FNH N°1009

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 4 FÉVRIER 2021

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Exportations

◆ Plusieurs données objectives montrent les limites des différentes stratégies nationales mises en place au cours des dernières années afin de doper les exportations marocaines. ◆ 5% des exportateurs réalisent les quatre-cinquièmes des exportations totales du Royaume (77%). ◆ Hassan Sentissi, président de l’Association marocaine des exportateurs, et Abdellatif Maâzouz, ancien ministre du Commerce extérieur et membre actif de l’Istiqlal, livrent leurs appréciations sur bon nombre de dysfonctionnements de nature à brider les exportations nationales. Regard croisé de deux cadors du commerce extérieur

ancien ministre du Commerce extérieur et membre actif du parti de l’Istiqlal, est formel. «L’un des moyens efficaces à court et moyen terme permettant de remédier au déficit commercial de notre pays est le développement des exportations. D’autant plus que, pour l’heure, il existe plusieurs importations incompressibles, relatives, entre autres, aux hydrocar- bures et aux biens d’équi- pements non fabriqués loca- lement». Au cours des der- nières décennies, force est de constater que les pouvoirs publics ont mis en place plu- sieurs stratégies ou politiques visant notamment le renfor- cement des parts de mar- ché des exportations maro- caines, la diversification de l’offre exportable ainsi que

l’accroissement du stock des entreprises exportatrices. Toujours est-il que l’on peut légitimement déduire du rap- port de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) intitulé «Maroc 2020- 2030, la décennie de la mon- tée en puissance», que les résultats des différentes stra- tégies mises en place afin de renforcer la puissance exportatrice du Maroc sont mitigés. Le rapport, qui sug- gère le rééquilibrage de la compétitivité commerciale du Royaume, met en évidence le nombre réduit et stagnant d’exportateurs que compte le Maroc (entre 5.000 et 6.000). Sachant qu’un pays comme le Portugal, peuplé de 10 millions d’habitants, dénombrent 25.000 expor- tateurs. Le même document mentionne aussi qu’1% des exportateurs marocains, soit une cinquantaine de sociétés, réalise plus de la moitié (55%) du total des exportations. 5% des exportateurs réa- lisent les quatre-cinquièmes des exportations totales du pays (77%). Interrogé sur ces chiffres qui interpellent, l’éco- nomiste et ancien ministre du Commerce extérieur, confie que «le plus grave est le nombre réduit d’acteurs à l’export en comparaison à celui des importateurs, 20 fois plus élevé» . Maâzouz fait également remarquer que la

diversité des produits impor- tés est plus importante que celle des articles marocains exportés. Hassan Sentissi, président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex), qui s’interroge sur la pertinence de la comparaison du stock des exportateurs marocains et portugais, concède tout de même que le Maroc ne pèse que 0,14% des expor- tations mondiales. Le pays ne vend ses produits qu’au tiers du monde. Il souligne dans le même temps la nécessité pour les exportateurs maro- cains d’investir le marché Halal qui pèse près de 2.800 milliards de dollars. Le document de l’IMIS sus- mentionné ne manque pas de pointer du doigt le fait que sur le plan géographique, les exportations nationales sont concentrées dans des pays européens comme la France et l’Espagne. Or, ces marchés «matures» ont vu le taux de croissance de leurs importations baisser depuis la crise de 2008. La même source rappelle également que le Maroc a réussi à se positionner sur des marchés plus dynamiques comme le Brésil, mais sa performance à l’export reste en deçà de son potentiel sur les marchés tels que la Chine et l’Inde. Sur ce point, l’avis de Maâzouz, qui regrette l’absence d’une

L Les raisons tan- gibles pour le Maroc de mettre en place des politiques publiques efficaces afin de booster de façon mar- quée les exportations natio- nales sont nombreuses. Le pays, résolument tourné vers la substitution d’une partie des importations par la pro- duction locale, est obligé de remédier au caractère struc- turel du déficit de sa balance commerciale. Les chiffres mis en relief dans le bud- get économique exploratoire 2021 montrent que le déficit commercial, qui a culminé, en 2019, à 18,2% du PIB, devrait se situer à 16,3% du PIB en 2020 et 16,9% du PIB en 2021. Abdellatif Maâzouz, Par M. Diao

L’un des moyens effi- caces à court et moyen terme pour remédier au déficit com- mercial de notre pays est le dévelop- pement des exportations.

Hassan Sentissi et Abdellatif Maâzouz émettent des réserves quant à la capacité des exportateurs marocains (hors secteur des phosphates) de s’imposer dans des marchés lointains (Inde, Brésil, Chine).

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