FNH N° 1058

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 17 MARS 2022

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Bank Al-Maghrib

◆ Après la pandémie, la guerre en Ukraine vient nourrir l’inflation et plomber la croissance. ◆ Les pressions internes et externes vont dicter le cap monétaire de Bank Al-Maghrib en 2022. Quelle réponse monétaire dans ce contexte tendu ?

Pour AGR, le facteur qui pourrait justifier une éventuelle hausse

Au niveau de la croissance, les progrès enregistrés en matière de vaccination, le maintien des stimulus budgétaire et moné- taire qui ont permis un rebond de 7,2% du PIB en 2021, ne sont plus de soutien à la reprise. Là aussi, BAM, qui tablait en décembre sur une consolida- tion du PIB à 2,9% en 2022 et à 3,4% en 2023, va sans doute revoir à la baisse ses projec- tions. Certains analystes n’ont pas tardé à le faire. Ceux de BMCE Capital Global Research ont baissé leurs prévisions de croissance en 2022 de 2,9% à 1,8%. Quoi qu’il en soit, l’inflation, la sécheresse et la guerre en Ukraine seront au cœur des décisions monétaires en 2022. Le flegme de Abdellatif Jouahri sera de nouveau mis à l'épreuve. Préférera-t-il tempérer en conti- nuant à offrir un stimulus moné- taire à la relance ? Ou choisi- ra-t-il de resserrer la vis sous peine d’étouffer un rebond éco- nomique fragile après deux ans de pleine pandémie ? Verdict le 22 mars prochain. ◆

du taux directeur de BAM concernerait une hausse non maîtrisable du niveau d’inflation. Le Maroc est certes encore loin de cette configuration, mais n’est pas épargné d’un risque de dérapage inflationniste.

L’inflation, la séche- resse et la guerre en Ukraine seront au cœur des déci- sions monétaires en 2022.

Rappelons qu’avant les pre- mières bombes, l’espoir de BAM était que le choc de l’inflation finisse par se dissiper de lui- même d’ici la fin de l’année, lorsque les prix de l’énergie se seront stabilisés. «Malgré ce net accroissement de sa compo- sante fondamentale (inflation sous-jacente : ndlr), l’inflation devrait rester à des niveaux contenus, passant en moyenne de 0,7% en 2020 à 1,4% en 2021, à 2,1% en 2022, puis recu- ler à 1,4% en 2023», déclarait la banque en décembre. Or, le contexte national et interna- tional évolue rapidement et la hausse des prix, dont le poten- tiel demeure imprévisible, a été exacerbée par le déclenchement de la guerre Russie/Ukraine.

tionaux sur l'inflation intérieure, afin de calibrer les réponses appropriées» . Car si les effets de la crise à court terme sont inflationnistes, sur la croissance ils sont plus difficiles à cerner. Pour définir son cap monétaire mardi prochain, BankAl-Maghrib dispose de nouvelles données macroéconomiques, notam- ment une inflation de 3,1% en janvier ainsi qu’un calcul des premiers effets (les plus prévi- sibles) du conflit russo-ukrainien sur la croissance. À ce jour, les observateurs ne s'attendent pas à ce que la banque opte pour un durcissement monétaire. «Selon nous, Bank Al-Maghrib pourrait garder inchangée sa politique monétaire accommodante à tra- vers un taux directeur stable à 1,5% en 2022. En effet, des poli- tiques budgétaire et monétaire volontaristes demeurent tou- jours cruciales pour soutenir une croissance solide de l’économie marocaine, surtout durant une année agricole marquée par la sécheresse», écrivaient les économistes de Attijari Global Research (AGR) au début du mois.

I l y a des Conseils de Bank Al-Maghrib que l'on attend plus que d'autres. C'est particulièrement le cas pour ce premier de l’année 2022 qui démarre sens dessus dessous. En effet, à peine l’éco- nomie nationale a -t-elle sorti la tête de l’eau -soutenue entre autres par une politique moné- taire accommandante-, que deux «personæ non gratæ» , sécheresse et inflation, viennent assombrir les perspectives éco- nomiques et chahuter la reprise. Poursuivre une politique accom- modante ou refermer le robinet au risque de casser la crois- sance, c’est à ce dilemme éco- nomique imposé par la conjonc- ture que fait face la Banque centrale pour orienter sa straté- gie monétaire en 2022. Le conflit en Ukraine qui, lui, fait planer un sérieux risque de stagflation, rend la tâche encore plus com- pliquée à l'institution. D’ailleurs, le FMI a recommandé aux auto- rités monétaires de «surveiller attentivement la répercussion de la hausse des prix interna- Par Y. Seddik

Avant les premières bombes, l’espoir de BAM était que le choc de l’inflation finisse par se dissiper d’ici à la fin de l’année.

Deux sources de risque peuvent pousser le niveau d’infla- tion à plus de 3% durant la seconde moitié de l’année 2022. Il s’agit, selon AGR, d’un dérapage important des prix de la composante alimentaire, dont le poids est prépondérant dans le panier du consommateur marocain. Déjà en jan- vier 2022, cette composante a connu une forte accélération de 4,3% en glissement annuel. Ou encore de la poursuite de l’envolée des prix des produits énergétiques : les nou- velles projections à l’international anticipent en moyenne unbaril à 100$. JPMorgan table sur unbaril à 185 $ d'ici à la fin de l'année. D'autres n'hésitent pas à parier sur un brent à 200 $. D’où peut provenir le choc inflationniste en 2022 ?

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