroc est marquée par une surexploitation des ressources en eaux souterraines à travers les prélèvements excessifs. Chiffres à l’appui, la surex- ploitation est estimée à près d’un mil- liard de m3 par an d’eau non renouve-

lable. Il existe également d’autres griefs inhérents à l’utilisation des ressources disponibles, la valorisation et la gouver- nance du secteur de l’eau. Les pertes d’eau enregistrées dans les systèmes d’irrigation peuvent atteindre 40%. La faiblesse des rendements des réseaux de distribution de l’eau potable en milieu urbain pose également problème. L’étude mentionne aussi le retard enre- gistré dans l’équipement des superficies irrigables dominées par les barrages mis en service. La gouvernance du secteur de l’eau est pénalisée par la multipli- cité des intervenants, la faiblesse de la coordination et les moyens humains et financiers limités des agences de bas- sins hydrauliques. Un déficit de 2,3 milliards de m 3 / an d’ici 2030 Sur le registre des projections à long terme, l’on note l’exacerbation de la concurrence pour la ressource entre les différents secteurs usagers. Ainsi, la

demande relative à l’alimentation en eau potable industrielle et touristique enre- gistrerait une augmentation de près de 65% sur la période 2010-2030 contre 3% pour la demande en eau à usage agri- cole. Les prévisions montrent aussi que l’augmentation future de la demande en eau au Maroc ferait passer le taux d’uti- lisation des ressources hydriques super- ficielles renouvelables de 50% en 2010 à 59% en 2030. Pour les eaux souter- raines renouvelables, l’utilisation serait maintenue à un niveau élevé de près de 90%. Enfin, s’agissant des projections du bilan ressource-demande en eau au Maroc, elles font ressortir un déficit de près de 2,3 milliards de m 3 /an à l’horizon 2030. L’étude révèle toutefois que ce déficit serait résorbé respectivement à hauteur de 1.751 millions de m 3 par la mobilisation de ressources en eau de surface supplémentaires, 510 millions de m 3 issus de la désalinisation et 325 mil- lions de m 3 provenant de la réutilisation des eaux usées épurées. ◆

La surex- ploitation

est estimée à près d’un mil- liard de m 3 par an d’eau non renouve- lable.

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