VAB-FR-juin20

leur vie professionnelle et leur vie privée, chose qu’il leur est impossible de faire à la maison. Autre motif d’inquié- tude : si une partie du personnel travaille à distance, ceux qui travaillent en présentiel redoutent un surcroît de travail car ce sont eux qui – par la force des choses – vont devoir répondre aux appels téléphoniques et aux demandes des collègues. Et même si les moyens numériques dont on dis- pose devraient pouvoir résoudre ce problème, cette appré- hension est bien présente.” Opportunités Heureusement, les entreprises et les travailleurs sont aus- si très nombreux à voir les avantages du télétravail, pour- suit Sarah De Groof. “Certains employeurs y voient la pos- sibilité de réaliser d’intéressantes économies. Plus besoin de prévoir un bureau et un espace de travail pour chacun. C’est aussi un moyen pour eux de combler les postes va- cants. S’ils ne trouvent pas le candidat idéal dans leur ré- gion, ils peuvent éventuellement le trouver un peu plus loin et lui proposer un contrat de télétravail.” Willy Miermans approuve cette idée. “Les gens y ont goûté. Ils savent que c’est faisable et que ça fonctionne, même si l’entreprise était jusque-là convaincue du contraire. Lors des embauches, les entreprises devront comprendre la nécessité de se montrer plus flexible à l’égard du télétravail. Car cela pourrait bien devenir un argument décisif pour les candidats.” Que nous réserve l’avenir ? Le train du télétravail est-il définitivement en marche ? Wil- ly Miermans reste sceptique. “Les gens ont massivement

changé leurs habitudes, poussés par l’urgence. Il s’agissait d’endiguer la propagation du virus. Mais qu’adviendra-t-il lorsque l’urgence aura diminué ou disparu ? Je prévois que l’on abordera la question du temps de manière plus ration- nelle. Il est ridicule d’organiser une réunion à Bruxelles et d’y convier des gens de Maaseik et d’Ostende, juste pour assister à une présentation powerpoint. Nous en étions déjà vaguement conscients, mais aujourd’hui, nous en sommes convaincus. On va de plus en plus abandonner ce genre de déplacements inutiles qui font souvent perdre une journée entière.” Sarah De Groof croit aussi au potentiel des moyens numériques. “Certes, une réunion virtuelle ne se déroule pas toujours aussi facilement qu’une réunion présentielle, mais il faut tenir compte du temps total. Le gain de temps réalisé en évitant d’avoir à se déplacer est tellement plus important que le peu de temps perdu parce qu’une réunion virtuelle est un peumoins productive. Quant à savoir si le télétravail va se gé- néraliser, personne n’a la réponse. Le dirigeant qui craignait de perdre le contrôle a peut-être été agréablement surpris. Il a pu constater que le travail était fait, même s’il a dû lâcher les rênes et faire confiance à son équipe. D’autres diront sans doute que cela n’a pas fonctionné. Peut-être à cause de la pré- sence des enfants à la maison et d’une baisse logique de la productivité. Tous les employeurs ne seront pas en mesure de faire la différence entre la situation actuelle et la situation en temps normal. Mais quoi qu’il en soit, nous devons voir dans cette crise une énorme opportunité d’expérimenter de nouvelles solutions, sans hésiter à rectifier le tir si nécessaire. Analysons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, pour que toutes les parties en sortent vainqueurs.”

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JUIN 2020 MOBILITÉ

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