FNH N° 1023

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ECONOMIE

JEUDI 20 MAI 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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des clients sont prêts à payer. Aujourd’hui, il existe au Maroc très peu de ponts entre les acteurs de la recherche et l’écosystème start-up. Or, les synergies sont importantes de part et d’autre. D’un côté, les chercheurs pourraient assurer un débouché commercial à leurs travaux à travers des collaborations avec les start-up. De l’autre côté, les start-up pourraient béné-

ficier des expertises et infrastructures des centres de recherche pour renfor- cer la compétitivité de leurs solutions. De manière générale, il est essentiel de créer des espaces d’échange et d’encourager la collaboration entre universités, centres de recherche, start-up, grandes entreprises, institu- tions publiques, etc. Cela peut pas- ser par des mécanismes tels que les

Les start-up maro- caines ont brillam- ment démontré leur impact tout au long de cette dernière année en déployant des solutions inno- vantes.

stratégie start-up volontariste et ambitieuse qui reflète le positionnement économique de notre pays sur le continent. Les initiatives mises en place historiquement au Maroc se sont focalisées principalement sur la mise à disposition de financement pour les start-up. Mais le décollage de l’éco- système start-up marocain ne se fera qu’en déverrouillant en parallèle les différents fac- teurs clés, du cadre réglementaire agile à la disponibilité de financement, en passant par un accès facilité au marché et un écosys- tème d’accompagnement renforcé. Les acteurs de l’accompagnement jouent un rôle fondamental pour accélérer la mon- tée en puissance de l’écosystème start- up marocain. Selon une étude conduite par BCG aux Etats-Unis, l’accompagne- ment augmente les chances de survie d’une start-up de 50%. C’est ce qui explique que la France ait injecté 200 millions de dollars au niveau des incubateurs et accélérateurs pour permettre au pays de se positionner sur la scène start-up internationale. Depuis maintenant 2 ans, les acteurs marocains de l’accompagnement de start-up se sont regroupés dans le cadre d’une Fédération dédiée, MSEC, qui œuvre activement pour renforcer le positionnement de l’écosystème start-up marocain à l’échelle continentale. F.N.H. : Comment, au niveau d’Im- pact Lab, accompagnez-vous les start-up ? Et qui sont vos parte- naires ? S. K. : Nous avons accompagné jusqu’à présent plus de 170 start-up, basées au Maroc, mais aussi dans 17 autres pays afri- cains. Nous offrons aux start-up un accom- pagnement opérationnel pour accélérer leur mise sur le marché et leur croissance. Nos programmes reposent fortement sur du coa-

ching personnalisé, délivré par des experts internes d’Impact Lab avec plus de 17 ans d’expérience professionnelle chacun. Nous donnons également accès à des forma- tions aux méthodologies de l’innovation, à des réseaux d’experts et à un espace de co-working gratuit situé en plein cœur de Casablanca. Impact Lab est labellisé par la Caisse centrale de garantie dans le cadre du programme Innov Invest, ce qui nous permet d’octroyer aux start-up des finance- ments allant jusqu’à 700.000 DH par projet. En parallèle, nous accompagnons les entre- prises et les institutions publiques, telles qu’inwi, l’OCP ou Coca-Cola, dans l’accé- lération de leurs dynamiques de transfor- mation interne ou de leurs collaborations avec des start-up. A travers ces activités, nous facilitons à nos start-up l’accès à des donneurs d’ordre potentiels et à sécuriser la croissance de leur chiffre d’affaires. F.N.H. : Quels sont les secteurs dans lesquels vous êtes le plus présents ? Pourquoi ces secteurs-là ? S. K. : Même si nous n’affichons pas pour l’instant de spécialisation sectorielle, nos différents programmes nous ont permis de développer une expérience forte et des réseaux de start-up à haut potentiel dans quelques secteurs clés, notamment la fin- tech, l’agritech, la mobilité et l’inclusion. Ces secteurs partagent un point commun : ils offrent des opportunités majeures d’im- pact social ou environnemental à l’échelle africaine, qui s’inscrivent dans la vision d’Impact Lab d’accompagner la transforma- tion des modèles socioéconomiques exis- tants. Ce sont également des secteurs sur lesquels le Maroc dispose d’atouts qui lui permettraient de s’imposer en tant que hub d’innovation à l’échelle africaine. ◆

crédits d’impôts recherche permettant aux entreprises de déduire de leurs impôts les dépenses engagées dans des démarches collaboratives de recherche et développe- ment. F.N.H. : Pourquoi les start-up maro- caines ont-elles beaucoup de mal à se développer ? S. K. : L’écosystème marocain des start- up a connu une belle dynamique sur les cinq dernières années. Il suscite d’ailleurs un intérêt croissant, que ce soit de la part des institutions publiques, des organisa- tions internationales ou des entreprises. Cependant, les start-up marocaines font toujours face à des défis qui rendent l’émer- gence de success stories difficile. Ces défis incluent en premier lieu la difficulté d’accé- der aux marchés : décrocher un contrat pour une start-up au Maroc reste un proces- sus long et complexe, sans parler des délais de paiement qui suivent. On peut également citer d’autres défis, comme le manque de cadre réglementaire et fiscal adapté, le coût élevé des ressources humaines, la difficulté de lever du financement, etc. L’écosystème start-up marocain a d’ailleurs pris du retard, même par rapport aux autres écosystèmes africains. Le Maroc se situe ainsi en 8è me position en termes de fonds levés par les start-up en 2020, avec 11 mil- lions de dollars vs 269 millions de dollars pour l’Egypte par exemple. F.N.H. : Quels sont les moyens qui les aideraient à émerger davan- tage ? S. K. : Je pense qu’aujourd’hui, il est temps pour le Maroc d’exprimer une ambition claire de se positionner parmi les hubs d’innovation africains, et de se doter d’une

Les start-up ont l’agilité qui leur per- met d’évoluer rapidement dans un contexte en changement permanent.

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