FNH N°1009

P OLITIQUE

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JEUDI 4 FÉVRIER 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Elections législatives 2021

◆ L’opposition estime qu’il n’y a aucune raison de les reporter et reste convaincue qu’elles auront lieu fin septembre prochain. ◆ La tentation sera grande pour le gouvernement de brandir les dividendes de la ges- tion de la Covid-19 à des fins électorales, mais il faudra aussi en assumer le passif. Faut-il les maintenir ?

pas ses 65 millions de doses comman- dées, il ne pourra pas respecter son calendrier de vaccination, c’est-à-dire trois mois comme initialement annoncé, pour tout boucler début mai. La seconde raison tient au coronavi- rus… et à ses nombreuses mutations qui ont contraint plusieurs pays, malgré des campagnes de vaccination de grande envergure, à se barricader de nouveau. C’est dire qu’il faudra que les vaccins actuels soient suffisamment efficaces pour permettre de neutraliser la pan- démie et, enfin, passer à autre chose. La crise sanitaire fausse la donne Que l’on ne s’y trompe pas ! Même si les yeux sont rivés actuellement sur la campagne de vaccination, les politiques ont en tête l’échéance qui s’approche. La décence veut, dans ce contexte où le Maroc compte ses malades et ses morts du coronavirus, qu’ils fassent profil bas pour le moment. Mais ils s’y préparent. Sauf que cette crise sanitaire peut consi- dérablement influencer les résultats des urnes si les élections sont effectivement maintenues cette année. Au profit de qui? C’est à voir. Rappelons-nous que si Donald Trump a perdu les élections présidentielles, c’est à cause de la gestion chaotique de la pandémie aux Etats-Unis. Alors, au Maroc, la tentation sera grande pour ceux qui sont au pouvoir de s’ap- proprier les dividendes de la gestion de cette crise sanitaire, notamment durant la période de confinement. Période où les mesures drastiques prises et la forte mobilisation des autorités et des citoyens ont permis de contenir l’épi- démie. Cette gestion sanitaire, saluée à l’époque même à l’international, s’est non seulement accompagnée d’un sou-

Par D. William

L es élections législatives 2021 se tiendront-elles comme pré- vu cette année ? La question mérite d’être posée, surtout dans ce contexte de crise sani- taire. Il est vrai que le démarrage de la campagne de vaccination et l’immu- nité collective attendue plaident, a priori, pour la tenue de ces législatives. A priori seulement. Car, avec le temps, le coronavirus a appris aux gouvernants de ce monde à ne pas trop s’aventurer dans les prévisions. Jusqu’à présent, il a déjoué tous les pronostics. Et si tant est que seul sera pris en compte le cri- tère sanitaire pour tenir ces élections, il faudra ainsi composer avec la situation épidémiologique au niveau national dans les prochains mois. En effet, toutes les décisions prises par les pouvoirs pu- blics jusque-là, qu’elles soient d’ordre économique ou qu’elles relèvent des restrictions des libertés individuelles, ont pour socle commun l’évolution de la situation sanitaire. Qu’en sera-t-il d’ici septembre prochain? Le Maroc aura-t-il réussi à suffisamment maîtriser l’épidémie ? Répondre en ce moment à ces interroga- tions serait pour le moins hasardeux, au moins pour deux raisons. La première a trait au déroulé de la campagne de vacci- nation, car atteindre l’immunité collective tant souhaitée par les autorités suppose que le Royaume puisse vacciner toute la population cible, à savoir 25 millions de personnes. Or, il faut jouer des coudes sur le marché international des vaccins pour recevoir les doses commandées, en raison d’une demande largement supé- rieure à l’offre. Et si le Maroc ne reçoit

tien économique conséquent aux diffé- rents secteurs touchés par la crise et à l’informel, mais aussi d’une forte réacti- vité d’une partie du tissu industriel, qui a su faire preuve d’agilité pour rapidement se convertir en producteurs de masques. Le pouvoir en place ne se priverait pas, aussi, de s’auto-congratuler si la cam- pagne de vaccination est menée à son terme dans les délais, avec la pers- pective d’une relance plus soutenue de l’économie. Tout cela ne semble pas inquiéter l’op- position, qui milite ardemment pour la tenue de ces élections et qui est convain- cue qu’elles auront bien lieu cette année. « Il n’y aura pas de report des élections législatives. La loi n’a prévu cette éven- tualité que dans deux cas de figure, à savoir une catastrophe naturelle majeure qui devrait empêcher les citoyens d’aller voter ou le prolongement du mandat des institutions à travers un référendum», explique Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socia- lisme (PPS). «Certains évoquent le retard pris dans

Pour Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du pro- grès et du socialisme, «il n’y aura pas de report des élections légi-slatives».

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