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ECONOMIE

DU 31 AOÛT AU 9 SEPTEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Automobile

◆ Les exportations automobiles ont chuté de 33% au premier semestre. ◆ Les distributeurs ont vu le cumul des ventes de voitures neuves chuter de 36% depuis le début de l’année. ◆ La situation sanitaire actuelle ne plaide pas pour une relance vigoureuse du secteur. Le secteur toujours dans le dur L e secteur auto- mobile est parmi les métiers mon- diaux du Maroc. En effet, il est Par B. Zamani (stagiaire)

La crise sanitaire

qui perdure compromet

l’ambition du Maroc de voir sa production annuelle por- tée à 1 million de véhicules à l’horizon 2022.

considéré comme l’un des moteurs de l’indus- trie nationale et a enre- gistré une croissance remarquable ces dernières années, en termes d’in- vestissement et d’expor- tation. Ce qui lui a permis de se hisser avec succès aux normes mondiales. Cette progression fulgu- rante est le fruit de la vision définie dans le cadre du Plan d’accélération indus- trielle (2014-2020). L’État a misé sur l’instauration d’écosystèmes industriels afin de placer le secteur sur les standards inter- nationaux. Une stratégie qui a renforcé l’offre de valeur développée et favo- risé une meilleure organi- sation de ses acteurs qui gagnent en compétitivité, en qualité et en réactivité. L’ensemble de ces atouts ont eu pour effet de faire du Maroc une plateforme automobile attractive aux yeux des leaders indus- triels. Ce saut qualitatif a ainsi permis au secteur de devenir le premier secteur exportateur du Royaume, devant les phosphates. Cependant, la crise sani- taire liée à la Covid-19 a donné un coup de frein brutal à l’activité automo- bile, tant à l’échelle indus-

trielle que commerciale. Les constructeurs auto- mobiles ainsi que leurs écosystèmes ont été contraints de mettre à l’ar- rêt leurs activités de pro- duction en Europe et dans le Royaume en raison du confinement. C’est notam- ment le cas de Renault et PSA qui ont temporaire- ment fermé leurs sites de production au Maroc. Par ailleurs, les conces- sionnaires ont considé- rablement diminué leurs importations de véhicules en raison de la pandé- mie de la Covid-19, qui a impacté la demande et entraîné la ferme- ture de presque tous les showrooms. Reprise timide Toutefois, juste après le déconfinement, le secteur a connu un léger mieux. Au niveau industriel,

les constructeurs auto- mobiles ont amorcé la reprise, mais ils estiment que l’impact de la crise est assez fort et principa- lement corrélé à la situa- tion mondiale. Selon l’Officedes changes, les exportations automo- biles ont atteint 28 Mds de DH, soit une chute de 33% au premier semestre. Cette baisse est principa- lement causée par le recul de la construction (-40%), du câblage (-38,9%) et de l’intérieur de véhicules et sièges (-26%). Même son de cloche au niveau de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), qui souligne dans sa note de conjoncture de juillet 2020 que la baisse des ventes est liée principalement à l’arrêt des activités des sites de Renault et PSA et la baisse de la demande

en provenance de l’Eu- rope, fortement touchée par la crise sanitaire. Au niveau commercial, cette situation sanitaire inédite a fortement impac- té l’activité des conces- sionnaires, déjà touchés par le report du Salon Auto Expo 2020. Certes, les ventes du mois de juillet ont atteint 14.377 unités, soit une progres- sion de 10,17% par rap- port à la même période de l’année dernière. Mais cette reprise n’a pas suffi à réduire les pertes subies par le marché. Le cumul des unités ven- dues, depuis le début de l’année, est de 60.151, soit un recul de 35,86%. Mais ce rebond en juil- let n’est pas un signe de relance durable, d’autant que le mois d’août connait une recrudescence de la situation épidémiologique,

qui ne semble pas écarter un retour au confinement. Ce qui pourrait, par consé- quent, alourdir les pertes globales déjà subies par le secteur. En cela, cette crise pour- rait remettre en cause les prévisions du ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, qui avait annon- cé que la capacité de pro- duction annuelle du Maroc afficherait un million de véhicules à l’horizon 2022, et que le chiffre d’affaires à l’export devrait atteindre 100 milliards de dirhams contre 70 milliards actuel- lement. En raison de la situation sanitaire, ces prévisions risquent donc d’être fortement compro- mises. D’où l’appel des acteurs du secteur pour un plan de relance à long terme. ◆

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