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CULTURE
DU 31 AOÛT AU 9 SEPTEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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touchés par le ferment moder- niste, accordent au couple de l’élan brisé : Ahmed Cherkaoui et Jilali Gharbaoui. Le premier, enfant de Boujad, formé à Paris puis à Varsovie, était fasciné par le signe, et ses toiles, des monogrammes de couleurs, se présentent comme une invitation à un voyage spirituel dans ce dernier. Après des études à Fès, Jilali Gharbaoui obtient en 1952 une bourse pour l’Ecole des Beaux- Arts de Paris. Il rencontre et se lie d’amitié avec Pierre Restany et Henri Michaux. Il séjourne en 1958 à Rome puis rentre à Rabat. Epuisé par son angoisse existentielle et sa dipsomanie, il est retrouvé mort à l’âge de 41 ans, au petit matin, sur un banc public parisien. Dès 1952, il s’exprime pleinement par une ges- tuelle alliée à la calligraphie, qui appellent dramatiquement à la vie. Une œuvre claire, lumineuse, riche, inépuisable. Les 3 trublions qui donnèrent le jour à la peinture contempo- raine marocaine On s’accorde à soutenir que Ahmed Cherkaoui et Jilali Gharbaoui sont les premiers peintres à ouvrir à l’art marocain la voie de la moder- nité. Beaucoup s’y engouffrent et égaient de leur nouveau savoir- faire salons annuels et ateliers d’art. Mais les conversions isolées ne font pas communauté. Autrement dit, il y a des peintres, mais il n’y a pas encore une peinture assumant sa destinée et imposant ses lignes de démarcation. Un trio de rebelles va sonner la charge contre la mièvrerie, le folklorisme et la fadeur auxquels la peinture marocaine est encline selon le bon vouloir des consé- crateurs. Nous sommes en 1964. Farid Belkahia, Mohamed Melehi et Mohamed Chebaâ, tous trois jeunes enseignants à l’Ecole des Beaux- Arts de Casablanca, secouent le cocotier des valeurs esthétiques désuètes, affranchissent l’art du joug colonial et l’arriment à une modernité qui ne regarde pas de haut la tradition. Tous les trois sont des révoltés qu’unit la même aversion pour la peinture folklorique, hissée au rang
entière. De périodes novatrices, prolifiques, éclairées, l’histoire de la peinture marocaine est constamment semée. Faute d’espace, il serait malaisé de les évoquer toutes. Contentons- nous de répéter cette évidence : la peinture au Maroc ignore la léthar- gie et la sclérose, et sans cesse se renouvelle. En substance L’exposition, qui jamais ne se four- voie dans l’exhibition folklorique, mérite le détour. Pour trois raisons. La première tient à la richesse des pièces rassemblées. La deuxième raison réside dans la facture remar- quable des œuvres exposées, qui illustrent la bonne tenue des arts plastiques marocains, gage de leur réputation constamment honorable. De fait cependant que la chanson s’essouffle, que le théâtre ne voit pas toujours clair, l’art ne faillit jamais à son devoir d’excellence. La troisième raison se trouve liée à la portée pédagogique de l’exposi- tion. En n’ostracisant aucun cou- rant, style ou tendance, dans la mesure du possible, celle-ci pro- pose un panorama de l’art maro- cain, dont il est loisible de tirer une leçon d’histoire. Une manifestation d’envergure qui nous met au cœur du bouillon- nement pictural d’un pays doué, inventif et inspiré que la superbe rétrospective nous permet d’arpen- ter dans le temps et dans l’espace. Surgavé d’art, le visiteur ne songe plus qu’à reposer ses yeux. Pour autant, il ne quitte pas aussitôt le musée. Il s’y attarde encore un peu, tant l’endroit est réellement enchan- teur. Un dernier regard sur le guer- rier Massai d'Oussman Sow; le che- val de Fernando Botero; les sculp- tures en marbre d'Ikram Kabbaj; la sculpture de Farid Belkahia histoire d’admirer son imagination floris- sante, et il se retourne vers ses occupations prosaïques. Heureux qui, comme nous, peut faire une si mémorable virée ! ◆ («Les peintres marocains dans les collections nationales, de Ben Ali R’bati à nos jours», jusqu’au 15 décembre 2020, angle Avenue Moulay El Hassan et Avenue Allal Ben Abdallah, Quartier Hassan, Rabat).
«Fille de Zagora», huile sur toile (1933, 75 x 85 cm) de Chaïbia Talal. Une des première femmes à entrer en peinture, avec des personnages dont la fraîcheur enfantine masque mal une angoisse profonde.
de référence par les services de Beaux-Arts. Isolés au début, ces francs-tireurs vont bientôt recevoir de précieux renforts : Mohamed Hamidi, Mohamed Ataalah et Mustapha Hafid. Premier acte protestataire reten- tissant, en 1969. Le petit groupe d’artistes fomente une exposi- tion-manifeste sur la Place Jamaâ El Fna, à Marrakech, explicitant les relations entre artisanat et art moderne. L’effet en est heureux : les mœurs picturales établies se mettent à décliner, pendant que la nouvelle peinture commence à sor- tir de l’ombre. Le groupe s’étoffe. Mahjoubi Aherdan, Karim Bennani, Mekki Megara et Saad Cheffaj, entre autres transfuges de Rabat et de Tétouan, s’enrôlent sous la bannière. On se serre les coudes, multiplie les initia- tives secouant de fond en comble la vie artistique. C’est ainsi qu’est constituée l’Association nationale des plasticiens marocains, dont la
première exposition regroupe, en 1976, une trentaine d’artistes. La peinture contemporaine marocaine prend réellement son envol. Se détachaient aussi de la 2 ème vague des pinceaux aussi déli- cats que Fouad Bellamine, Hassan Slaoui, Abderrahmane Meliani, Saâd Hassani, Mustapha Boujemaaoui et d’autres encore, tels que Abdallah Hariri, Abdelkébir Rabi’, Houssein Talal, Abderrahmane Rahoul ou Abdelkrim Ghattas, jaloux de leur discrétion, mais artisans éblouis- sants des Seventies. L’art souffle à pleines voiles Dans le musée Mohammed VI, il s’exhibe, s’affiche, fascine et aimante le visiteur halluciné par une telle orgie de couleurs, de formes, de signes et de motifs. Miloud Labied est l’un des dispensateurs de cet intarissable éblouissement. La femme n’est pas seulement représentée en nombre, mais aussi considérée comme actrice à part
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