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BOURSE & FINANCES

JEUDI 14 MAI 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Crédit à la consommation Les sociétés de financement dans l’incertitude

◆ Pour certaines sociétés de finance- ment, la baisse d’acti- vité est particulière- ment brutale. ◆ Craintes d'une montée en flèche des impayés. ◆ Flou autour du financement des inté- rêts intercalaires.

La production de nouveaux crédits est en chute libre depuis le début de la crise sani- taire.

Par A. Elkadiri

L e choc économique engendré par la crise sani- taire impacte durement les sociétés de crédit à la consommation. Alors qu’habituel- lement les sociétés de financement enregistrent des pics de volumes d’affaires durant cette période pro- pice aux achats (automobiles, élec- troménagers, vacances etc.), cette année l’activité a drastiquement chuté, arrêt d’activité et confine- ment obligent. «Les sociétés de crédit à la consommation sont très impactées de part l’importance des crédits automobiles, aux transports sco- laire et touristique et à la location courte durée, des secteurs très sinistrés et à l'arrêt pendant la crise» , témoigne un professionnel de la place contacté par Finances News Hebdo. Pour certaines sociétés de finance- ment, la baisse d’activité est par- ticulièrement brutale. «Nous avons subi une baisse de 80% de la production au mois d'avril, le mois de mars n’étant pas significatif»,

affirme notre source. Cette baisse de la production de nouveaux crédits s’accompagne d’une montée en flèche des impayés, causée par la dégradation de la solvabilité des ménages ainsi que des entreprises ayant subi une rupture de leurs cycles d’exploita- tion suite à la crise. «Des impayés sont déjà constatés pour ce mois de mai et nous nous attendons au pire les mois à venir avec une année 2020 presque morte», s’alarme notre interlocu- teur. Tout ceci augure d’une année noire pour ce secteur vital pour le finan- cement de la consommation des ménages. Les sociétés de finance- ment qui subissent de plein fouet la crise sanitaire sont plus que jamais dans l’expectative. « Après la crise nous aurons un plan de relance qui sera basé sur une concurrence acharnée au niveau des taux et une incertitude sur les

capacité de remboursement des clients. La prudence sera de mise», conclut un professionnel.

déclarés», précise un professionnel du secteur. Pour justement lever cette confu- sion, le CVE a décidé, vendredi dernier, que les frais interca- laires générés par le report des échéances des crédits consomma- tion (et logement) pour la période s’étalant entre mars à juin 2020, seront pris en charge par l’Etat et les banques. Cette mesure est valable pour les personnes ayant des échéances mensuelles de cré- dit allant jusqu’à 1500 DH pour les crédits consommation. Mais là aussi, à en croire un pro- fessionnel du secteur ,cette dis- position complique plus la situation qu’elle ne la résout, et le flou règne quant à son application. «Aucun détail sur la manière de récupérer les intérêts intercalaires de l'Etat n’a été communiqué. Nous consi- dérons aujourd'hui cette décision comme une perte dans le produit comptabilisé. En d’autres termes

nous allons subir des pertes» , explique notre source. Et d’ajouter: «Le GPBM fait partie du CVE et la plupart des sociétés de finance- ment sont des filiales des banques. Il pourrait y avoir une récupération par un autre moyen que nous igno- rons pour le moment». Les professionnels du secteur ont eu droit à quelques clarifications le week-end dernier concernant les personnes éligibles à la prise en charge par l’Etat des intérêts inter- calaires. Ainsi sont concernées les personnes affiliées au Ramed et à la CNSS qui justifient d’une baisse de revenus liée à la crise sanitaire. Les retraités et les fonctionnaires ne sont pas concernés. Les MRE sont quant à eux éligibles pour une période 4 mois sans avoir à justifier la perte de revenu. En revanche, aucune explication n’a encore été donnée sur le méca- nisme de récupération des intérêts intercalaires. ◆

Intérêts intercalaires : le flou règne

Le Comité de veille économique a certes pris des mesures pour sou- lager les particuliers impactés par la crise en leur donnant la possibilité de reporter les échéances de leurs crédits à la consommation. Mais selon certains professionnels, cette décision n’a fait que semer le trouble. «Une confusion a été créée depuis le premier commu- niqué du CVE concernant le report des échéances. Il n'y'a pas eu de décision claire sur les frais et les pénalités. Suite à cela les sociétés de financement ont communiqué avec leurs clients à travers des formulaires et des messages SMS en distinguant deux catégories : ceux déclarés à la CNSS et les non

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