E CONOMIE
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JEUDI 10 FÉVRIER 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Croissance
◆ La sécheresse et le redémarrage laborieux de l’écosystème touristique concourent à la révision à la baisse du taux de croissance prévu en 2022 par l’Exécutif. 2022, une année déjà compromise ? L a situation pluvio- métrique actuelle suscite beaucoup d’inquiétude chez bon nombre d’éco- Par M. Diao
nomistes et de citoyens, conscients du caractère cru- cial de la variable agricole pour la dynamique économique au Maroc. Rappelons que la Loi de Finances 2022, qui se base sur plusieurs hypothèses, dont une récolte céréalière de 80 millions de quintaux, pré- voit un taux de croissance de 3,2% du PIB. Pour leur part, Bank Al-Maghrib et le haut- commissariat au Plan (HCP) sont moins optimistes au sujet de l’activité économique pour l’année en cours. Les deux entités tablent sur un taux de croissance de 2,9% du PIB. BAM s’est basée, entre autres, sur l’hypothèse d’une produc- tion céréalière moyenne de 75 millions de quintaux et projette le repli de la valeur ajoutée du secteur agricole de l’ordre de 2,8%. Dans le budget économique prévisionnel 2022, le HCP ren- seigne que le secteur primaire devrait afficher une valeur ajoutée en baisse de 1,6% en 2022 par rapport à une hausse de 17,9% l’année précédente. Les chiffres passés en revue traduisent un trend baissier de la valeur ajoutée du sec- teur primaire. Interrogé sur les conséquences de l’absence de pluie sur la campagne agri- cole et la croissance écono- mique en 2022, Mehdi Lahlou,
Le bassin hydraulique du Tensift (Marrakech) a enregistré son pire mois de janvier depuis près de 80 ans, avec 11 mil- lions de m 3 .
Mehdi Lahlou, économiste et professeur
Najib Akesbi, économiste et professeur.
professeur de l’enseignement supérieur et économiste, apporte une réponse qui inter- pelle. «Pour l’axe Casablanca- Marrakech, nous pouvons par- ler de sécheresse. Si l’absence de pluie perdure, le Maroc risque d’enregistrer l’une de ses pires sécheresses» , alerte l’économiste, reconnu égale- ment pour sa grande expertise sur les questions hydriques. « Je n’ai jamais vu au Maroc un mois de janvier sans pluie», poursuit-il. Notons que le bassin hydraulique du Tensift (Marrakech) a enregistré son pire mois de janvier depuis près de 80 ans, avec 11 mil- lions de m 3 . Le niveau de production céréalière remis en cause Le déficit pluviométrique enregistré pousse visiblement Mehdi Lahlou à remettre en
cause les perspectives de la production céréalière, située par l’Exécutif autour de 80 mil- lions de quintaux pour 2022. «L’arrivée des pluies dans les jours à venir permettra au mieux d’arriver entre 40 et 50 millions de quintaux. Si le manque de pluie se pour- suit jusqu’à fin février, il fau- dra s’attendre à une récolte céréalière qui tournera autour de 30 millions de quintaux» , prédit l’économiste. Najib Akesbi, professeur de l’enseignement supérieur et économiste, abonde dans le même sens. «A valeur d’au- jourd’hui, tous les indicateurs sont mauvais. Au regard de la situation pluviométrique qui a prévalu jusque-là, il est clair que toutes les superficies dédiées à la production céréa- lière n’ont pas été emblavées. Ce qui aura, de facto, des
conséquences sur la récolte céréalière», soutient le profes- seur. Et de confier : «J’espère que les pluies seront abon- dantes dans les prochains jours, ce qui permettra de sauver quelques superficies, mais surtout un tant soit peu l’élevage qui représente tout de même entre 30 et 45% de la valeur ajoutée agricole en fonction des années» . Au sujet des projections de l’Exécutif concernant la récolte céréalière pour l’année en cours, l’avis de Najib Akesbi ne diffère pas fondamentale- ment de celui de son confrère Mehdi Lahlou. «Au regard de la situation actuelle et d’élé- ments factuels, je m’attends à une production céréalière oscillant entre 30 et 50 millions de quintaux» , prédit-il. Akesbi, qui n’écarte pas le fait que le secteur agricole
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