VAB-FR-juin20

TEXTE STIJN SMETS

est-il appelé à devenir la nouvelle norme ? Le télétravail

Pour lutter contre la propagation du coronavirus, il nous a été demandé de privilégier le travail à domicile. Du coup, fini les embouteillages ! Cela pourrait-il signifier la percée définitive du télé- travail ? Ou allons-nous retomber très vite dans nos vieux travers ?

Q ui n’a jamais souhaité l’éradication des heures de pointe et des embouteillages ? Un espoir chimé- rique… jusqu’à ce que le coronavirus nous impose un changement radical d’habitudes. Tous ceux qui en avaient la possibilité ont dû, bon gré mal gré, se mettre au télétra- vail. Et il est apparu qu’ils étaient plus nombreux qu’on aurait pu le croire. Le SERV (le conseil socio-économique flamand) l’avait pressenti depuis longtemps. L’organe de concertation et de conseil avait déjà mené une enquête sur le télétravail bien avant l’invasion du coronavirus. Il en était ressorti qu’à peine 7% de la population active tra- vaillait en moyenne une journée par semaine à domicile. Il est clair que certaines professions en sont d’office exclues. Mais même en déduisant ces professionnels des chiffres nationaux, on s’apercevait que 27% seulement de la po- pulation active passible de travailler à domicile le faisait déjà au moins un jour par semaine. Autrement dit, le télé- travail était encore marginal. Jusqu’à ce fameux 18 mars où il s’est en quelque sorte normalisé et où les embouteillages ont disparu des radars.

Plus de bouchons ! Faut-il dès lors voir dans le télétravail une sorte de Saint- Graal ? La solution à tous nos problèmes de mobilité ? “S’il y a bien un enseignement à tirer de la crise liée au corona- virus, c’est que le télétravail dispose d’une marge d’expan- sion nettement plus large que nous le pensions”, confirme Willy Miermans, expert en mobilité . “Si le trafic pouvait diminuer de 20%, ce serait la fin des embouteillages. Les modèles théoriques nous l’avaient déjà dit. Aujourd’hui, la preuve est faite. Un collègue néerlandais avait affirmé un jour que l’on pouvait résoudre la problématique des embou- teillages sans dépenser un euro. Simplement en générali- sant le co-voiturage et le télétravail à raison d’un ou deux jours par semaine.” Une réticence réciproque Mais si la solution est aussi simple, pourquoi les entreprises n’ont-elles pas été plus nombreuses à instaurer le télétra- vail ? Une interrogation à laquelle Sarah De Groof, experte en télétravail chez Acerta , groupe de services RH, apporte son éclairage. “Certaines entreprises sont effectivement réti- centes à l’égard du télétravail, mais on retrouve cette même réticence dans le chef des travailleurs. Les entreprises re- doutent surtout de perdre le contrôle. Les responsables avec qui je me suis entretenue m’ont souvent dit qu’ils avaient besoin de vérifier si leur personnel est effectivement en train de travailler. Mais voir un travailleur assis face à son ordi- nateur n’est aucunement une garantie de sa productivité. De l’autre côté, tous les travailleurs ne sont pas adeptes du télétravail. Certains ont besoin de scinder ‘physiquement’

“Cette crise, nous devons la voir comme une énorme opportunité d’expérimenter de nouvelles solutions, sans hésiter à rectifier le tir si nécessaire.”

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