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ECONOMIE

JEUDI 9 ET VENDREDI 10 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Covid-19

◆ Sous l’effet de la crise, plusieurs voix s’élèvent pour demander l’annulation de cette fête. ◆ Certaines ONG estiment que les retrouvailles familiales et la forte mobilité pendant l’aïd sont un risque de propa- gation du coronavirus. Faut-il maintenir Aïd Al-Adha ? A ïd Al-Adha 2020 sera célébré vraisembla- blement fin juillet de cette année. Cette fête a une place très par- Par C. Jaidani Plusieurs organismes de finance- ment n’ont

pas jugé opportun de lancer une offre spéciale Aïd Al-Adha.

ticulière chez les citoyens, au point qu’on l’appelle Aïd El Kébir ou la grande fête. Au-delà de son aspect religieux, l’évènement est incontournable pour toutes les catégories socioprofessionnelles. Bien qu’il soit un précepte facul- tatif de l’islam, il est scrupuleuse- ment suivi. Mais cette année, Aïd Al-Adha est marqué par une conjoncture iné- dite et très particulière, au point que plusieurs foyers ne pour- ront faire le sacrifice du mouton faute de ressources suffisantes. En effet, la pandémie de la covid- 19 a mis à mal les finances des ménages, aux côtés d’autres évé- nements budgétivores comme les frais de scolarité. Face à cette situation qui a engendré une diminution du pouvoir d’achat des Marocains, plusieurs voix s’élèvent pour demander l’annulation de cette fête. Les auteurs de cette initia- tive évoquent la décision de Feu Hassan II qui, en sa qualité de Commandeur des croyants, avait annulé Aïd Al-Adha respective- ment en 1963, 1981 et 1996. En 1963, le conflit entre le Maroc et l’Algérie, communément appe- lé guerre des sables, avait causé une grave crise économique, et les deux autres années, il y avait la sécheresse. Pour défendre leur requête, ceux qui prônent l’annulation de l’Aïd évoquent une saison agricole catastrophique, avec une récolte attendue de 30 millions de quin-

taux seulement, d’où une diminu- tion de plus de 70% par rapport à une saison normale. Deux ministres se sont pronon- cés à ce sujet. D’abord, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agri- culture, en réponse à une ques- tion orale à la Chambre des représentants, a affirmé que les préparatifs vont bon train du côté des éleveurs et des autorités de tutelle. L’Office national de sécu- rité sanitaire des produits alimen- taires (ONSSA) a relevé que près de 5 millions de têtes ont été identifiées. Ensuite, Ahmed Taoufiq, ministre des Habous et des Affaires isla- miques, a assuré que «l’annula- tion de Aïd Al-Adha ne relève pas des prérogatives du gouverne- ment, mais du Roi en sa qualité de Commandeur des croyants» . Pas de réaction de la classe politique qui est aux abonnés absents. Excepté le Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste (PADS), formation d’ex- trême gauche non représentée

au Parlement, qui a demandé au Chef du gouvernement d’an- nuler cette année le sacrifice à cause de la crise de la Covid-19, les autres partis ne se sont pas prononcés, sensibilité du sujet oblige. Pour préserver leur populari- té en prévision des prochaines échéances électorales dans le monde rural et auprès de la classe conservatrice, les partis politiques pensent certainement au volet économique pour jus- tifier le maintien de la fête du sacrifice. «La conjoncture est très difficile pour les Marocains cette année. L’annulation de Aïd Al-Adha peut certes soulager plu- sieurs familles marocaines, mais elle sera un désastre pour les exploitants agricoles, dont 80% sont des éleveurs. Cette fête est l’unique occasion qui peut leur permettre de sauver la saison. Ce sont pas moins de 8 mil- liards de DH qui seront transférés vers le monde rural. Une bouf- fée d’oxygène en cette période

d’extrême sécheresse» , souligne Abdelfattah Ammar, président de la Chambre d’agriculture de la région de Casablanca-Settat. Pas de réaction aussi de la socié- té civile. Aucune association ou fédération ne s’est prononcée officiellement à ce sujet, bien que certains militants soient montés au créneau pour demander l’an- nulation, évoquant le volet sani- taire. «Aïd Al-Adha est une occasion pour les retrouvailles familiales qui sont ancrées dans la tradition familiale. L’achat et la distribution des moutons engendreront un fort mouvement de déplacement et de rassemblement de personnes. Les consignes de distanciation et de prévention sanitaires ne seront que très peu respectées, et le risque de l’envolée des contami- nations est fort probable» , sou- ligne Hanane Salih, membre de l’Association Talahoum, une ONG qui s’active dans la défense et la protection de l’enfance et la famille marocaine. ◆

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