Argenteuil_2020_11_20.indd

D O S S I E R LE BOUM IMMOBILIER N’ÉCHAPPE PAS À ARGENTEUIL PATRICK HACIKYAN patrick.hacikyan@eap.on.ca

Les municipalités de la MRC d’Argen- teuil connaissent elles aussi un boum immobilier, à l’instar de plusieurs autres collectivités du Québec et d’ailleurs. «C’est la COVID-19 qui a été l’élément déclencheur. Nous voyons beaucoup d’ache- teurs désirant sortir de la ville, suite à la situation que nous avons connue depuis le mois de mars», a déclaré René Taschereau, courtier immobilier Remax dans la région d’Argenteuil. Selon ce courtier immobilier, c’est le manque d’inventaire face à la demande qui crée un marché de vendeurs. Il a noté qu’il y a de la surenchère de l’ordre de 2% à 7% par rapport au prix demandé d’une bonne partie des propriétés vendues. M. Taschereau a expliqué qu’à la suite du premier confinement, plusieurs personnes ont ressenti le besoin de sortir de la ville. Ainsi des acheteurs provenant essen- tiellement de Montréal, mais également d’Ottawa et de Toronto, viennent acheter des propriétés dans le secteur. Ce sont avant tout des résidences secondaires qui sont recherchées, mais les résidences primaires connaissent également un certain essor. «Dès que le marché a repris, nous avons observé une très forte augmentation des transactions immobilières dans le secteur d’Argenteuil», a observé, pour sa part, Isa- belle Archambault. Cette courtière immobi- lière, commerciale et hypothécaire depuis plus de 10 ans chez Remax a remarqué une augmentation impressionnante des ventes depuis mai 2020, pour les propriétés résidentielles, mais surtout pour les proprié- tés secondaires. Il s’agit d’un phénomène observable dans plusieurs villes. Elle rappelle que de mars à mai 2020, le marché immobilier a été en arrêt total. Selon les statistiques de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, les ventes résidentielles sur le territoire d’Argenteuil ont augmenté de 161% par rapport aux données de 2019. Un phénomène généralisé Le télétravail forcé par l’arrivée de la COVID-19 a certainement été l’élément déclencheur de cet engouement. La rive nord de Montréal a connu une augmentation de 61% de ses ventes résidentielles en septembre 2020, selon les statistiques de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec. De l’autre côté de la rivière, les comtés unis de Prescott et Russell connaissent un phénomène semblable. Plusieurs citadins de la région d’Ottawa cherchent la quiétude de la campagne. Charlevoix connait aussi une augmenta- tion vertigineuse de ventes de propriétés résidentielles en raison de sa proximité avec la ville de Québec. La périphérie nord de Québec a connu 49% d’augmentation de ventes résidentielles pour le seul mois d’octobre. Pour la MRC d’Argenteuil, la demande est soutenue par sa situation géographique avantageuse, non loin de Montréal, Gatineau et Ottawa. Dans la MRC, de manière una- nime selon tous les courtiers rencontrés, ce sont les propriétés situées au bord de l’eau qui se vendent le mieux. Un marché bouillonnant Même des propriétés situées dans des secteurs qui ont connu une inondation par

Le boum immobilier a également un impact sur le secteur de la construction résidentielle. —photo Patrick Hacikyan

le passé comme Saint-André-d’Argenteuil se vendent excessivement rapidement, pourvu qu’il ne s’agisse pas de propriétés ayant été inondées. Selon Maurice Giroux et Martin Rozon, courtiers immobiliers chez Royal LePage, des propriétés résidentielles se vendent en deux mois. Certaines propriétés situées sur le rivage se vendent instanta- nément. « On affiche certaines propriétés et elles sont tout de suite vendues et n’ont même pas le temps de s’accumuler», illustre M. Rozon. Maurice Giroux et son associé Martin Rozon ont remarqué des prix de vente sou- vent supérieurs de 10% au prix demandé. M. Rozon affirme que ce sont autant les propriétés résidentielles principales qui sont en grande demande que les résidences secondaires. Selon M. Rozon, une forte demande d’acheteurs de la région de Mon- tréal est responsable du marché actuel en plus des nouveaux arrivants de villes voisines. Au cours du mois de juillet, la région des Laurentides a connu une augmentation de 97% de ses ventes résidentielles. MM. Taschereau et Rozon ainsi que Mme Archam- bault ont précisé que pour les résidences principales, certains des secteurs les plus désirables dans la MRC d’Argenteuil sont à Lachute, surtout dans son centre, mais aussi dans le secteur situé à proximité et vers le nord de l’Hôpital d’Argenteuil et le secteur adjacent de Brownsburg. L’est de Lachute a également été mentionné pour la forte activité immobilière sur certaines rues dont la rue Robert. Un nouveau phénomène pour les ache- teurs optant pour une résidence principale dans le secteur est aussi d’habiter Argen- teuil tout en ayant un chalet plus au nord dans les Laurentides, dans des secteurs tels que Morin Heights. Les gens n’ont qu’à emprunter la 158 et la 329 pour s’y rendre, évitant ainsi la circulation achalandée sur l’autoroute 15. Du côté ouest de la MRC d’Argenteuil, Gilles Drouin, courtier immobilier d’expé- rience chez Royal LePage, s’occupe des marchés de Grenville-sur-la-Rouge, Gren- ville, Gore et les environs. Pour lui ce sont les ventes de résidences principales qui ont le vent dans les voiles. Pour la seule

