Finances News Hebdo N° 1099

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JEUDI 9 MARS 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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Fake news

◆ Les fakes news se propagent actuellement à une vitesse fulgurante, menaçant la presse et la démocratie. ◆ D’après le CESE, 93% des Marocains disent en être victimes. Épidémie 2.0

proches et amis. Par ailleurs, plus de 30% des sondés ont souligné que les informations officielles

et vérifiées demeurent tou- tefois difficiles à obtenir et très souvent incomplètes et opaques. «La veille des réseaux sociaux et le contenu faux circulant au Maroc font une grande partie de mon travail de jour-

Les fake news bou- leversent la stabilité

politique, écono- mique et sociale d’un pays.

naliste spécialisée en vérification des faits, ce qui me donne une idée sur «la puissance» de ces fake news qui réussissent juste- ment à toucher un large public, à générer des milliers de vues, de commentaires et de partages, car les gens y croient vraiment et largement. C’est donc normal qu’une grande partie des utili- sateurs marocains se trouvent victimes de ce contenu manipulé avant qu’ils se rendent compte de la réalité des choses. Les réseaux sociaux au Maroc, tout comme plusieurs pays dans le monde entier, connaissent une grande propagation de conte- nus manipulés et faux», souligne Yasmine Laabi. Afin de limiter un tant soit peu la prolifération des fake news, le code de la presse marocain (article 72) stipule que: «Est puni d’une amende de 20.000 à 200.000 dirhams quiconque a publié, diffusé ou transmis, de mauvaise foi, une nouvelle fausse, des allégations, des faits inexacts, des pièces fabriquées ou falsifiées attribuées à des tiers lorsque ses actes auront trou- blé l’ordre public ou suscité la frayeur parmi la population (...)». Selon un avis émis par le CESE, il serait plus opportun de dévelop- per l’arsenal juridique encadrant les plateformes numériques qui

Qu’elles soient l'œuvre d’une personne lambda ou d’une per- sonnalité publique, les fake news renferment une menace tout autant importante, compte tenu de la rapidité avec laquelle elles se propagent sur les différentes plateformes sociales. «La désinformation qui se sert de la propagation massive des fake news peut constituer un vrai danger dans les sociétés. On a vu cela pendant la crise sanitaire du Covid-19; beaucoup de gens ont refusé de respec- ter les instructions visant à limi- ter la propagation du virus car ils ont cru à ces publications virales qui nient l’existence du virus. On peut également donner l’exemple des messages haineux qu’on retrouve souvent infiltrés dans les fake news et qui arrivent à créer un sentiment de haine et de racisme envers des individus ou des communautés, ce qui peut mener à des actes de vio-

lence dans la vie réelle», explique Yasmine Laabi, journaliste Fact- checker à l’AFP. D’après elle, en l’absence d’une information vraie et fondée, les fake news prennent place pour inciter à une prise de positions ou de décisions non éclairées, ainsi qu'à alimenter un sentiment de tension ou de peur dans les sociétés. Primauté de la loi Le CESE (Conseil économique, social et environnemental) a réa- lisé récemment un sondage via sa plateforme digitale participa- tive «Ouchariko» , par laquelle il a généré 75.372 interactions des citoyens, dont 626 réponses pour le sondage. Il en ressort que 93% des répon- dants ont affirmé avoir reçu de fausses informations et 51% ont dit avoir participé inconsciem- ment à la propagation de celles- ci, en les partageant avec leurs

L es fake news ou «fausses informations» sont considérées comme étant le mal des temps modernes. Avec l’avènement des réseaux sociaux, ces rumeurs 2.0, dont les effets sont parfois irréver- sibles, se répandent comme une traînée de poudre. Le Maroc n’est pas à l’abri. En effet, ce phénomène prend de l’ampleur depuis quelques années déjà. En plus d’embrouil- ler les esprits des citoyens, les fake news portent considéra- blement atteinte à la démocra- tie et bouleversent la stabilité politique, économique et sociale d’un pays. La tâche s’annonce alors très ardue pour le gouver- nement, mais surtout pour les médias qui sont les principaux gardiens du temple de l’infor- mation. Par M. Boukhari

Le Maroc doit investir dans le secteur éducatif pour faire face aux conséquences des fake news, et les pro- grammes sco- laires doivent prendre en compte l’édu- cation aux médias.

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