Argenteuil_2022_07_22

ACTUALITÉS

VIVRE SOUS TERRE EN 2022

FRANÇOIS DANIEL nouvelles@eap.on.ca

De la route 329, à environ deux kilo- mètres de Lachute, on peut apercevoir entre les arbres de la fumée qui semble surgir de terre. Si on s’arrête un moment on se rend vite compte qu’il s’agit d’une cheminée apparemment plantée dans le gazon. Il y a une quarantaine d’années, il y avait là une colline couverte d’herbes et d’arbres qui descendait jusqu’à une petite rivière, un peu plus bas. La rivière est toujours là, mais un bulldozer a emporté une partie de la colline. Dans ses flancs, Roger Lavis et Johanne Lepage ont enfoui leur demeure. Littéralement. 1979. Le couple habitait alors une petite maison sur les bords du lac Sir John. De construction médiocre, elle était si mal isolée que la tuyauterie gelait l’hiver. L’électricité tombait souvent en panne. Roger et Johanne qui désiraient se construire une demeure feuilletèrent donc des revues en quête de modèles de maisons susceptibles de résis- ter au climat. Ils s’informèrent également auprès de GRACE, un groupe de recherche en architecture de l’Université de Montréal qui explorait la construction de maisons non conventionnelles. Ils finissent par découvrir un modèle de maison enfouie dont Roger s’inspire pour concevoir un plan original. Reste à trouver un terrain propice à la réa- lisation du projet. Si l’efficacité préoccupe Roger («on voulait éliminer les courants d’air»), Johanne, elle, pense autonomie. Ils recherchent un terrain orienté au sud afin de profiter d’un maximum d’ensoleillement, assez grand pour y cultiver un potager et proche d’un cours d’eau. Ils finissent par trouver l’endroit idéal le long de la 329. 1981. Les travaux commencent en juillet. Il s’agira d’une maison enfouie, une grotte artificielle en quelque sorte, dont les murs et le toit seront faits de béton armé. Le couple a un budget limité, mais Roger connaît la construction et Johanne est habile de ses mains si bien qu’ils feront tout eux-mêmes. Seule la fabrication des dalles en ciment du toit est confiée à une entreprise spécialisée. De longueur variable selon leur position sur le toit, ces dalles ont une largeur de 4 pieds et une épaisseur de 10 pouces; elles sont percées de trous ce qui les rend moitié moins lourdes que si elles étaient pleines. Le coulage des murs de béton qui soutiennent le toit est également sous contracté, mais Roger a déjà posé les armatures de fer en tenant compte du filage électrique et le cas échéant, de la plomberie. Tout est prévu. Depuis la fenestration orientée selon la position du soleil hiver comme été jusqu’aux conduits sous les planchers qui amènent partout dans la maison la chaleur produite par un poêle à combustion lente et poussée par un petit ventilateur. Comme on veut un maximum d’éclai- rement sans variation de température,

Roger Lavis et Johanne Lepage vivent dans une maison enfouie sous la terre depuis plus de 40 ans. —photo François Daniel on installe une marquise de ciment sur la façade; celle-ci permet à la chaleur du soleil de pénétrer dans la maison lorsque durant l’hiver il est bas sur l’horizon, mais qui en bloque les rayons ardents quand il est plus haut dans le ciel pendant l’été. C’est d’ailleurs le seul élément qui fera défaut au bout de quelques années, la membrane utilisée pour imperméabiliser la marquise s’étant révélée de qualité inférieure. Son remplacement règlera le problème.

avec ses mascottes: un chien, deux chats et un couple de sugar glidders, d’irrésistibles marsupiaux australiens de la famille des opossums et qui s’activent surtout la nuit. Les pièces habitées donnent sur le devant de la maison afin de bénéficier de la lumière; l’arrière comprend ce qu’on pourrait appe- ler les pièces «utilitaires», salles de bain, rangements, laverie et le plus long garde- manger jamais vu pour stocker denrées et conserves. Les salles de bains sont munies de ventilateurs d’évacuation qui s’ouvrent sous la marquise de la façade et non pas sur le toit. Roger explique que parce que la mai- son est enfouie dans le sol, il n’y a pas de courants d’air. Et si la température est constante, c’est à cause de la masse ther- mique que ses 400 tonnes de béton lui confèrent. Même si on arrêtait le chauffage

en plein hiver, la maison ne gèlerait pas. Sur le toit, il y a quatre pieds de terre au-dessus des dalles de ciment. Même dans les plus grands froids, le sol ne gèle jamais à cette profondeur. Mis à part le lavage des vitres et la tonte du gazon sur le toit, la maison ne nécessite aucun entretien particulier. L’humidité propre aux caves (parce qu’une maison enfouie c’est ni plus ni moins qu’une cave) n’est pas non plus un problème puisque deux petits déshumidificateurs posés à chaque bout du logis s’en occupent de manière efficace. La maison existe maintenant depuis qua- rante ans et si, comme on dit, le passé est garant de l’avenir, les chances sont qu’elle y sera encore dans quarante ans avec les chevreuils qui viendront manger sur son toit.

Au bout de quatre mois, en novembre 81, la maison est prête à recevoir ses habitants. Il reste encore des détails à peaufiner, mais elle est habitable. Longue de 96 pieds, et profonde de 28, la maison comprenait à l’origine une douzaine de pièces et un garage. Il y a quelques années, le couple a transformé ce dernier en appartement pour leur fille qui l’habite

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