pour 2020 pour 70 unités d’habitation supplémentaires. La vente de terrains dans les différentes municipalités de la MRC en témoigne, selon M. Rozon. Si le secteur commercial n’a pas le vent dans les voiles en 2020, le boum immobilier aura des impacts certains sur ce dernier. En effet, Lachute verra prochainement le début de la construction d’un hôtel Microtel de 70 chambres dès cet hiver. Difficiles prédictions du marché futur Tous ces facteurs combinés favorisent le boum immobilier actuel que l’on peut perce- voir dans la MRC d’Argenteuil. Cependant, il ne faut pas faire comme Perrette et le pot au lait en faisant des projections sur ce qui n’est pas vendu, car pour les courtiers des trois plus grandes agences immobilières du secteur, le marché peut changer à tout moment. Les prévisions immobilières avaient envi- sagé une baisse de 18% du marché cette année. Les résultats ont été évidemment différents. Il est très dur de prévoir l’avenir du marché » explique M. Rozon. «La crise économique causée par la CO- VID-19 a donné lieu à des pertes d’emploi et à des reports de prêts hypothécaires. Cette année n’a pas vu les reprises de finance apparaitre dans les statistiques», a rappelé Mme Archambault. Nous connaissons donc encore pour quelque temps un marché de vendeur. Cependant, lorsque les reprises de finances impacteront les statistiques et si par conséquent, il y a plus de propriétés sur le marché, on risque de voir le marché se transformer en un contexte favorisant l’acheteur, estiment Mme Archambault et M. Drouin. Pour M. Taschereau, le marché immobilier du secteur va continuer à être dynamique. «À partir du printemps, et ce, jusqu’à l’automne, ce sont les chalets qui sont les plus recher- chés par les acheteurs. De janvier jusqu’au début du printemps, ce sont plutôt les ventes de résidences principales qui sont recher- chées», a expliqué M. Taschereau. Selon le courtier de Remax, il faut quand même s’attendre à ce que le marché ralentisse autour de Noël. À partir de la mi-janvier, l’activité reprendra.

municipalité de Gore, les ventes de pro- priétés résidentielles ont augmenté de 153% au troisième trimestre de 2020. Les inscriptions ont diminué de 30% au cours de la même période. Des acheteurs incités par de multiples raisons «Les gens viennent des centres urbains parce qu’ils veulent aller en région. Ils cherchent à sortir des zones urbaines de plus en plus depuis l’avènement de la COVID-19», a expliqué M. Drouin. Et les acheteurs sont prêts à investir de gros sous. «Cette année c’est du jamais vu. On commence à voir de plus en plus de propriétés dépasser le million de dollars dans leur prix de vente conclue.» Le public urbain est prêt à payer pour avoir accès à la qualité de vie du secteur. Le seul perdant en cette période de pandémie est le local de vente au détail conventionnel. Ce type de commerce a de la difficulté à survivre en temps de pandémie et donc, les ventes en souffrent, selon l’agent immobilier. Tous les courtiers immobiliers rencontrés abondent dans le même sens. Si la popula- tion de Montréal cherchait souvent à s’établir à Mirabel, Saint-Colomban et Saint-Canut, plusieurs facteurs poussent les acheteurs à opter pour Argenteuil maintenant. Selon eux, l’annonce de la sécurisation de l’autoroute 50 avec quatre voies y serait pour quelque chose. Les particuliers savent qu’ils auront accès à ce bassin de maisons à prix rai- sonnable que l’on trouve dans la MRC. La station de train située à Mirabel, favorisant le transport en commun pour les personnes qui travaillent plus au sud vers Montréal ou Laval ou au nord vers Saint-Jérôme. Et l’annonce de la conclusion des travaux de l’autoroute 13, qui viendra enfin rejoindre la 50, a été bien reçue. Cette infrastructure de plus aide à la mobilité dans le secteur. Construction Le boum immobilier a également un impact sur la construction. Selon les don- nées de la Ville de Lachute, 57 permis de construction résidentiels ont été délivrés l’an dernier. Quelque 91 logements ont été construits. Cette année, 69 permis de construction ont déjà été délivrés pour une production de 157 logements. C’est sans compter qu’on s’attend encore à délivrer

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online