Hors Série 43

C onjoncture

La croissance chahutée par le contexte défavorable La Banque mondiale a maintenu récemment sa prévision de croissance pour le Maroc à 1,1% du PIB en 2022. Il y aurait une dégradation de plusieurs indicateurs macroéconomiques pour l’année en cours.

A

visions passées en revue augurent un tableau sombre du marché du travail pour l’année en cours. Pour rappel, le taux de chômage est passé de 11,9% à 12,3% entre 2020 et 2021. Ceci étant dit, l’activité économique au niveau national contraste avec les pers- pectives de croissance de plusieurs pays de la région MENA. D’après la Banque mondiale, la région devrait connaître une croissance de 5,3% en 2022, soit le rythme le plus rapide depuis une décennie. Cela s’explique principalement par les gains réalisés par les pays exportateurs de pétrole. Interrogé sur les révisions à la baisse de la croissance pour 2022, Mehdi Lahlou, économiste, rap- pelle un fait non moins important. «Entre décembre 2021 et janvier 2022, j’avais déjà remis en cause, dans vos colonnes, les prévisions de croissance de la Loi de Finances 2022», souligne- t-il. Et de poursuivre que sa pos- ture était confortée par 3 éléments, qui sont les effets liés à la Covid-19 (ouverture tardive des frontières), les conséquences de la sécheresse et la politique gouvernementale menée sur les fronts économique et social. «A cause de la sécheresse, la produc- tion céréalière oscillera au mieux entre 25 et 35 millions de quintaux. Plusieurs secteurs peinent à retrouver Selon les estimations du Département de l’agri- culture, la production céréalière reculerait en 2022 de 69%.

u regard d’une conjonc- tion de facteurs endo- gènes (sécheresse, griefs liés à la Covid-19,

inflation, etc.) et exogènes (guerre en Ukraine, hausse des prix des matières sur les marchés internatio- naux, difficultés d’approvisionne- ment), la croissance risque de ne pas être au rendez-vous en 2022 au Maroc. D’ailleurs, la Banque mon- diale a maintenu récemment sa pré- vision de croissance pour le Maroc à 1,1% du PIB en 2022 contre 7,4% l’année dernière. Elle anticipe un rebond à 4,3% en 2023. «Au Maroc, les effets conjugués de la sécheresse et de la guerre en Ukraine l’emportent sur la timide reprise du secteur des services», peut-on lire dans l’édition de juin 2022 du rapport de l’institu- tion de Bretton Woods sur les pers- pectives de l’économie mondiale. D’ailleurs, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, s’est rendu à l’évi- dence en concédant en juin 2022 au Parlement que le Maroc devrait enre- gistrer une croissance comprise entre 1,5% et 1,7% du PIB. Et ce, contre une prévision initiale de 3,2% dans la Loi de Finances 2022. Cette révision à la baisse des prévisions, exercice auquel se sont livrées plusieurs enti- tés, s’explique par la contreperfor- mance de la valeur ajoutée agricole (-11% contre +18% en 2021 d’après BAM). La valeur ajoutée non agricole devrait, elle, s’améliorer de 3,1% en 2022. A l’issue de son conseil de juin 2022, la Banque centrale qui a main- tenu le taux directeur à 1,5%, table sur un taux de croissance d’1% du PIB. A l’évidence, les différentes pré-

leur niveau d’activité d’avant Covid- 19. A cette donne pénalisante pour la croissance, se sont greffées les consé- quences catastrophiques de la guerre en Ukraine, pour ne citer que la flam- bée des prix des matières premières et des denrées alimentaires de base» , fait observer Lahlou. Notre interlocuteur, qui alerte sur les fâcheuses consé- quences engendrées par la hausse des prix des carburants sur le pouvoir d’achat des Marocains, affirme que les causes de la surchauffe des prix à la pompe découlent aussi du sort réservé à la Samir. «La privatisation de la Samir en 1997 est intervenue comme une bombe à retardement dont les effets sont apparus en 2014, avec la libéralisation du secteur des hydrocarbures. L’arrêt de l’activité de la Samir en 2015 a sonné le glas des importations des produits pétroliers non raffinés» , soutient l’économiste. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, la bombe à retardement a fini par exploser avec la flambée des prix des produits pétro- liers raffinés que le Maroc importe sur le marché international». Il ressort de l’analyse de notre inter- locuteur que la hausse des prix des carburants est tributaire à la fois de la guerre en Ukraine, de la dispari- tion de la Samir (que l’Etat a intérêt à

FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°43 6

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