35
CULTURE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 3 NOVEMBRE 2022
www.fnh.ma
Des fans racontent Le rap est la musique la plus écoutée
L e rap est la musique la plus écoutée, mais ce n'est pas la plus diffusée à la radio et à la télévision. « Les médias grand public, comme tant d'autres personnes, ont toujours méprisé ce style; alors les rappeurs ont vite compris qu'ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes ». Et ils ont utilisé les réseaux sociaux pour exposer leur musique. « C’est grâce à ça que le rap a explosé au Maroc il y a 3-4 ans ». ◆
Vecteur d’une certaine façon de parler C ette langue naît sur un mode ludique au sein d’un groupe, dans la rue, dans les quartiers défavo- risés. Puis les mots bougent. Certains restent confidentiels, tandis que d'autres deviennent populaires. Lorsque les rap- peurs les utilisent, ils sont partagés plus largement sur les réseaux sociaux. Le rap nous permet de repérer l’émergence d’un mot. Les rappeurs inventent ou popularisent des mots déjà existants, en les faisant résonner autrement, en créant des rimes, en les mettant en écho avec d’autres. Le pouvoir du rap est de transmettre, de façon massive, des mots qui évoluent et deviennent poétiques. En ce sens, c'est un lieu de création littéraire. ◆ Poètes de la rue O n y trouve des textes d'une grande richesse littéraire. Le rap uti- lise un vocabulaire lié à la rime, au rythme et à la sonorité. Aussi des figures de style comme les métaphores, les oxymores, les néologismes... ◆ Une musique qui représente bien les préoccupations des jeunes L e rap est une musique qui ne vieillit jamais, car elle est toujours à la recherche de quelque chose de nouveau : nouvel argot, nouvelles façons de parler... ça change toujours ! C’est une musique qui représente bien les préoccupations des jeunes. « Les rappeurs sont jeunes, donc ils parlent la même langue et parlent de leurs centres d'intérêt et de leurs excursions ». ◆
ElGrande Toto devant plus de 20.000 specta- teurs, lors du festival L'Boulevard. En revanche, 60.000 festivaliers n’ont pas pu y accéder.
«Ecouter du rap ne fait pas de moi un bandit» M ais d'autres morceaux n'ont rien à voir avec le quotidien d'un adolescent. « De nombreux enfants entendent des chansons qui parlent de fumer des joints et d'aller dans des clubs... ce n'est pas leur vie, mais cela les fascine ». Les jeunes aiment souvent jouer à se faire peur et aux gangsters. Ils essaient de se différencier de leurs parents, si la musique ne leur plaît pas c’est encore mieux ! Et, écouter du rap ne fait pas de moi un bandit. « C’est comme au cinéma, dans The joker par exemple, beaucoup de gens préfèrent Arthur Fleck ». ◆ L es parents préfèrent rester dans la norme. Pourtant, le rap a un rapport transgressif au langage. Celui véhiculé prend des formes marquées par la contestation, la violence, la drogue, le sexisme, avec une forme d’outrance. Ces clichés font partie de l'identité du rap. Les parents feraient mieux de l’écouter et de se former pour créer le dialogue avec leurs enfants plutôt que de l’interdire. Identifiez le bon et le mauvais rap. Cela peut aussi permettre d’aborder des sujets tabous auxquels sont confrontés les jeunes, tels que la violence et la pornographie. L'adolescence est un moment d’émancipation qu’il vaut mieux accompagner. ◆ Le rap a un rapport transgressif au langage L e rap est désormais à la recherche du succès, alors que pendant longtemps il a été détesté. « Le rap devient plus pop ». Notre façon de rap a changé. Les artistes chantent davantage, recherchent des mélodies, des refrains efficaces… Le rap a aussi un aspect dansant qui n'existait pas auparavant. Les tubes comme ceux d’ElGrande Toto sont beaucoup plus accessibles, notamment pour les plus jeunes. « Le rap s’est popularisé et il y a de très bons artistes parmi les rappeurs ». ◆ Le rap devient plus pop Le rap oscille entre plusieurs niveaux de langue L e rap est devenu un genre artistique. Il oscille entre plusieurs niveaux de langue : familier, gros- sier, courant ou soutenu. Mais, comme il existe une littérature ou un cinéma médiocre, il y a aussi un rap médiocre et mauvais, mal écrit, pauvre lexicalement. Le point commun est une remise en cause de l’ordre établi, social, familial, la transgression par rapport à l’ordre parental. Comme l’était le rock à ses balbutiements. Le rap n'est plus aussi controversé qu'il l'était dans les années 2000, mais il dérange toujours les parents. ◆
Made with FlippingBook flipbook maker