FNH N° 1023

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ECONOMIE

JEUDI 20 MAI 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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«L’innovation jouera un rôle déterminant pour la reprise économique» Start-up

◆ Le Maroc se situe en 8 ème position en termes de fonds levés par les start-up en 2020 avec 11 millions de dollars. ◆ Il faut que les grandes entreprises et les institutions publiques s’ouvrent à des parte- nariats avec des start-up pour aborder la reprise avec une compétitivité renforcée. ◆ Entretien avec Salma Kabbaj, co-fondatrice d’Impact Lab.

des changements dans les comportements des consommateurs. A titre d’exemple, le nombre de transactions réalisées par cartes bancaires au Maroc a augmenté de 43% en 2020. Dans ce contexte, il est devenu encore plus nécessaire pour les entreprises de revoir leurs organisations et leur processus internes pour être plus agiles, plus à l’écoute de l’évolution de leurs parties prenantes clés, qu’elles soient internes ou externes. C’est là que les méthodologies de l’innova- tion, comme le Design Thinking, prennent tout leur sens, car elles encouragent une démarche de conception de solution centrée sur l’utilisateur, et un développement itératif en test terrain permanent. Ces méthodolo- gies permettent non seulement de maximi- ser les chances d’adoption des solutions développées, mais aussi d’optimiser les ressources allouées aux projets à travers des décisions rapides de go ou no go. Certaines multinationales telles qu’Apple ou Marriott ont ancré les méthodologies d’inno- vation dans leurs organisations. D’après une étude du Design Management Institute, ces entreprises ont démontré historiquement une surperformance boursière de plus de 200% par rapport à la moyenne du S&P 500 aux Etats-Unis. F.N.H. : Étant des acteurs du tissu économique, comment les start- up peuvent-elles contribuer à la reprise ? S. K. : Dans le contexte actuel, les start-up sont plus que jamais des partenaires clés pour les grandes entreprises. Elles ont l’agi- lité qui leur permet d’évoluer rapidement

Propos recueillis par B. Chaou

Finances News Hebdo : Par quoi s’est matérialisé l’impact de la crise de la Covid-19 sur les start-up maro- caines ? Salma Kabbaj : L’écosystème start-up a effectivement subi de plein fouet la crise de la Covid-19, qui a amplifié les difficultés habituelles d’accès au marché. En effet, dans un contexte d’incertitude, beaucoup d’entreprises ont mis en stand-by leurs programmes d’innovation et ont adopté une posture plus frileuse par rapport à la mise en place de nouveaux partenariats, en particulier avec les start-up. S’est ajouté à cela un allongement des délais de paiement, amenant près de 70% des start-up à faire face à des difficultés de trésorerie majeures en 2020. Mais cette crise a également accéléré cer- tains changements de comportements, comme l’augmentation des achats sur Internet ou l’accélération de la digitalisa- tion des entreprises, qui ont offert de nou- velles opportunités de développement aux start-up. Certaines start-up marocaines ont même eu un rôle clé pour assurer la conti- nuité des activités pendant la période de confinement, que ce soit dans la santé, l’éducation ou la logistique. F.N.H. : A l’aune de la crise actuelle, comment l’innovation peut-elle être un moyen de relance économique ? S. K. : Le contexte dans lequel nous vivons depuis plus d’un an est caractérisé par des niveaux d’incertitudes inégalés liés au contexte sanitaire, ainsi qu’à l’accélération

dans un contexte en changement perma- nent. Elles sont proches de la réalité de leurs utilisateurs et savent s’y adapter facilement. Elles maîtrisent les nouvelles technologies et savent capitaliser sur la data pour adres- ser des enjeux opérationnels clés. Les start-up marocaines ont d’ailleurs bril- lamment démontré leur impact potentiel tout au long de cette dernière année en déployant des solutions innovantes per- mettant par exemple aux entreprises de continuer à opérer à distance, aux indivi- dus d’accéder à des services de santé ou d’éducation à distance, ou aux autorités locales d’assurer le respect des règles de confinement. Il faut maintenant que les grandes entre- prises et les institutions publiques s’ouvrent activement à ces partenariats qui leur per- mettront d’aborder la reprise avec une com- pétitivité renforcée. F.N.H. : Quel rôle les start-up doivent- elles jouer dans la recherche et l’in- novation ? Comment les encourager dans ce sens ? S. K. : Les start-up sont un maillon clé entre le monde de la recherche et le marché. Ce sont elles qui permettent de transfor- mer des inventions en innovations, c’est-à- dire en produits ou services innovants qui adressent un besoin réel et pour lesquels

70% des start-up ont fait face à des difficultés de trésorerie majeures en 2020.

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