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CULTURE
FINANCES NEWS HEBDO
MARDI 28 FÉVRIER 2023
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des idées et de confronter nos points de vue. Elle m’a apporté la force scéna- ristique de l’histoire qui me manquait. Ensuite, il m’a paru logique et naturel qu’elle soit co-réalisatrice à mes côtés. F.N.H. : Comment se sont esquis- sés les personnages des enfants ? Booder : Ils s’inspirent tous des quelques milliers d’enfants que j’ai croi- sés quand j’allais dans les associations et les hôpitaux. Le plus souvent, quand
je rencontrais les enfants, je ne leur demandais pas quelle était leur mala- die, mais ils se livraient spontanément, car ils se voyaient avant tout comme des enfants – pas comme
(A gauche) Booder dans la peau de Momo; (à droite) Gérard Giroudon campant Michel.
des enfants malades. J’ai donc attribué à mes jeunes personnages au moins deux ou trois dialogues que j’avais entendus auparavant chez des enfants. F.N.H. : Certains clowns de ciné- ma vous ont-ils inspiré ? Booder : Le personnage de clown est totalement magique car dès lors qu’on enfile le nez rouge, il se passe quelque chose. Au moment des essais, c’était la première fois que je mettais le nez rouge et je me suis aussitôt senti habité par un personnage burlesque, cartoo- nesque. J’avais beaucoup d’exemples et de références en tête grâce aux clowns que je voyais quand j’étais enfant à l’hôpital. Pour l’écriture, j’étais en contact avec un clown assez âgé que j’ai côtoyé pendant trois jours à l’hôpital Robert-Debré : j’ai compris comment il fonctionnait et j’ai vu son innocence dans son regard et sa manière d’être. F.N.H. : La rencontre avec Michel est un tournant dans la vie de Momo. Peut-on y voir un par- cours initiatique pour votre per- sonnage ? Booder : Le film raconte l’histoire du destin ! Michel se trouve sur le parcours de Momo, comme si c’était prédestiné, écrit d’avance. Pour Momo, qui est dans une phase difficile sur le plan de la santé, Michel est la seule petite lumière blanche au bout du couloir. Cette ren- contre chamboule sa vie : Michel le met au défi, et Momo s’aperçoit que le seul endroit au monde où il fait rire, c’est à l’hôpital et qu’il y a sa place. C’est une rencontre déterminante qui aurait très bien pu ne pas avoir lieu si Momo ne
s’était pas trompé d’ascenseur…
ne pas développer les pathologies de chacun : on sait que l’histoire se déroule dans un hôpital et cela n’ap- portait rien de nommer les maladies. Le plus important, c’était de montrer que ces enfants n’aspirent qu’à une chose : qu’on les regarde comme des enfants, pas comme des enfants malades. D’ailleurs, ils ne ménagent pas Momo au départ. C’était mon parti pris : je ne voulais pas qu’on voie un enfant faire une chimio ou suivre un traitement lourd, mais qu’on le voie en train de se comporter comme un enfant ! F.N.H. : Au fond, les enfants lui apportent autant qu’il leur apporte… Booder : C’est ce qu’on comprend vraiment à la fin : Momo s’est dit qu’il allait passer ses derniers instants aux côtés de ces enfants pour leur trans- mettre une joie de vivre, tandis que ces derniers, en retour, lui permettent de réaliser son rêve : faire rire, se sen- tir utile. C’est comme un échange de bons procédés : le clown est récon- forté de faire rire les enfants, et les enfants y trouvent de la joie. F.N.H. : Tout à coup, Momo découvre la discipline, l’effort, l’altruisme… Booder : Il se dit : « j’ai passé des castings, ça ne marche pas, je ne fais
F.N.H. : Michel est un homme généreux, mais il ne ménage pas Momo… Booder : J’ai l’impression que Michel se voit à travers Momo : il se retrouve en lui quand il était jeune. Il joue un peu le rôle de son coach : pour gagner le match, il est convaincu qu’il faut s’entraîner dur et, à ses yeux, c’est une question de passage de flambeau. Il sait qu’il n’est pas éternel et que Momo est à la hauteur pour assurer la relève. Jusqu’au bout, Michel est protecteur avec Momo, comme un ami, un grand frère, un père. Il tient à ce que, lorsqu’il ne sera plus là, il y ait quelqu’un de présent pour les enfants. Il n’a donc d’autre choix que d’être dur et de lui dire « si tu te plantes, tu décevras beau- coup d’enfants. Et dix minutes, c’est beaucoup dans la vie d’un enfant ». Il le teste aussi pour voir si Momo est vrai- ment investi, ou s’il est un rigolo qui va baisser les bras à la première difficulté. Car il lui explique qu’il va désormais faire partie intégrante de leur vie. F.N.H. : Vous n’avez jamais eu peur de parler d’enfants atteints de maladies graves dans une comédie ? Booder : Il n’y a rien de mieux que l’hu- mour pour faire passer des messages. Mais c’était une volonté de ma part de
Le plus important, c’était de montrer que ces enfants n’aspirent qu’à une chose : qu’on les regarde comme des enfants, pas comme des enfants malades.
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