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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
MARDI 31 AOÛT 2021
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lation. D’après une étude inédite du HCP, les inégalités sociales se sont fortement détériorées : L’indice de Gini -qui mesure cette inégalité- a atteint 46,4%, alors que, selon le commentaire du même HCP, le seuil «socialement tolérable» serait de 42%. Ainsi, tous les chiffres passés en revue sont des éléments objectifs qui permettent de se faire une idée du bilan quantitatif des gou- vernants en fin de mandat. F.N.H. : Au-delà des chiffres, que vous suggère l’action gouverne- mentale en matière de mise en œuvre de réformes économiques majeures ? N. A. : Pour les réformes relevant des poli- tiques économiques et sociales, je consi- dère que celle liée à l’abolition de la rente est l’une des plus importantes. Pour rappel, plusieurs évènements (Hirak du Rif, boycott de certains produits et certaines grandes entreprises) qui se sont déroulés durant le mandat du gouvernement actuel, ont conforté pour la énième fois la nécessité d’engager par des actes forts une lutte sans merci contre la rente. A mon avis, ladite libéralisation des prix des hydrocarbures et l’arrêt d’activité de la Samir resteront dans l’histoire économique contemporaine du Maroc comme des tâches noires à mettre au Passif des gouvernants de ce pays. En tout cas, ce qui est patent, c’est que ce gouvernement n’a rien fait pour sauver la Samir (alors que plusieurs solutions ont été proposées par différentes parties), et je dirais même que ce sont les ministres concernés qui se sont appliqués à découra- ger toute solution véritable, rappelant cruel- lement qu’en réalité, le puissant lobby des «pétroliers» est omniprésent au sein même de l’équipe gouvernementale… Pour les mêmes raisons, les Marocains ont subi et continuent de subir le «hold-up du siècle» ! J’entends par là le scandaleux maintien, à partir de 2015, des prix – à la pompe- de l’essence et du gasoil à des niveaux éle- vés, alors que les cours mondiaux s’étaient effondrés. Je rappelle que c’est une com- mission parlementaire qui avait mis en évi- dence ce hold-up, et que ce dernier avait même été évalué à 17 milliards de dirhams. En fait, comme le gouvernement a continué de capituler devant les exigences du lobby des pétroliers, notamment en refusant de plafonner les prix, ce scandale des hydro- carbures persiste à ce jour, et des cadres de la Samir évaluent aujourd’hui ce hold-up à 40 milliards de DH… A travers le boycott de certains produits et certaines entreprises dominantes au cours
du printemps 2018, le principal message que les Marocains ont voulu émettre n’est autre que la dénonciation de cette relation malsaine entre l’économie et la politique... Le gouvernement n’a pas été capable de parachever la réforme de la Caisse de compensation, avec la mise en place du système du revenu direct, destiné aux per- sonnes qui en ont besoin. Le système des subventions à travers les prix (qui revient à gaver de subventions publiques de puis-
sants lobbies de rentiers) persiste donc toujours, et ce au moins pour le sucre, le pain et le gaz butane… En ce qui concerne la fiscalité, au lieu de procéder à temps aux réformes néces- saires, le gouvernement s’est contenté d’organiser des assises fiscales en 2019. Sachant que les principales recommanda- tions issues des assises fiscales de 2014 n’avaient jamais été mises en œuvre. Il a attendu la fin de son mandat pour sortir le
projet de loi-cadre portant sur la réforme fis- cale. Ce qui dans le meilleur des cas revient à passer la «patate chaude» au prochain gouvernement… Le gouvernement El Otmani a également fait l’impasse sur la réforme des caisses de retraite. Les réformes systémiques dont le caractère crucial n’est plus à démontrer, n’ont pas été faites. Aujourd’hui, la question des caisses de retraite est une véritable bombe à retardement pour le Maroc… ◆
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