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ECONOMIE

JEUDI 14 MAI 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Soutien aux particuliers et entreprises

◆ L’Etat dépense sans compter, multipliant les mesures de soutien aux particuliers et entreprises. ◆ La dernière mesure prise par le Comité de veille économique est jugée «injuste». ◆ La sauvegarde des emplois reste une priorité. La générosité de l’Etat empêchera-t-elle le chômage d’exploser ?

Par D. William

Ces largesses de l’Etat sont légitimées par le fait que les TPME sont actuellement dans le dur.

D ans sa volonté de maintenir l’économie nationale à flots, l’Etat marocain s’est mon- tré particulièrement généreux depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Il multiplie les initiatives en faveur non seu- lement des particuliers, mais également des entreprises, sur- tout les TPME, des structures réputées assez fragiles et qui le sont devenues encore davan- tage avec cette crise. C’est pour sauver le Maroc d’un naufrage économique certain que l’Etat, à travers le Comité de veille économique (CVE), dépense sans compter pour soutenir et accompagner ces petites entités qui constituent 95% du tissu productif national, mais également pour venir en aide aux salariés. Les dernières mesures prises ont été annoncées le 8 mai cou- rant. Ainsi, pour les particuliers dont les revenus ont baissé du fait de l’état d’urgence sanitaire décrété, il a été décidé que l’Etat et le secteur bancaire prendront en charge l’intégralité des inté- rêts intercalaires, générés par le report des échéances des cré- dits logement et consommation pour la période s’étalant entre mars à juin 2020. «Cette mesure est valable pour les personnes ayant des échéances mensuelles de crédit allant jusqu’à 3.000 DH pour les crédits logement et 1.500 DH pour les crédits consomma- tion, y compris ceux contractés

auprès des sociétés de finance- ment», fait savoir le CVE. Si cette mesure permet de don- ner une bouffée d’oxygène aux personnes éligibles, elle est jugée néanmoins discriminatoire par certains observateurs. Le professeur universitaire et président du Directoire du Centre indépendant des ana- lyses stratégiques, Driss Effina, ne dit pas autre chose. Selon lui, il y a «une injustice à ce niveau, car on ne peut pas être sélectif en limitant le plafond des crédits, qu’ils soient immo- biliers ou à la consommation». «C’est l’Etat qui a décidé le confinement et l’arrêt des acti- vités et c’est à lui d’en assumer les conséquences» , estime-t-il, précisant que d’autres pays ont pris en charge totalement les intérêts intercalaires. A peu près même son de cloche

pour Youssef Oubouali, profes- seur de droit fiscal et de gestion, qui déplore que «dans sa com- munication, le gouvernement a dès le départ manqué de trans- parence et de précision, créant dès lors des interprétations dif- férentes chez les banques et les organismes de financement». «Il a été décidé que tous les intérêts intercalaires doivent être supportés par l’Etat et les banques. Par la suite, de nou- velles projections ont fixé les conditions pour bénéficier de ces mesures, et ce afin de sou- lager le fonds dédié à lutter contre la pandémie. Les simu- lations ont en effet abouti à un grand montant, ce qui devrait entraîner une forte pression sur le fonds, alors qu’il existe d’autres dépenses très priori- taires», fait-il savoir. Rappelons, à ce titre, qu’environ

400.000 personnes devraient bénéficier du report des échéances de crédits. Urgence pour les TMPE La seconde mesure prise par le CVE concerne la mise en place d’un nouveau dispositif cou- vrant l’ensemble des segments des entreprises composant le tissu national. Ainsi, Damane Oxygène sera revu et assou- pli, avec une amélioration des conditions d’accès au finance- ment pour le redémarrage, en faveur des TPE, PME et des entreprises de taille intermé- diaire (ETI). Il sera prorogé jusqu’au 31 décembre 2020 et aucune sûre- té ne sera désormais exigée. De plus, les entreprises réalisant un chiffre d’affaires de plus de 500 MDH seront intégrées dans un dispositif approprié pour le

financement de la relance. Ces largesses de l’Etat sont légitimées par le fait que ces entreprises sont actuellement dans le dur. Les résultats pré- liminaires d'une enquête de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) intitulée «Quels sont les impacts de la pandémie Covid-19 sur votre entreprise ?» , rendus Pour Effina, les membres du Comité de veille privilégient la logique comptable et budgétaire et non économique.

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